Critique « Santa & Cie » d’Alain Chabat : une nouvelle réussite pour le comique

0
100

Lorsque Alain Chabat passe derrière la caméra cela donne souvent des œuvres mémorables : RRRrrrr !!!, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre ou encore La Cité de la Peur. Ce Noël il fût de retour avec une comédie de saison, où il entre dans la peau du père Noël. Il est accompagné pour l’occasion de Golshifteh Farahani, Bruno Sanches, Pio Marmai et des deux comiques du Palmashow. Focus !

Une comédie très spontanée grâce à une naïveté enfantine 

Le sujet s’y prête bien, Noël est un univers parfait pour mettre en avant la naïveté, l’innocence et la magie de l’enfance. En tombant parfois dans une niaiserie et une naïveté touchantes, aidées par deux enfants touts mignons, Santa & Cie parvient à être très spontané. Alain Chabat, à l’écriture toujours très précise, parvient à confronter la rudesse d’un père Noël isolé à l’énergie sans limite de la jeunesse. Le film manque légèrement d’enjeu, si ce n’est l’absence de cadeaux livrés par ses soins. Mais cela n’a pas d’incidence. le public ne sait pas ce qu’entraînerait ce phénomène. Même le père Noël l’ignore. Mais cette absence d’enjeux empêche la création d’un suspense quelconque. Et ce jusqu’au moment du cauchemar, premier élément absurde et intriguant du film. Un délire sombre et psychédélique qui rappelle parfois le rêve du Big Lebowsky. Cette vision apportait le premier enjeu intriguant du film mais n’est malheureusement pas développé.

uploads 86ac9518 f1fe 4850 8caf d5b52292f705 Captured’écran2017 10 31à12.41.47 Critique "Santa & Cie" d'Alain Chabat : une nouvelle réussite pour le comique

Mais la magie fonctionne, grâce à un humour bien senti représentatif de la folie de Chabat, notamment dans les dialogues. Santa qui discute avec ses reines, ça vaut le détour ! Assez classique dans l’expression des relations, le film fonctionne pour autant grâce à un décalage entre le personnage de Santa et le reste de la société. Le personnage décalé de la réalité est très drôle dans ses aspirations, ses réflexions et ses habitudes. Santa est un père Noël immature et égoïste qui ne comprend rien aux problèmes des humains. Ce décalage offre des moments cocasses de haute volée. Écarts d’âge, écarts de société, Alain Chabat aborde des sujets passionnants. La magie de Noël fonctionne donc sur fond de satire sociale. 

Une critique précise de la société 

maxresdefault 1 Critique "Santa & Cie" d'Alain Chabat : une nouvelle réussite pour le comique

Avec son sujet passablement innocent, Santa & Cie n’oublie pas de parler de véritable problèmes sociaux. Alain Chabat parle de l’exploitation au travail, du burn-out et de l’hégémonie de l’argent. Ses lutins tombent malades par excès d’efforts et de travail. Il explique ensuite comment l’argent contrôle chaque petit engrenage de la société et démontre la fatigue qu’entraîne cette exploitation sans fin à travers le personnage d’Amélie (Golshifteh Farahani). Avec la naïveté de son personnage, Chabat veut démontrer que notre société ne fonctionne pas sur les bons fondements, sur les bonnes bases éthiques. Il ne comprend pas la notion d’argent, de vente, d’achat (même s’il sait jouer au monopoly : vous avez-dis incohérence ?), pour Santa, seule la notion « donner » existe à ses yeux. Il s’amuse également à caricaturer la police, la justice et affirme finalement que seul l’entraide est la solution aux problèmes. Avec cette approche très utopique, Chabat signe une véritable comédie de Noël, parfois niaise, parfois poétique, souvent drôle. 

Comédie familiale réussie, Santa & Cie est tendre, drôle, fait référence à Tim Burton grâce au monde de Santa et aux précédentes œuvres de Chabat (Red is Dead), et parvient à trouver quelques superbes idées (jeux de mots, cauchemars, décalage entre le personnage et la réalité). En étant parfois un peu niais, aidé par les enfants, Alain Chabat parvient à atteindre une spontanéité qui fait la force du film.

Bande-annonce Santa & Cie