Suivez les Croisades au bord du dernier dragon

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Jean-Pierre Pécau est chez Delcourt le spécialiste de la bd historique mais, avec le dernier dragon, il se lance dans l’heroic fantasy avec Le retour du Drakon. Découvrez comment l’arrivée des dragons bouleverse le monde médiéval.

De mal en pis

Un harem dans Le dernier dragon

Tout le début du dernier dragon raconte comment sortir d’une ville avec un trésor valant le prix de dix Empires. A Damas, des mercenaires dirigés par Amaury ont trouvé le dernier œuf de dragon dans une forteresse. Cette découverte peut changer le rapport de force en Orient mais les Occidentaux sont enfermés dans les geôles. La sorcière Draga et la dragonnière Umas interviennent en planifiant le vol de cet objet unique puis la libération des mercenaires réputés invincibles. Tout est prévu sauf que, comme toujours tout tourne mal lorsque la princesse tue le sultan dans son harem. Les deux doivent alors improviser et réussissent à sauver leurs employés. Ce groupe de mercenaires, la compagnie blanche, va devoir faire preuve d’originalité pour fuir hors du château avec l’œuf car ils sont coincés dans une aile du château. Des archers bloquent la sortie. Ils vont être aidés par un arabe qui a transporté l’œuf jusqu’au château du sultan. Les différents fils se rassemblent dans ce dernier volume.

Comme le montre ce résumé, le scénariste Jean-Pierre Pécau construit dans Le dernier dragon une uchronie en mélangeant histoire et la fantaisy. Le débarquement des Croisés dans le port musulman de Tyr est interrompu par l’attaque aérienne de dragons. En quelques secondes, toute l’armada brûle. La domestication de cet animal rare est donc un atout militaire stratégique. Ce mélange se retrouve également dans le dessin de Lajos Farkas. Les paysages très réalistes nous font voyager en Orient. On reconnaît souvent l’influence de la peinture orientaliste comme un harem mais aussi les premières bd d’Alix des années 50. On pense aussi à la peinture historique du XIXe siècle. Ce style très classique renforce la rupture avec des scènes qui sont épiques : la tentative de fuite où le groupe est pourchassé par toute une escouade.

Une nouvelle bd historique

Une attaque aérienne dans Le dernier dragon

Non seulement le dernier dragon propose des combats de chevaliers mais également une attaque aérienne et un combat entre dragons. Le mélange des genres est poussé très loin. Un groupe de marins, proches de pirate du XVIIIe siècle, se retrouve dans le cadre des croisades avec des dragons. Le cocktail vous paraît indigeste ? Vous n’avez pas encore lu Le dernier dragon sinon vous changeriez d’avis. Ce mélange se retrouve dans les dialogues avec des mots empruntés au médiévalisme (occis, poterne) et d’autres contemporains (nichons).

Le dernier dragon propose également des aspects plus modernes. Ce sont deux femmes, une princesse et une magicienne, qui viennent sauver les hommes et non l’inverse. La série échappe à l’opposition civilisationnelle entre l’Orient et l’Occident. D’une part, on retrouve les différentes communautés vivant au Levant pendant les croisades : chevaliers occidentaux, arabes, turcs, arméniens, nomade berbères… D’autre part, si les mercenaires sont au service des occidentaux, ils recherchent surtout leur propre profit. Ils organisent la chasse à l’œuf… tant que cela ne met pas leur survie en jeu. Au contraire, Draga est prêt à les sacrifier tous pour la mission. Dans ce groupe désuni, personne ne se fait confiance dans le groupe et cela crée de la tension. Pour couronner le tout, il y a un voleur à l’intérieur.

En osant mélanger l’heroic fantasy et la bd historique, Jean-Pierre Pécau nous offre dans Le dernier dragon une lecture agréable qui se conclut par fin temporaire dans ce quatrième tome. Soyez sur vos gardes car il y aura entretemps de nombreuses victimes. Personne n’est épargné

Si les bd historiques vous intéressent, vous trouverez des chroniques sur Marshall Bass et Une histoire populaire de la France.