Arrêt de jeu ou le traumatisme d’un footballeur

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Maxime Schertenleib est un repenti. Dans Arrêt de jeu, cet ancien fan de foot nous livre le récit de la fin d’une histoire d’amour avec le ballon rond.

Une passion pour le ballon rond

Dans Arrêt de jeu, le scénariste, dessinateur et coloriste Maxime Schertenleib règle ses comptes avec le foot, un sport qu’il a intensément aimé puis détesté. On voit naître cette passion d’enfance en introduction. Dès sa plus jeune enfance, Maxime devient accro par amour pour le jeu. Il joue chaque jour, collectionne les autocollants Panini et se fait offrir des maillots de foot. Ce sport est omniprésent dans sa vie. Le foot est un lien entre lui son frère et son père. Ils en parlent, jouent ensemble et vont au stade en famille. Son père ayant joué au niveau national l’entraîne jusqu’à 13 ans.

La suite d’Arrêt de jeu bascule dans l’adolescence. On y voit la joie de Maxime Schertenleib après une victoire lors d’une coupe junior. En effet, plutôt doué, le jeune homme se rêve professionnel comme son père. Maxime Schertenleib a toujours joué dans de bonnes équipes au point d’intégrer des sélections régionales dès l’âge de douze ans puis de jouer en semi-professionnel en Suisse.

La pression dans Arrêt de jeu
La pression dans Arrêt de jeu

Arrêt de jeu ou l’amour déçu

Cependant, dès l’adolescence, Maxime Schertenleib se sent de moins en moins à l’aise au sein de l’équipe. Il ressent un malaise qu’il ne pourra identifier que des années plus tard. Arrêt de jeu dévoile alors les dessous du foot par une expérience personnelle. Dans les vestiaires, il est isolé et n’arrive pas à fraterniser. En effet, plus le niveau augmente et moins les relations sont sincères. Les amis disparaissent devant l’argent et l’ambition. Une équipe n’est plus un groupe mais un ensemble de joueurs en compétition pour devenir pro.

Le dégoût de Maxime est tel qu’il arrête le football. Sur le terrain, Maxime prend toujours plaisir mais il ne supporte plus ses à-côtés. Les joueurs pourris par un culte de la masculinité guerrière ont des comportements toxiques. Il faut faire mal aux autres pour se distinguer. Des joueurs pro se permettent de ne pas respecter la loi par des insultes racistes. On peut afficher son homophobie sur le terrain ou dans les tribunes. Pendant un certain temps, Maxime joue le jeu mais y perd sa personnalité.

Dans Arrêt de jeu, le jeu se révèle une compétition capitaliste. L’argent domine le sport y compris chez les fans qui parient en ligne. La recherche de la performance conduit au surmenage. Les entraîneurs abusent de leur autorité en prononçant des discours violents. Ils sont proche du harcèlement moral. Dans la postface d’Arrêt de jeu, Chérif Ghemmour, co-fondateur de la revue So Foot montre bien comment une passion peut devenir un métier où les règles sociales n’existent pas.

On voit dans Arrêt de jeu que le foot est remplacé par une nouvelle passion : le dessin. Maxime lâche les crampons pour un carnet de croquis. Il quitte un centre de formation pour une école de bd à Bruxelles. Le livre est d’ailleurs la preuve de ce changement de vie. Le dessin de Maxime Schertenleib dans Arrêt de jeu se rapproche des bd humoristique que l’on trouvait dans les journaux et de la bd pour enfant. Il utilise la caricature pour insister sur l’émotion : la colère d’un entraîneur le rapproche d’un requin. Les corps sont déformés avec de petites jambes, des bras plus longs et larges. Schertenleib recourt à un gaufrier sans gouttière avec un trait fin entre les cases. Cependant, ce classicisme s’efface devant le choix radical de colorisation : le noir, blanc et vert. Cette couleur est héritée du dossier que Maxime Schertenleib a créé pour les éditeurs. Il voulait rappeler le gazon mais plus foncé pour rester agréable à la lecture et être plus proche de la réalité de l’herbe des terrains amateurs.

Arrêt de jeu, édité par La Boîte à Bulles commence comme une histoire d’amour au football. On voit un enfant courir vers le stade dès qu’il a un temps libre. Coaché par son père, il prend plaisir et devient un meilleur joueur. Hélas comme le dit la chanson les histoire d’amour finissent mal en général. L’auteur montre que le foot est le lieu d’expression d’une virilité toxique mais il finit sur une note positive en espérant qu’il existe un safe space où il pourra jouer au foot.

Le sport est présent sur Justfocus. Retrouvez les chroniques d’Ao Ashi et L’amour du maillot.