Alors que le salon de l’E3 vient de se terminer, nous avons eu le droit à notre lot d’annonces annuelles. Si nous passerons sur les grosses annonces et les suites de licences à succès, j’aimerais revenir sur d’autres prévisions, comme celle de Gears of Wars ultimate édition, Uncharted Nathan Drake Collection ou encore Final Fantasy VII HD Remake. Deux ans après la sortie des consoles dites de nouvelle génération, le nombre de portage de jeux de la génération précédente se multiplie. Cependant, pouvons-nous tous les ranger dans le même panier? Sont-ils tous d’égale qualité, ne peut-on pas en sortir certains du lot? Petit retour sur un nouveau sujet qui divise les joueurs.
Pour partir sur des bases saines et solides, je pense qu’il est nécessaire de bien baliser le sujet et d’en définir clairement les termes. Trop de joueurs confondent, par ignorance ou par abus de langage, les termes « remake » et « remastered ». Le remake est une réadaptation d’une œuvre originale laissant une liberté plus ou moins grande au nouveau réalisateur dans les modifications apportées. Ce terme est très semblable au reboot dans lequel on ne garde que le squelette de l’œuvre pour la réadapter. En général, faire un remake se déroule en plusieurs étapes non obligatoires (Refonte du scénario, des prises de vue, des personnages, des graphismes etc…). Un remastered, quant à lui, conserve tous les aspects de son aîné, ne passant que par un lifting graphique, plus ou moins poussé.
Le plus intéressant étant assurément le premier, L’E3 nous a gratifiés de deux annonces: Final Fantasy VII HD Remake et Mirror’s Edge. Pensons aussi à Rise of The Tomb Raider, deuxième opus après le reboot de Tomb Raider. Au passage, ce dernier cumulait les deux en étant à la fois un reboot de la série et un remastered sur PS4/Xbox One. Si nous ne pouvons juger de la qualité des premiers remakes, celui de Lara est un parfait exemple du remake. En effet, les développeurs n’ont gardé que le personnage principal et ont voulu faire renaître la série en proposant une préquelle (ce qui est souvent le choix effectué pour le reboot d’une série). La plupart vous diront que ce reboot est très solide et de bonne qualité, nous montrant l’évolution de Lara, d’aventurière un peu gauche et terrifiée à la naissance de la chasseuse de tombes que nous connaissons. D’autres vous diront que les développeurs sont passés à côté de la dimension « énigmes » et exploration de tombeau qui était un pilier des premiers opus. Les choix de développeurs ne font pas toujours l’unanimité chez les fans purs et nul doute que j’aurais des choses à dire lors de la sortie de Final Fantasy VII Remake, en grand fan que je suis.
Passons donc aux remastered qui semblent légion sur cette génération de consoles. Outre les annonces de Gears of War Ultimate collection ou d’Uncharted : Nathan Drake collection, nous pouvons citer Devil May Cry 4 Special Edition ou God of War III HD à paraître bientôt, ou encore Last of Us Remastered, un peu plus ancien. Cependant, là encore tous les remastered n’ont pas la même qualité ou plutôt, tous n’ont pas subi le même travail. Il est évident que retravailler un titre de la fin de l’ère PS3 ne demande pas autant de travail qu’un titre plus ancien. Il est donc bon de ne pas cracher sur tous les remastered. Pour ma part, je considère que la qualité d’un remastered se juge sur le travail effectué et le prix auquel il est proposé. Pour cela, je listerais trois styles de remastered, de manière purement subjective. Premièrement, je classerais les remastered que je qualifierais de « honteux », et je vais ici surement m’attirer les foudres des fans, mais j’y classe entre autres celui de Last Of Us. Ceux qui me connaissent savent que je trouve déjà une hype bien trop importante autour de ce jeu, certes très bon, mais loin de la révolution qu’on lui accorde, mais le sujet n’est pas là, c’est donc bien du remastered que l’on parle. Je trouve tout bonnement honteux que sur un jeu sur lequel il n’y avait pratiquement rien à faire (ne me dites pas qu’il fallait ré-hausser les graphismes, c’est faux), il n’y ait rien eu de fait. Les bugs rencontrés par les joueurs PS4 sont exactement les mêmes que ceux rencontrés sur PS3, le réseau du multijoueur n’a pas changé et ils ont le culot de le proposer à 45 euros sur le store…
Viennent ensuite les remastered que je qualifierais « d’acceptables ». Comprenez par là que le travail effectué est correct et le prix souvent attractif. C’est le cas souvent des compilations HD. Une refonte graphique, une trilogie et hop on balance ça pour 30 euros. C’est bon pour les joueurs et pour les éditeurs. On peut y classer les Sly Racoon, les Prince of Persia et autres Metal Gear Solid HD trilogy. Le travail effectué sur les graphismes est honorable, et la compilation de 3 jeux sort pour 30-40 euros ce qui est selon moi un prix raisonnable.
Enfin, viennent les remastered que je nommerais « remarquables ». Ces remastered sont malheureusement peu nombreux, et pour être honnête, je n’en trouve en écrivant ces lignes que deux : Metro 2033 Redux et la compilation regroupant Ico et Shadow of the Colossus. Ces deux exemples sont, je le concède totalement subjectifs mais le travail effectué, notamment sur Métro 2033 est dantesque. L’amélioration graphique, les jeux de lumière et effet de particules sont simplement bluffants. De même sur Ico, même si ici, le style graphique ne peut pas vraiment être touché sans dénaturer un peu le jeu, l’upgrade est louable. De plus, leur prix de sortie est abordable (surtout pour Ico et Shadow of the Colossus dont la côte PS2 est parfois faramineuse).
Si la plupart des joueurs verront dans cette politique l’appel de l’argent facile, il y a une autre partie du public qui se félicite de ces compilations : les nouveaux venus sur la plateforme qui découvrent ainsi des jeux souvent exclusifs qu’ils n’avaient pas pu tester. Et les chiffres sont là, selon un sondage paru pendant l’E3, près de la moitié des possesseurs de PS4 n’avaient pas de PS3. Qu’ils viennent de la concurrence, ou bien nouveaux joueurs, les remakes et remastered présentent pour eux l’occasion de tester les exclusivités qui font le renom de chaque console, comme Uncharted, Heavy Rain ou Beyond Two Souls côté Sony, Gears of War ou Halo Masterchief collection côté Microsoft.
Pour terminer ce débat, je voudrais soulever deux points qui me semblent intimement liés à cette philosophie. Le premier est l’augmentation de l’importance et de la médiatisation du jeu rétro, avec la sortie de console comme la Retron 5 ou l’annonce de gamestop à fournir du rétro dans leur magasin. La deuxième est un bilan de l’E3 qui vient de se terminer avec le classement des plus grosses annonces du salon dans lequel figure : Final Fantasy VII HD Remake, Shenmue III (attendu depuis 14 ans), la rétrocompatibilité de la Xbox One et une compilation de jeux Rare. Cette philosophie fait-elle référence à une baisse de qualité du jeu vidéo ou bien est-ce dû à une simple nostalgie des gamers?