Le western est un genre bien connu dans la culture pop et particulièrement populaire en bande dessinée mais comment cette conquête de l’Ouest a-t-elle commencé ? Trouvez la réponse en suivant Lewis & Clark publié par Glénat.
Un duo en route vers l’Ouest
Lewis & Clark est le seizième titre de la collection Explora mais le deuxième autour d’un duo d’aventuriers. Tout part d’une décision du nouveau président Thomas Jefferson. Il lance l’idée de partir à la conquête de l’Ouest « sauvage ». Parti du Missouri, le capitaine Meriwether Lewis est chargé d’atteindre le Pacifique pour créer une route commerciale par la terre. Pour cela, il est subventionné par la jeune nation et recrute ainsi quarante-cinq personnes. Ce groupe devra vivre en autonomie grâce à des chasseurs et lutter en territoire hostile. Pourtant, cette mission ne doit pas attaquer les Indiens mais nouer des contacts amicaux à l’aide d’un interprète. On peut cependant en douter quand on voit l’armement conséquent qu’ils emportent. Cette mission militaire a aussi des objectifs scientifiques. Lewis choisit William Clark pour cartographier le territoire et étudier les plantes, les animaux et les tribus indiennes de ces régions inexplorées. Il connaît bien ce géographe et spécialiste en navigation fluviale pour avoir combattu ensemble lors de guerres indiennes.
Ce volume est la description de ce qui fait un explorateur par le portrait de Lewis & Clark. Pourtant, le futur de ces deux capitaines sera radicalement différent. Lewis est un strict meneur d’homme. Il punit de plusieurs coups de fouets des soldats qui ont déserté pour trouver de l’alcool. Il a le sens de l’aventure voulant découvrir les merveilles des lieux rencontrés. Il impressionne les Indiens lors de chasse en commun mais son intrépidité le pousse parfois inutilement vers le danger. Clarke est l’intellectuel du duo. Il est avide de rencontrer les autochtones. Il admire les danses indiennes mais sait aussi négocier de fructueuses relations commerciales avec les chefs tribaux. On devine que ces accords sont surtout profitables aux colonisateurs. Par le commerce, les colonisateurs blancs viennent apporter la paix et la science mais cette mission civilisatrice a toujours surtout relevé du discours plus que de la réalité historique. Même si on voit que les négociations se font par l’alcool ou le tabac et que la démonstration de force par les armes arrive très vite si les Indiens refusent, on peut tout de même trouver cette vision trop douce. Si Lewis & Clark paraissent humanistes, cette mission marque le début d’une invasion et la continuation du génocide des populations autochtones par les Américains.
Un récit documenté
Le scénariste Philippe Thirault est passionné d’histoire depuis l’enfance en particulier de la conquête de l’Ouest américain et le lecteur le comprend très vite. Dès le premier dialogue entre le Président et Lewis, le contexte est présenté. Cette mission n’est possible que depuis que les États-Unis ont acheté à Napoléon la Louisiane. Par un récit pédagogique, on ressent la dangerosité du voyage. Les embûches sont nombreuses. Les arbres immergés risquent de faire chavirer les navires sur le Mississippi dans les premiers jours. Mais les maladies sont tout aussi redoutables sinon plus. Trouver à se nourrir est un problème constant et il faut parfois accepter des aliments inattendus. Ce volume sort de la vision unique de l’Indien nomade et guerrier pour montrer la diversité des tribus et les oppositions entre eux. Une indigène se révèle bien plus courageuse et intelligente qu’un trappeur américain. Un dossier très complet incluant une bibliographie en fin de volume nous renseigne sur les détails historiques de cette mission.
Par son style réaliste, le dessinateur Sandro replace bien le récit dans le paysage de l’époque. Bien entendu, les costumes, les moyens de transports et le paysages sont fidèlement reconstitués mais il va plus loin en évitant les anachronismes. Le siège du pouvoir n’est pas encore la Maison Blanche mais un palais plus petit au milieu de la campagne.
Lewis & Clark est une plongée aux sources de la conquête de l’Ouest américain. Le lecteur vit au côté de l’expédition sans doute car le scénariste s’est appuyé sur les journaux de l’expédition. Il découvre les multiples dangers encourus, les découvertes scientifiques et surtout les relations avec les peuples indigènes. Sur ce point, il aurait été bienvenu de proposer un point de vue extérieur aux Américains pour comprendre la complexité de cette période.
Vous pouvez retrouver d’autres chroniques sur des bd historiques avec Gravelines et Gondelour.