Au fil des volume du dense univers connecté des 5 Terres, les menaces montent. Mais ce treizième volume, Rester vivants, marque l’ouverture du conflit entre Angleon et Arnor, la guerre est là, que plus rien ne semble pouvoir arrêter. Le début d’un troisième cycle qui voit les nations les plus puissantes des 5 Terres s’affronter pour la suprématie.
Les 5 Terres au pays des ours
Ce treizième tome des 5 Terres accoste sur le troisième monde. Après les félins et les singes, les ours sont au centre du nouveau cycle créés par les scénaristes Andoryss, André Chauvel et Wong. On avait pu apercevoir la mentalité et la réputation des ours dans Demeus Lor. Brutaux, autoritaires et puissants, ces guerriers sont réputés invulnérables. Cet aspect est d’autant plus important que la guerre contre Angleon s’annonce. On le voit dès le début par la préparation de l’invasion par mer d’une cité stratégique sous l’autorité du Capitaine Drun. Il est secondé par une Pointe : six ours, un chien, un loup forme l’élite de l’armée du roi Rinzem.
Si son fils aîné Khalden accompagne le souverain, sa fille Harin et son fils cadet Genkin doivent assurer le contrôle du clan. Cette tâche est loin d’être évidente. D’une part, Genkin fait partie des princes ayant été élevés à la cour d’Angleon (ou plutôt capturés pour empêcher les royaumes voisins de se révolter). D’autre part, la récente union d’Arnor est précaire. Les ours ne sont pas le seul groupe mais les clans rassemblent également des loups et des chiens.
Ce treizième tome prolonge les qualités de la série Les 5 terres. Le foisonnement de personnages donne un rythme trépidant à l’action et multiplie les regards sur ce monde. Monka est un jeune ours avide de participer à son premier combat alors que Tenrir est un soldat expérimenté qui sait que le sang va couler. On retrouve ces créatures par les portraits derrière la couverture. Si ces images aident les lecteurs à se repérer, il manque un élément biographique pour tout saisir.
Des thèmes reviennent au fil des tomes comme les conflits au sein des familles régnantes. Si Harin reste fidèle aux règles, Genkin porte un regard plus critique sur certains archaïsme. Les 5 terres rappelle parfois l’heroic fantasy mais la magie est absente et la religion en retrait. Le dessin conserve sa très grande qualité. Les planches de Jérôme Lereculey prouvent qu’il est aussi à l’aise dans les expressions des animaux que pour les paysages soignés. Ce raffinement ne l’empêche pas de faire couler le sang abondamment dans les scènes de bataille. Dans une case, il montre l’immense armada de navires mais sa mise en page éblouit également par la densité de l’organisation sur deux pages.
Un nouveau cycle très nordique
Cependant, ce premier tome adopte une structure différente des autres tomes. On ne suit pas de multiples lieux mais l’action se concentre sur deux espaces : l’attaque de l’armada d’Arnor et la situation du clan après le départ des guerriers. Même s’il s’agit d’une guerre, seul le camp des ours est étudié. Ce nouveau cycle enrichit également l’univers en apportant une tonalité sinistre. Les ours sont sanguinaires et impitoyables.
En effet, le peuple des ours est inspiré des vikings. Le troisième cycle des 5 terres a recours à des références historiques nouvelles. On peut le voir dans le dessin de Jérôme Lereculey. Les tenues des femmes ont des motifs nordiques et les bateaux sont des drakkars. Plus fort, cette référence se retrouve dans l’organisation du peuple d’Arnor. Ils vivent en clans souvent rivaux et rarement unis.
Le chef est choisi en fonction de sa force plutôt que par sa lignée. Les femmes combattent et semblent à l’égal des hommes. Cette référence est un moyen de s’intéresser aux sièges d’une ville par des marins.
Les vikings ne constituent pas l’unique référence. Les tenues des soldats rappellent légionnaires romains de la fin de l’empire. Un pisteur rappelle l’implication des barbares dans les troupes auxiliaires. Ce volume est un moyen de voir le déroulement d’un siège. Un débarquement surprise réussit à prendre les faubourgs mais la troupe est arrêtée par la muraille derrière laquelle civils et militaires se réfugient. Différentes tactiques pour la prendre ou pour sortir sont abordées. On voit qu’il faut tenir la troupe et éviter les débordements de soudards avides de pillages.
Édité par Delcourt, l’univers partagé des 5 terres ne cesse de s’étendre à chaque nouveau cycle. Ce volume permet de découvrir les terres d’Arnor et de rentrer dans son organisation sociale. Cependant, chaque tome est également un moyen de donner une autre tonalité. Rester Vivants est clairement un tournant plus sanglant et machiavélique. La préparation minutieuse de l’attaque se heurte à la surprise. La force des ours est-elle si inarrêtable ?
Parcourez d’autres espaces des 5 Terres avec le début du cycle précédent et sa conclusion.