Les Terres d’Arran voyagent à l’étranger par la création d’un nouveau continent – les Terres d’Ogon – et ce tome 4 prouve la richesse de ce nouvel espace de création.
Un récit de famille
Dans ce nouvel album des Terres d’Ogon, le scénariste N. Jarry crée un récit d’initiation contrarié. Les premières pages suivent un bâtard. Qâa est certes le fils roi, mais il est issu d’une liaison adultérine avec une femme du peuple. Mal-né, il ne pourra accéder au pouvoir. Pire, les domestiques le méprise car, s’il vit dans le palais, il doit se faire le plus discret possible. Il ne survit que parce que l’empereur interdit de le blesser. N’étant pas reconnu, Qâa ne peut profiter de la magie des prêtresse de Keleb et ne sera donc jamais un mystic. Il a par ailleurs un passif avec ces magicienne car la reine ayant tuée sa mère les dirige.
Cette origine infâmante dans les Terres d’Ogon n’empêche pas Qâa d’être au fait de tout ce qui se passe dans la résidence royale. Il utilise un passage secret pour assister à la cérémonie religieuse de son demi-frère, le prince solaire Abo-Sybel. Il n’est jaloux, mais curieux de voir les rites secrets. En effet, le prince est son ami et, ensembles, ils s’entraînent en secret à la boxe.
Qâa est aussi très malin. Il a dressé un fennec pour distraire le cuisinier pendant qu’il vole sa nourriture. Il court avec aisance sur les toits, trouvant dans la confrontation avec le danger un sentiment de liberté. Par hasard, il croise dans les tunnels sous la ville, Aménopée, la fille d’un architecte. Elle connaît chaque passage dérobé. Ensemble, ils vont vivre une aventure passionnante dans les Terres d’Ogon.
Milles et une fantaisies
Depuis les débuts des Terres d’Ogon, le lecteur voyages dans d’autres mondes en s’éloignant de l’Occident. On est loin des forêts de chênes, des champs et des plaines rocailleuses que l’on trouvait dans les Terres d’Arran. Cette nouvelle série joue à fond sur l’exotisme. La série promet de nous révéler « des terres aussi dangereuses que fascinantes ». Le lecteur blasé des autres séries prouvera « un vaste et riche continent, peuplé d’animaux sauvages et de peuples mystérieux ». Les premières pages de Mystic tiennent cette promesse en dévoilant un fort piégé par une tempête de sable. La capitale de l’empire Korunka est située au milieu d’un désert sans fin qui pourrait être celui de l’Égypte ou de l’Arabie.
L’exotisme des Terres d’Ogon passe également par le texte parodiant les légendes orientalisantes. On évoque les moussons, un lac mystique réceptacle de toutes les mémoires. Les noms des personnages copient les pharaons ou des dieux égyptiens. Les cérémonies reprennent les rites d’une religion à secret comme dans l’Égypte antique. La situation et le caractère de Qâa peuvent rappeler Moïse, ce que confirment les révélations de la deuxième moitié de l’album…
Cependant, les Terres d’Ogon ne sont pas un récit historique. L’ambiance égyptienne est mélangée avec l’heroic fantasy. Le scénario bascule dans la fable avec une méchante sorcière. Qâa, un orphelin, fait des rencontres décisives pour son parcours de vie. Dans le palais, maître Osyram forme son corps au combat. Pendant ce temps dans la bibliothèque, le précepteur Ashedept élève son esprit. Promis à la misère, Qâa sort de sa condition en suivant son destin.
Au contraire de ce cocktail scénaristique, le style du dessinateur Vax est très classique en bd. Il sait avec talent mettre en valeur le récit. Les formes sont douces et fines. Les architectures sont mises en valeurs par des pleines ou des doubles pages. Il propose de nombreuses références à l’Afrique. On n’est pas seulement en Égypte, mais on trouve des masques Ashanti ou du Ghana. Malgré le changement de continent, la continuité avec les Terres d’Arran est assuré par la présence du même coloriste : Nanjan Jamberi
Paru le 25 octobre 2023 aux éditions Soleil, ce quatrième tome des Terres d’Ogon propose un récit fort et très différent des Terres d’Arran. Mystic suit le changement de vie d’un orphelin. Par une éducation nouvelle, Qâa affute son corps et forme son esprit pour affronter son destin dont les dernières pages montrent le caractère tragique.
Retrouvez sur le site d’autres récits du monde d’Aquilon avec Kronan et Kastennroc.