Ransomed, l’histoire cachée d’un sauvetage

0
358
Ransomed
Ransomed

Basé sur une histoire vraie, le réalisateur Kim Seong-Hun et les scénaristes Kim Jung-Yeon et Yeo Mi-Jung s’inspirent de cette mission de sauvetage gardée sécrète jusqu’ici. Les dossiers gouvernementaux encore classifiés, les vrais détails ne verront la lumière que lors de la déclassification en 2047. (La déclassification est le processus de cessation d’une classification protectrice, souvent en vertu du principe de la liberté d’information.)

Synopsis

1987, à la recherche d’une promotion qui l’amènera vers les États-Unis, le diplomate Lee Min-Jun se porte volontaire pour aller chercher l’ambassadeur Oh Jae-Seok, retenu en otage dans un Liban en pleine guerre civile. À cause de la crainte d’une mauvaise presse concernant l’élection présidentielle sud-coréenne de 1987 et la candidature aux Jeux olympiques d’été de 1988, le gouvernement de Chun Doo-Hwan essaye d’étouffer l’affaire. Les chefs de Min-Joon décident de prendre en charge le sauvetage, de cacher les faits à la KCIA et d’envoyer celui-ci au Liban pour négocier. Livré à lui-même, le diplomate rencontrera sur place un chauffeur de taxi coréen expatrié qui l’aidera à mener la mission à bien.

Ransomed
Ransomed

Fiche technique

Ransomed (titre anglais) / Opération non officielle (titre littéral) / Hangul : 비공식작전
Réalisateur : Kim Sung-Hoon
Scénariste : Kim Jung-Yeon, Yeo Mi-Jung
Directeur de la photographie : Kim Tae-Sung
Date de sortie : 2 août 2023
Durée : 132 minutes.
Distributeur : Showbox

Distribution

Ha Jung-woo : Lee Min-Jun, diplomate qui se porte volontaire pour une opération non officielle visant à sauver un collègue diplomate porté disparu
Ju Ji-hoon : Kim Pan-Su, chauffeur de taxi coréen au Liban
Kim Eung-Soo : Directeur de la KCIA
Park Hyuk-Kwon : Directeur Park
Kim Jong-Soo : Ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Choi Kwang-soo
Lim Hyung-Guk : Secrétaire kidnappé, Oh Jae-Seok

Ransomed
Ransomed

Impressions

Quel plaisir de découvrir Ha Jung-Woo et Ju Ji-Hoon à nouveau ensemble ! Nous partons illico à travers un genre de tunnel qui nous amène vers leur début. Ha Jung-woo interprétant ce rôle horrible dans le génial The Chaser et Ju Ji-Hoon tout jeune avec sa coupe dans le magnifique drama Goong. Impossible de ne pas songer au chemin parcouru, de ne pas tracer en quelques secondes leur filmographie, aussi intéressante l’une comme l’autre.

Le réalisateur Kim Sung-Hoon, à qui l’on doit les films Tunnel, A Hard Day (avec le regretté Lee Sun-Kyun) et le drama Kingdom entre autres, nous présente cette fois-ci un film d’action comme il se doit, dont l’état d’urgence nous tiendra en haleine du début à la fin. Associé une fois de plus au directeur de la photographie Kim Tae-Sung (Lucky Strike, Kingdom, A Hard Day…), l’écran se remplit, occupe chaque recoin du moindre détail, sans nous saturer quand même d’un visuel trop chargé. Tout élément trouve sa place et nous laisse continuellement prendre nos marques, sans nous laisser nous perdre dans des scènes d’action qui pourraient s’avérer trop chaotiques.

Il est indéniable que Kim Sung-Hoon maîtrise l’art de la mise en scène, nous offrant sans répit toute une panoplie des scènes qui débouchent sur d’autres scènes. Tout fragment, toute excuse est bonne pour accroître notre stress sans nous accabler pour autant. Bien au contraire, cela nous rend gourmands.

Ransomed
Ransomed

Ransomed prend appui dans une sorte de balance ingénieuse qui rend le scénario homogène et qui nous évite de stagner. Les scènes d’action se contrebalancent avec la remise en question des diplomates, trop peureux de perdre la face devant la presse internationale. Avec des séquences sentimentales et émotives, comme l’implication du personnel des affaires étrangères. Est-ce que cela pourrait justement manquer d’un tout petit peu de ce genre de situation qui nous fait verser la petite larme ? La balance est incroyablement équilibrée. Il s’agit d’un film d’action et un sentimentalisme trop prononcé casserait sans aucun doute le rythme. La sensibilité est représentée ici comme des petits coups de pinceau, dispersés par-ci par-là, qui nous rappellent la gravité de l’histoire.

Lim Hyung-Guk, qui incarne le rôle du diplomate kidnappé, assume la responsabilité de porter sur ses épaules la raison ultime de cette espèce de nid d’abeilles. Des diplomates qui se prennent le bec comme des coqs, des poursuites au beau milieu de Beyrouth, des terroristes à la mitraillette facile, un président qui craint de perdre les élections si la mission est un échec… on pourrait presque oublier l’élément déclencheur : un homme complètement cassé, qui semble avoir été torturé et qui est devenu un être apeuré, dont l’angoisse l’empêche de bouger. C’est très touchant et tient à nous rappeler à chaque moment, que ce diplomate est le père de quelqu’un, le mari de quelqu’un et qu’une vie en vaut toujours la peine.

Ransomed
Ransomed

L’autre balance se passe entre les deux acteurs principaux. Ha Jung-Woo, diplomate stoïque qui ne perd pas le nord, qui laisse ses pieds bien ancrés au sol et qui avance la moitié du corps dans la boue sans se laisser démotiver. Sa force, son charisme en tant que personnage mais surtout en tant qu’acteur, est capable de bouger la montagne qui se hisse de plus en plus persistante devant lui. En contrebalance, le charisme de Ju Ji-Hoon rayonne d’une toute autre lumière. Avec ses cheveux longs, ses chemises flamboyantes et son bronzage tissé par le soleil du Liban, il interprète un chauffeur de taxi arnaqueur mais bon dans l’âme. Il apporte une touche légère, presque comique, sans tomber dans l’hilarité surjouée du comportement à la limite du ridicule des ministres du film « The Moon ».

Buddy movie ? Bromance ? Le diplomate et le chauffeur ne sont pas une sorte de Thelma et Louise. Leur amitié n’est pas le sujet principal comme dans le film « Green Book » (disons plutôt que le sujet principal est porté par l’amitié de deux hommes). À cheval entre The Point Men et Escape from Mogadishu, Ransomed est une explosion de situations prenantes dont l’attention nous tiendra cloués à nos sièges jusqu’au bout. Même si les clichés restent enfermés dans un genre de calque que l’on connaît très bien, ceux-ci deviennent une force plus qu’une impression de déjà-vu. Ransomed n’est pas seulement un film d’action. Il se complaît dans toutes sortes de détails et d’expériences, nous offrant un vrai régal pour les yeux.

Ransomed
Ransomed