Chill & Cult : découvrez le « Dracula » de Coppola sur Netflix

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Les films tirés de la légende de Dracula se suivent mais ne se ressemblent pas ; du Nosferatu de Murnau au Dracula de Dario Argento, en passant par celui de Ton Browning qui a instauré l’imagerie du célèbre vampire, beaucoup se sont essayés à retranscrire le roman épistolaire de Bram Stoker. En 1992, c’est au tour de Francis Ford Coppola de s’attaquer à la légende de Transylvanie pour en faire un conte aux fabuleux effets visuels et à l’audace inégalable. Un grand classique, à (re)voir sans plus attendre sur Netflix. 

Le Dracula de Coppola est une ode à la passion : la passion du comte Dracula pour sa bien-aimée, celle du réalisateur pour le cinéma. Malgré son titre entier, Bram Stoker’s Dracula, le long-métrage suit de loin la trame originale du roman, préférant s’attarder sur les beautés esthétiques d’un tel sujet, et les drames engendrés par ces passions dévorantes ; Coppola transforme ainsi certaines scènes en opéras sensuels et fascinants, d’autres en travail minutieux des ombres et des couleurs, quitte à délaisser parfois le scénario et à en faire plus un support qu’une véritable force.

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Car il faut bien se le dire, la véritable raison d’être de ce film est bien l’incroyable mise en scène visuelle qui regorge de trouvailles et d’exploration des possibilités de l’image ; aussi bien dans la force des couleurs que dans les nombreuses superpositions, l’image fait à tout moment preuve d’une incroyable inventivité, dans une recherche perpétuelle des multiples possibilités du cinéma. Derrière la caméra, Michael Ballhaus (le chef opérateur favori de Scorsese, qui a signé la photographie d’After Hours et des Affranchis) sait donner vie aux plus belles idées de Coppola, notamment grâce à un envoûtant travail de couleurs. Le rouge du sang et de la passion se mélange au bleu froid des éclairs, tel deux forces transcendantes qui viennent se fondre dans un violet vif et enivré.

Mais là où Dracula prend toute sa dimension, c’est dans son analogie entre vampirisme et cinéma ; Coppola décide de développer son intrigue en 1897, contexte des débuts du cinéma avec l’apparition du cinématographe que l’on voit à plusieurs reprises dans le film. Et comment faire un parallèle plus pertinent que celui-ci ? L’ombre infidèle du comte, qui rôde tel un mirage fascinant, nous rappelle sans cesse que le cinéma lui-même n’est fait que de lumière et d’ombre, qui s’alternent pour donner vie au mouvement et à l’illusion. Les nombreuses séquences de théâtre d’ombres, en premier plan ou en fond, font irrémédiablement écho à cette passion du cinéma, et à la volonté de rendre un hommage vibrant aux plus grand du genre.

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Les personnages sont quant à eux comme le scénario, inégalement traités : portés par un casting quatre étoiles (Gary Oldman, Winona Ryder, Keanu Reeves et Anthony Hopkins pour ne citer qu’eux), les protagonistes du roman de Stoker prennent vie dans un tout autre univers, et se retrouvent malheureusement parfois étouffés par les prouesses visuelles. Si toutes les images ont un sens, les réactions des personnages elles n’en ont pas toujours ; la narration en pâtit parfois, mais reste toujours fascinante pour celui qui voudra déchiffrer les nombreuses symboliques et les multiples facettes du Dracula de Coppola.

Souvent critiqué pour son scénario assez pauvre, le Dracula de Coppola n’en reste pas moins une prouesse esthétique qui transcende les genres pour envoûter le regard ; et au-delà de ce sublime mirage, Coppola parvient à explorer toutes les possibilités du cinéma, et y rend un vibrant hommage en plaçant dans son film quelques fragments de sa passion pour cet art. A (re)découvrir dès maintenant sur Netflix.

 

Bande-annonce Bram Stoker’s Dracula de Francis Ford Coppola :