La femme au bouquet

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Dates : les vendredis, samedis à 20h30 et les dimanches à 16h30 du 18 octobre au 10 novembre 2024

Lieu : Le Guichet Montparnasse

Distribution : Texte de Desiderio Montironi Avec Nina Karacosta MES Driss Touati

Dans une mise en scène délicate et poétique, la nouvelle pièce La femme au bouquet nous invite à suivre une femme en quête d’elle-même, sur un chemin parsemé de fleurs sauvages et de souvenirs. Au fil de ses gestes simples, cueillant des fleurs dans un champ, elle replonge dans le passé et dévoile des bribes de sa vie, tout en confectionnant un bouquet qui devient le symbole de ses émotions et de ses rencontres.

Cette femme, dont le visage s’illumine et s’assombrit au gré de ses pensées, se souvient d’un homme à qui elle a confié ses blessures profondes. Leur rencontre, leur complicité et les rires qu’ils ont partagés viennent ponctuer le texte, alternant avec des moments de gravité. À travers ce dialogue imaginaire avec cet homme, se dessine une réflexion subtile sur la manière dont les relations peuvent façonner nos cicatrices et ouvrir des espaces de réconciliation intérieure.

Le spectateur est ainsi transporté dans plusieurs temporalités : le présent, ancré dans le geste tendre de la cueillette ; le passé, où les conversations avec cet homme reviennent comme des échos ; et un temps plus lointain, où elle revisite des événements marquants de sa vie, tels que la perte de sa mère et son départ d’une institution. Ce dernier se teinte parfois d’un imaginaire foisonnant, où elle converse avec les écrivains qui l’ont marquée et inspirée.

À mesure que le texte avance, une parole enfouie, presque inaudible jusqu’alors, émerge de cette introspection. Cette parole, qu’elle n’aurait jamais cru pouvoir dire, surgit avec une force émotive inattendue. La pièce explore ainsi la complexité de l’âme humaine, les couches de mémoire qui s’entrelacent, et la puissance libératrice du langage.

La mise en scène, épurée et élégante, laisse la place à la beauté du texte et à l’intensité du jeu d’actrice, tout en créant une atmosphère propice à la réflexion et à l’introspection. Les fleurs sauvages, omniprésentes, deviennent autant de symboles des émotions éclatantes ou fragiles qui jalonnent le parcours de cette femme.

La femme au bouquet est un spectacle rare, où poésie et introspection se rencontrent pour offrir au public une expérience théâtrale intime et bouleversante. Les spectateurs, pris dans ce tourbillon de pensées et de souvenirs, se reconnaîtront sans doute dans cette quête de soi, où chaque fleur cueillie devient un fragment de vie que l’on cherche à comprendre, à apprivoiser.

J’ai été particulièrement frappé par la fluidité avec laquelle la pièce nous fait voyager entre différentes temporalités. Le présent, où elle se trouve dans le champ, est comme suspendu, tandis que le passé avec cet homme à qui elle s’est confiée revient par vagues. Les échanges avec lui sont à la fois remplis de complicité et d’une gravité douce, donnant à la pièce une très belle palette d’émotions. J’ai été ému par ses souvenirs plus lointains, notamment la mort de sa mère et son départ de l’institution, autant d’événements marquants qui ressurgissent avec une force poignante.