Critique « Captain America Civil War » de Joe et Anthony Russo

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Propulsés sur le devant de la scène après avoir pondu l’un des meilleurs opus du Marvel Cinematic Universe (Captain America : Le Soldat de l’Hiver), les frères Russo se sont vite vus confier par la Maison à idée de Stan Lee, une très lourde tâche : l’adaptation du comic Civil War, pierre angulaire des aventures de Captain America et accessoirement réunion belliqueuse convoquant la quasi-totalité du catalogue Marvel. Un devoir dont s’est brillamment acquitté le tandem de réalisateurs, sachant rendre au biais d’une intrigue au rythme montant crescendo, toute la complexité mais aussi le fun de l’affrontement entre le Cap et l’irrévérencieux Iron Man. 

C’est peu dire que Captain America Civil War était attendu. Passé un Avengers : L’Ère d’Ultron entaché par un montage aux innombrables scories et un Ant-Man dont le relatif succès aura nuit à l’essor de la firme, que Marvel se trouvait déjà dos au mur et stoppé net dans son élan. Plutôt que de laisser son éternel concurrent DC Comics prendre les devants et initier son multiverse sombre & sérieux (Batman vs Superman et bientôt la Justice League), la clique à Stan Lee aura fait contre mauvaise fortune bon coeur, en rameutant sans vraiment le faire, toute son équipe des Vengeurs, dans un film paradoxalement consacré à leur figure de proue : Captain America. Devant affronter la vindicte populaire apeurée par les destructions en chaîne de New-York (Avengers), Washington (Captain America : Le Soldat de l’Hiver) et la Sokovie (Avengers 2) le Cap est contraint de se mettre hors-la loi sitôt qu’il refuse de devoir soumettre ses actions à contrôles. Face à lui, Iron Man, pourtant peu enclin à tolérer les ordres, décide contre toute attente de changer de bord et d’accepter de voir ses actions régulées par le gouvernement. Il n’en fallait pas moins pour que l’amitié durement gagnée entre les deux vole en éclats et laisse éclater une véritable guerre civile au sein de leurs rangs.

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La guerre est déclarée

Arc majeur des comics consacrés au Cap, en plus d’être une arlésienne dans le milieu super-héroïque (l’affrontement titanesque et la pluralité de personnages constituant un frein légitime à son lancement), on était quelque peu dubitatifs devant l’ambition somme toute démesurée de Marvel que de vouloir adapter cet épisode aux airs de fiche de route d’une Phase 3 enfin axée sur les héros les plus exotiques de son catalogue (Black Panther, Doctor Strange). Et en un sens, on ne s’est pas trompé. Grand adepte du formatage et de la bonhomie, la firme, ici représentée par les frères Russo, parvient à surprendre et ce d’entrée de jeu. Mais pas dans le bon sens du terme malheureusement. Si l’on sait gré aux deux frères de déployer une première partie riche en émotions et témoignant d’une réelle volonté de profondeur, on ne peut que rester circonspect que cet effort, somme toute louable, s’accompagne d’un ton blagueur, certes en raccord avec les poncifs marveliens, mais ne rendant jamais compte de l’aspect ô combien belliqueux revendiqué par le titre. Alors certes, l’on pourra arguer non sans malice que la maison à idées est l’exact opposé de DC Comics et aime se montrer adroite dès lors qu’il est question d’ humour, mais il est regrettable de voir cet humour, bien que fonctionnant relativement bien, prendre le pas sur une intrigue qu’on imaginait bien plus guerrière. Une dualité qui annihile purement et simplement le moindre enjeu de l’intrigue et qui affiche à bien des égards un autre problème autrement plus récurrent : le rythme. Pâtissant d’une mise en scène parfois inspirée mais globalement sommaire par endroits car très penchée sur la shaky-cam, autant dire que la première partie ressemble plus à une escarmouche qu’à une véritable guerre civile.

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Une odyssée super-héroique étonnamment personnelle

Un vide, qui à moins d’un incroyable accident de parcours paraissait très suspect. Et contre toute attente, Civil War se réveille juste à la moitié du métrage, la léthargie dans lequel se nimbait le film n’étant en fait qu’un doux prétexte pour faire montre d’un scénario astucieux, faisant ressortir LA séquence d’action tant espérée : celle de l’aéroport. L’occasion pour la firme à Stan Lee et les frères Russo d’asséner avec la grâce d’un bulldozer 17min de fights voyant les deux Teams s’affronter au biais d’un montage énergique, faisant la part belle à plusieurs bonne idées telle que celle voyant Ant-Man planté sur l’une des flèches (!) d’Oeil de Faucon ou celle de voir Scarlett Witch (Elizabeth Olsen) maitriser presque totalement la Vision (Paul Bettany) pourtant réputée invincible. De concert avec ce revirement aussi jouissif qu’inattendu, le film trouve alors son atmosphère de croisière, quitte à amplifier le ton et à filer à toute berzingue dans une intrigue aux ramifications devenues géopolitiques et curieusement personnelles. Arrivant à capter le ressentiment de tous les personnages en présence, formant pourtant un kaléidoscope dont ne sont exclus que Thor et Hulk, les deux frères peuvent alors prendre la tangente et sortir de la zone de confort installée bien malgré eux par l’intrigue. Il n’en faudra finalement pas moins pour les voir enchainer avec prestance, élégance et sobriété les prémices de cette guerre civile, qui s’avère être pilotée ou tout du moins observée en sous-main par une némésis, campé par l’excellent Daniel Bruhl (Inglorious Basterds) Si sa performance n’a peut-être d’égale que celle du truculent Loki, force est toutefois d’admettre que le personnage du Baron Zemo souffre comme souvent avec Marvel d’une écriture relativement sommaire, l’empêchant clairement d’être la figure machiavélique par excellence, et ne le laissant finalement qu’être une vulgaire menace qu’on aurait aimé ne pas voir autant pour préserver l’acteur allemand de ce genre, que pour voir la firme sombrer dans cette veine dramatique ardemment cherchée mais jamais vraiment atteinte. Source de contradiction ici, puisque devant faire cohabiter humour et dramaturgie, cette dualité est aussi la preuve que Marvel est aujourd’hui indissociable de son image, et que chaque tentative de digression à ce modèle se ressent au quintal, quitte à creuser encore plus le fossé entre le sérieux de DC et la franche rigolade de son modèle.

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Plus audacieux, plus abouti et sans doute plus mature que ses prédécesseurs, Captain America Civil War s’imposera à terme comme l’un des meilleurs Marvel. Le temps nous dira s’il est effectivement venu à bout du Soldat de l’Hiver, opus estimé de la firme à Stan Lee, mais force est d’admettre que les frères Russo, en habile faiseurs qu’ils sont, ont réussi à capter toute la myriade de sentiments émanant de ce combat fratricide pour en tirer une odyssée super-héroique à la fois géopolitique et personnelle. On demeurera ainsi épaté devant l’emboitement réussi des scènes graves et celles destinées à faire la part belle aux nouveaux venus que sont Black Panther et le tisseur le plus connu du Queens, Spider-Man, tout comme de l’aisance avec laquelle le scénario se plait à errer entre les personnages sans jamais en mettre un de coté. 

La conférence de presse de Captain America (avec la Team Iron Man) et l’avant première parisienne se déroulaient à paris le 18 avril.

On vous invite à consulter Steelbookpro qui vous apporte des précisions régulières sur la version Steelbook  de Civil War.