Après une série de films totalement absurdes et tournés Outre-Atlantique, Quentin Dupieux, alias Mr Oizo dans le milieu de la musique électronique, est de retour en France avec son dernier film Au Poste ! Le long métrage raconte l’interrogatoire entre un flic douteux interprété par Benoît Poelvoorde et un témoin malchanceux joué par Grégoire Ludig, la moitié du Palmalshow. Une oeuvre méta qui agrandit encore un peu l’univers de Quentin Dupieux.
Quentin Dupieux plus sage que d’habitude
Au Poste ! est une formidable comédie qui sort du tout venant français. Une oeuvre absurde, poétique, différente, qui permet sans aucun doute de voir autre chose que les innombrables comédies françaises faiblardes. Ici on ne joue pas avec les milieux sociaux, on ne joue pas avec les sentiments, on ne joue pas avec les vannes racistes, Au Poste ! est une véritable pièce de théâtre. Peu de personnages qui évoluent en huit clos dans des joutes verbales hilarantes. Le cinéaste délaisse légèrement les situations pour se concentrer d’avantage sur l’écriture de ses dialogues. La route entreprise est légèrement différente de celle de Rubber. Les effets comiques sont d’avantage portés sur les dialogues que sur les situations. Ces dernières servent à changer le ton et le rythme du film, à créer des ruptures, des variables, qui donnent une approche unique au long métrage, presque onirique. Quentin Dupieux va utiliser quelques pirouettes scénaristiques pour sortir de son huit clos et emporter son film dans un univers psychédélique. Comme d’habitude, le cinéaste change de prisme, change d’univers, pour porter son film dans des cieux fantasmagoriques, une approche personnelle et inédite, qui vient placer Quentin Dupieux comme un cinéaste unique et indépendant.
Au Poste ! est parfaitement écrit et les dialogues sont des successions de joutes verbales passionnantes et très rythmées. Le spectateur ne s’ennuie pas une seule seconde. Les acteurs sont renversants. Benoît Poelvoorde en tête, le casting crève l’écran. Chaque acteur donne un peu de lui dans sa composition : Mr Fraize en agent de police silencieux et un peu stupide, Grégoire Ludig en monsieur tout le monde, Anaïs Demoustier qui ressort son accent du nord, Orelsan en adolescent blasé et enfin Benoît Poelvoorde en capitaine de navire, imperturbable et passionnant à l’écran. Le final reste en suspend, loin des conclusions hallucinées de Quentin Dupieux. Comme à son habitude, Au Poste ! se conclue en fin ouverte. Plusieurs interprétations s’offrent au spectateur, pour autant le parti pris est plus simpliste qu’à l’accoutumée. Le final est presque décevant tant sa simplicité est à des années lumières de la fin hallucinée de son précédent film : Réalité. Attention, la fin de Au Poste ! reste surprenante car inattendue, mais plus simpliste dans sa conception, plus ancrée dans l’imaginaire populaire, plus simple à appréhender pour le public et finalement pas très originale. Reste que le final pose néanmoins des questions, est propice à l’analyse et conclue une comédie diablement rythmée de 1h15.
Au Poste ! n’est sans doute pas le meilleur film de Quentin Dupieux, qui décide de délaisser un temps le comique de situation absurde pour se lancer dans le huit clos dialoguiste. Pour autant, le film est une oeuvre unique et différente du tout venant français et reste un véritable exercice de style. C’est pour cela qu’on vous le conseille vivement.