Critique du tome 2 de Vampyria inquisition : les vendanges pourpres

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Saga littéraire à succès écrite par Victor Dixen (cinq volumes parus aux éditions Robert Laffont), Vampyria se décline désormais en bande dessinée.  Celle-ci n’adapte pas les romans mais propose des histoires parallèles au sein du même univers. Avec, à la clé, la même qualité narrative  et une approche visuelle novatrice.

Le temps du saigneur

Il y a 300 ans, en 1715, le roi Louis XIV,  au crépuscule de son existence s’est transmuté en vampire. Une nouvelle ère a débuté pour le royaume de France et le monde : l’ère des ténèbres. Les anciens rois sont devenus des suceurs de sang, les grands nobles les ont rejoints. Désormais la société se partage en trois ordres : les vampires, leurs alliés humains espérant un jour être transmutés et le peuple régulièrement saigné pour nourrir ses terrifiants maîtres.

Si l’autorité de celui qui fut le roi soleil semble incontestée, en coulisse les menaces s’agitent. Il y a d’abord celle du Comte de Chambord qui dans ses terres saignent ses sujets au mépris des règles royales . Il y a celle de la Collectionneuse, une hors la loi mort vivante qui nargue les autorités. Il y a enfin celle de la Fronde qui agite la colère du peuple. Afin de maintenir l’ordre, la Faculté Hématique (l’inquisition) envoie l’enquêteur Sylvain et son assistant humain Faustin, infiltrer le grand bal du Comte de Chambord afin de trouver des preuves de ces crimes.

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Vampyria Inquisition : une uchronie qui a du mordant

Bienvenue dans une Europe où le sang coule à flot. La peste vampirique a contaminé l’ancienne aristocratie. Jamais l’expression « la noblesse du sang » n’a si bien porté son nom. Le peuple ne doit plus seulement payer l’impôt en monnaie sonnante et trébuchante mais livrer chaque semaine des litres de sang que les nobles consomment tels des grands crus. Et gare à qui voudrait y échapper. La police veille et la sanction pour les contrevenants est d’être saignés à mort.

Le monde vit alors la nuit dans une terreur permanente. Un couvre-feu s’impose aux non vampires. Mais même en le respectant, il ne fait pas bon être un humain. Car la transformation du roi a entraîné l’arrivée de monstres qui hantent les forêts : des animaux mutants qui pullulent de plus en plus. Et si ce n’est pas eux qui vous attaquent, ce sont des vampires qui s’amusent à chasser au mépris de toutes les règles pour le seul plaisir de la traque.

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Des vampires qui ont les dents longues

L’histoire inventée par Victor Dixen est excellente et ne nécessite pas d’avoir lu les livres (même si les connaisseurs de la saga retrouveront des personnages des romans comme le diplomate britannique). Elle s’appuie d’abord sur un univers cohérent qui mélange habilement la vraie histoire (les conspirations nobiliaires) avec la fantaisie : la dépendance au sang, les liens hiérarchiques entre vampires.

Cette intrigue nous présente en réalité deux arcs qui s’entremêlent parfaitement. D’un côté, notre héros doit démasquer le Comte de Chambord pour le traduire devant les hautes instances. Mission à haut risque car nombre de vampires profitent de ses fêtes illégales. De l’autre côté, notre enquêteur doit mettre la main sur la Collectionneuse et comprendre ses liens avec l’excentrique noble. La résolution de ce mystère l’amènera à plonger au cœur d’un complot et à trouver des alliés. Le problème, c’est que dans le monde de vampyra les promesses durent rarement jusqu’à l’aube.

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Vampyria Inquisition tome 2 : ambiance sanglante

Cette Bande-dessinée retranscrit parfaitement le ton des romans. En effet, l’œuvre de Victor Dixen joue beaucoup sur une ambiance baroque, un romantisme noir. Tous les codes de la cour royale, le raffinement, l’élégance, sont présents. Mais ils sont pervertis par cette soif de sang constante et par ce règne de la Nuit. Le dessin, très coloré, les formes généreuses, très travaillées,  insistent sur cette fascination étrange. Les ors, la soie, le marbre envahissent les pages pour bien souligner que cette richesse n’est qu’une illusion.  Une élite s’amuse grâce au sang et à la sueur de la masse.

Cet album insiste bien aussi sur la perversité de ce système. Les vampyres ne survivent que parce que beaucoup d’hommes collaborent : par peur mais aussi par intérêt. Sans eux, pas de saignée, pas de traques. Mais la crainte d’être dénoncée empêche toute révolte à part celle menée par une poignée de frondeurs. De même le monde vampirique et loin d’être uni. L’autorité du roi Soleil est sans cesse contestée. Aussi puissant soit-il, le 1er des vampires doit s’appuyer sur une poignée de fidèles, dont des humains pour sauver son trône.  Dans cet immense panier, la sagesse conseille d’attendre avant de frapper.

Le second tome de Vampyria Inquisition est très réussi.  Pour les connaisseurs des romans, c’est une lecture obligée. Pour les néophytes, c’est une manière idéale de rentre dans cette œuvre.

Si vous être à la recherche d’autres uchronies mêlées de Dark Fantasy, vous pouvez aller jeter un œil à notre critique du manga Versailles of the dead.