L’été est propice aux rapprochement des corps… y compris pour les personnages de fiction. C’est ce que vous montre le numéro 2 de la revue Fantask. Découvrez avec nous les recoins sombres de la fiction et vous ne verrez plus le slip de Superman de la même manière…
Offrez-vous le derrière de la pop
JustFocus a récemment mis en avant le mook sur Star Wars mais l’éditeur Huginn & Muninn publie une autre revue au principe proche : Fantask propose un ouvrage dense autour d’un thème central tout en offrant des entretiens inédits. Cependant, le magazine annuel dirigé par Rodolphe Lachat, ne traite pas d’un univers précis mais de la culture en général. Dans ses numéro précédents, Fantask s’est concentrée sur les théories du complot et les méchants. Dans ce numéro parfait pour l’été, c’est au tour de la vie sexuelle des héros et des héroïnes de passer au crible de nombreux spécialistes. Le livre est organisé autour de différents chapitres thématiques sur les parodies, les princesses, les super-héros, la censure, les fans et la révolution sexuelle.
Des passages obligés sont traités en profondeur dans Fantask. Bernard Joubert montre que tout personnage populaire fait l’objet d’une parodie coquine dans des comics illégaux aux Etats-Unis tandis qu’elle est légale dans la bande dessinée française. L’Italie se révèle championne dans le genre. Au-delà de l’humour, des artistes font de l’appropriation un geste politique : TheOneCam utilise des jouets pour créer des parodies très engagées. Jérôme Wicky rassemble plusieurs intervention d’Alan Moore dans un dense texte sur sa bd érotique Lost Girls. L’auteur britannique défend une imagination sexuelle totale. Selon lui, la censure entraine une frustration pouvant aller jusqu’à la déviance.
Pénétrez en profondeur le sujet
Fantask va cependant plus loin qu’un supplément été sur le sujet. La préface de Rodolphe Lachat élargit le sujet. Le revue ne se contente pas de montrer des images mais démontre que cette représentation parodiques des héros peut délivrer un message politique ou montrer un certain esprit de l’époque. En effet, le toujours passionnant Jean-Pierre Dionnet profite de la sortie de sa biographie pour montrer les liens entre le mainstream et la sexualité. On y découvre les nombreux échanges entre les Etats-Unis et la France depuis les années 60. On voit l’opposition des censeurs catholiques et communistes. Étrangement, Dionnet s’oppose à l’institutionnalisation de la bd.
Chaque article apporte un regard sur le thème général et on peut être surpris par l’originalité de certains textes. Le sujet de la parodie se prolonge avec l’interview de Han Bucquoy. Cet artiste belge a réalisé une caricature de Tintin qui a fait scandale. Pour approfondir les sujets, chaque article de Fantask donne une proposition de lecture. La vidéothèque propose même ses recommandations en matière de parodies pornographiques. Des auteurs s’interrogent sur la sexualité cachée des super-héros comme Jean-Paul Jennequin sur Batman et Robin et Larry Niven pour Superman. D’autres comme Xavier Fournier montrent que les bandes dessinées ont des liens avec le saphisme et le sadomasochisme.
Des images assez peu pieuses
Avec un tel sujet, Fantask ne pouvait pas passer à côté d’une réflexion sur l’érotisme par l’image. L’illustrateur et le dessinateur italien Milo Manara partage les plus grands moment de sa carrière et réfléchit aux changement de l’érotisme. On trouve donc plusieurs portfolios d’artistes dont Vince, Dina Goldstein et Hajime Sorayama. Ces artistes ne sont pas tous reconnus. Fantask s’ouvre à l’amateurisme par le fan art. Cela ne signifie pas l’absence de qualité. On peut se souvenir que Cinquante nuances de Grey est au départ une fan fiction de Twilight.
Si le début est très centré sur la sexualité vu par les hommes avec un regard assez daté, Fantask donne parfois une vision plurielle de la sexualité. Maxime Donzel montre la diversification de représentation par l’évolution des personnages LGBT au cinéma et dans les séries. On peut tout de même trouver la place réduite fait à cette orientation et le manque de fluidité sur le genre.
Sur 240 pages, la revue Fantask propose une analyse complète et parfois plurielle de la sexualité des héros et des héroïne de fiction. Une fois le livre fermé, on regarde les films ou les livres avec un regard neuf. On peut y voir le sous-texte osé ou comprendre que les auteurs ont œuvré ailleurs que dans la fiction.
Retrouver un autre mook sur Star Wars ainsi qu’une analyse du personnage du Docteur Strange.