La saga Jojo’s revient pour une nouvelle saison. Toujours dirigée par Hirohiko Araki, la série nous convie à suivre un nouveau membre de la famille Joestar qui n’a rien à envier à ses glorieux ancêtres. Avec toujours la même pâte et ce ton irrévérencieux, Araki inaugure avec force et fracas un nouvel opus de sa saga culte.
Bienvenue à Hawaï
Jodio Joestar est un manieur de Stand, un pouvoir psychique redoutable. Avec son frère Dragona lui aussi manieur de stand, il ne rêve que d’une chose à Hawaï : faire fortune. Pour ce faire, il exécute les petits contrats de sa patronne, il n’hésite pas faire la mule eta dealer dans son lycée. Grâce à son don, les petites frappes le respectent. Mais il lui arrive d’aller trop loin et de s’en prendre à des policiers. Cependant rien ne semble capable de le faire changer.
Quand sa boss lui propose une nouvelle mission, il accepte sans hésiter. Avec son frère et deux autres comparses possédant aussi le don, ils doivent voler un diamant de 6 millions de dollars dans la villa d’un auteur japonais séjournant dans l’île. Un braquage qui s’apparente à une formalité. Mais rien ne va dérouler comme prévu car la cible est plus coriace que prévu et la police est sur les dents.
Jojo’s : une série à part
Jojo’s Bizarre adventure est une série culte dans le monde du manga. Son succès est immense et ne se dément arc après arc. Mais attention, série à succès ne signifie pas série tout public. Jojo’s Bizarre adventure propose un univers radical, décalé, aux antipodes de ce que propose les séries habituelles. Nous sommes devant une série trash, punk qui ne prend pas de gants et est volontairement politique incorrect.
Nous suivons dans cette 9ème saison de parfaits anti-héros. Loin d’être des saints, ils enfreignent nombre de règles. Le lycée est pour eux l’occasion de développer leur business plan. Faire la mule depuis leur plus jeune ne les dérange pas. Leur pouvoir permet à leur mère de vivre tranquille dans son quartier. Et quand un élève gentil se fait agresser, ils ne bougent pas leur petit doigt. Cela conforte, au contraire, leur philosophie de vie : être craint pour être respecté.
Un drôle de monde
La série Jojo’s Bizarre adventure, c’est aussi une ambiance difficile à décrire. Le dessin se situe à mi-chemin entre Hokuto-No Ken et l’univers du film Southland Tales. Hirohiko Araki aime nous présenter des héros aux mâchoires carrées, parfois androgynes, aux corps musclés à la limite de la difformité. L’ambiance hésite toujours entre le grotesque et le sublime. C’est ce qui a fait le succès de cette série au style indéfinissable.
Dans cette 9ème saison, l’auteur n’a rien perdu de sa fougue. Il ajoute cependant une touche d’exotisme en nous plaçant dans le décor idyllique d’Hawaï. Paradis des surfeurs mais qui s’assombrit dès que l’on gratte le vernis : policiers véreux, pervers en tout genre, junkies… Il ne fait pas bon être fragile. Même un honnête dessinateur de manga, une principale de lycée cachent leur jeu. Dans ce monde d’illusion, rien ne semble être réel.
Jojo’s Bizarre adventure : œuvre pop
Ce volume se nourrit aussi de nombreuses références culturelles. Araki s’inspire d’abord du cinéma. Ses dialogues empruntent aux films de Tarantino. Son action, âpre, rappelle le polar hard boiled hong-kongais des années 1990. Son esthétique nerveuse regarde du côté du cinéma de Kathryn Bigelow, notamment de Point Break. Ses héros nihilistes n’ont, enfin, rien à envier à ceux de John Carpenter, notamment Snake Plissken.
L’œuvre d’Araki est aussi une œuvre éminemment musicale. Dès les premières planches, l’ambiance est donnée. Les personnages bougent dans leur voiture sur le son de Dua Lipa. Et le reste du volume est du même acabit. Plusieurs planches insistent sur leurs postures – déhanchés vertigineux, équilibre sur une main- dignes du break dance ou d’un de clip de K pop. Jodio et sa bande semblent être possédés en permanence par le démon de la danse.
La 9ème partie de la série Jojo’s Bizarre Adventure part sur de très bonnes bases. L’auteur n’a rien perdu de son énergie et de son envie de nous convier dans un univers joyeusement chaotique. La série est à retrouver aux éditions Delcourt-Tonkam.
