Attention : coup de coeur, coup de poing, coup d’émotion de ce festival d’Avignon 2015.
Les chatouilles ou la danse de la colère figure tout en haut de mon palmarès des pièces que j’ai vu à Avignon cette année.
Le thème était casse gueule et pouvait sombrer dans le glauque. Un piège dans lequel ce spectacle magnifique ne sera pas tombé.
On parle ici des chatouilles crapuleuses, plus spécifiquement de celles subies par Odette, une danseuse paumée, qui se souvient de son enfance volée par un ami de la famille. La première scène est particulièrement difficile. Et Andréa Bescond, l’interprète, hurle mais sans voix. Elle hurle avec son corps ce rapport que cet homme lui impose. Et immédiatement, nous basculons dans une nouvelle scène. Nous voilà transposé dans une autre époque, un bureau de psychiatre, dans lequel Odette devenue femme, doit se souvenir. Le voyage commence à partir de cet instant. Par une subtile mise en scène signée par l’excellent Eric Métayer (qui a mis en scène « les 39 marches », qui a récolté deux molières : meilleur spectacle comique et meilleure adaptation), nous ferons des allers-retours dans les souvenirs d’Odette. Les fantômes de son histoire se rebellent parfois et réclament leur part de vérité, quitte à réinventer le passé…
Les moments de très forte émotion sont mêlés avec des passages de comédie très réussis, ce qui est assez perturbant. Il y a beaucoup plus de théâtre que ne peut laisser supposer le spectacle. La danse y est à l’honneur évidemment, mais la partition est très présente.
Andréa Bescond est exceptionnelle. Elle symbolise parfaitement l’expression de « mettre ses tripes sur scène ».
Enfin, la dernière scène est d’une poésie qui apporte une touche d’espoir.
Surprenant. Vibrant. N’y allez pas : courrez-y.
Les chatouilles, au théâtre actuel, jusqu’au dimanche 26 juillet, tous les jours à 17h00.
La pièce se rejouera au Petit Montparnasse à Paris à partir de Janvier 2016.