Alors que les jeux olympiques et paralympiques se sont achevés, il est possible d’obtenir un rab de compétition par la bande dessinée La diplomatie du ping-pong mais la politique s’invite aussi sur le terrain…
Un match politique
Le scénariste Alcante s’empare dans La diplomatie du ping-pong d’une rencontre sportive devenue un moment d’histoire. En 1971, un joueur de ping-pong, Glenn Cowan se retrouve par hasard dans le bus de la délégation chinoise. Il rencontre Zhuang Zedong, triple champion du monde chinois et cette amitié va servir de preuve pour permettre le rapprochement entre les Etats-Unis et la Chine.
Le contexte très spécifique de La diplomatie du ping-pong est présent dans la première page par un reportage télévisé. Depuis l’arrivé au pouvoir de Mao, les relations entre les États-Unis et l’essentiel de la Chine sont rompues en raison de la guerre froide. En 1971, les États-Unis ne reconnaissent que Taïwan et ignorent le continent communiste. Le lecteur réalise que les spectateurs de ce reportage sont loin d’être des inconnus puisqu’il s’agit du président Nixon et de son très influent ministre des Affaires étrangères Henry Kissinger.
Il pousse Nixon à rétablir des relations avec Mao alors que le président ne se focalise que sur sa popularité. Le but de Kissinger sera réalisé par un représentant d’une autre Amérique. Glenn Cowan appartient au mouvement de la contre-culture voulant sortir des codes de la génération glorieuse de la Seconde Guerre mondiale. Glenn boit de la bière, fume des joints et pratique l’amour libre. Un texte permet de creuser plus loin en fin de volume.
S’effaçant devant le propos, le style d’Alain Mounier est classique. Le réalisme nous plonge dans l’époque par les costumes les décors et les accessoires de l’époque. Les personnages politiques sont aisément reconnaissables par la fidélité avec les originaux. On peut le voir par les photos dans le dossier en fin de volume. Cependant, la modernité est apportée par la colorisation à l’aquarelle. Hélas l’ensemble reste figée ce qui est gênant lors des matchs.
Un récit de vie
Cependant La diplomatie du ping-pong n’est pas une bd sur la diplomatie mais une biographie. Glenn Cowan est un hippie passionné de rock. Naïf, il veut être une star et apporter la paix dans le monde. En attendant, il pratique un sport peu populaire. Aucun journal américain ne veut couvrir le championnat du monde et son équipe n’est pas assez victorieuse pour changer ce désintérêt.
Glenn est passionné mais pas sérieux, il arrive à en retard aux tournois. La vie libre de Glenn est opposé à la rigueur militaire chinoise. Pour autant le lecteur s’attache par ses failles. Les dialogues le font passer pour un idiot mais le voyage en Chine prouve qu’il n’est pas le seul. La diplomatie du ping-pong devient un réquisitoire sur le manque de culture sur l’étranger des jeunes États-Uniens.
Puisqu’il faut un adversaire pour créer un enjeu, Glenn est opposé à Zhuang Zedong. Le champion chinois sert la propagande de la Chine communiste. Cependant, cette façade d’un servile serviteur s’effrite en découvrant sa vie pendant la révolution culturelle.
La diplomatie du ping-pong appartient à la collection Coup de tête chez Delcourt qui raconte des destins glorieux mais aussi les fêlures individuelles de légendes du sport. Cependant, rarement un titre sur le sport aura autant abordé la géopolitique mondiale. Alcante et Alain Mounier vous font voyager dans la période complexe de la Guerre froide mais aux échos très contemporains.
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