Même mort, Thor revient dans Ragnarök

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Le tome un de Ragnarök
Le tome un de Ragnarök

Tremblez pauvres mortels, Thor est de retour du monde des morts dans le premier tome de Ragnarök mais il n’est pas content ! On peut le comprendre : comment réagiriez-vous si vous étiez le dernier dieu ?

Un premier tome final

La fin au début de Ragnarök
La fin au début de Ragnarök

Comme le prédisaient les sagas, les dieux nordiques ont tous disparu lors du Ragnarök et Asgard est devenue une terre hostile où morts et vivants coexistent. Une elfe noire est engagée pour une mission mystérieuse mais la paie est si importante qu’elle a acceptée. C’est en voyant sur la porte un marteau qu’elle commence à avoir des doutes…

En ouvrant Ragnarök, le premier choc vient du dessin. Alors qu’il a déjà soixante-six ans, Walter Simonson propose des cases splendides. Le réveil de Thor est une leçon de découpage et de cadrage. L’ambiance est majestueuse et inquiétante. On attend l’arrivée du tonnerre. Le combat plus majestueux dans le dernier épisode propose des pleines pages à la construction complexe tout en restant lisibles. L’intensité des cases s’explique par le sujet. L’idée de la série est venue à l’artiste du Tennessee par une image de Thor enchainé dans sa forteresse. Walter a ressenti une brusque inspiration qu’il a mise par écrit. Les idées nombreuses ont formé un très vaste univers, Les Contrées du crépuscule dont des extraits d’archives ouvrent le troisième épisode. Ces pages sont un exemple de l’écriture si soignée de Ragnarök. Les dialogues sont très variés : Thor a un langage châtié, un animal magique parle par groupe de mots et des morts ont une vocabulaire basique.

Comme chez Marvel, Thor demeure le défenseur des mortels dans Ragnarök. La famille est également au cœur du récit. Le livre dédié à l’épouse de l’auteur débute par Brynja racontant une histoire à sa fille. Son mari Regn est triste de la voir partir seule pour la première fois. Walter Simonson écrit très bien la tristesse d’un enfant voyant sa mère partir travailler mais l’elfe doit suivre son statut de guerrière par tradition et pour faire vivre sa famille. Ce destin est lié à la mort. En effet, elle accepte le contrat car le commanditaire promet de rendre sa fille immortelle.

Un monde divin bien sombre

Le dieu zombie de Ragnarök
Le dieu zombie de Ragnarök

Cependant, Walter Simonson ne se contente pas de reprendre des recettes anciennes qui ont fait son succès mais dans Ragnarök il expérimente par le texte et les images. Un personnage central disparaît très vite. Le propos est aussi moderne car la femme elfe part travailler pendant le mari reste s’occuper de leur fille. Tout l’épisode deux n’est qu’un combat de Thor contre des mercenaires avec un minimum de dialogues mais de magnifiques pages et onomatopées.

Walter Simonson avait prouvé lors de son run sur Thor sa passion pour la mythologie scandinave et Ragnarök pourrait en être la suite… mais on sent ici un auteur libéré des contraintes. Son Thor est plus proche des sagas nordiques: il adore le combat puis a été marié et a des enfants. Cependant, il est désormais veuf et son visage ressemble à un squelette ou à une momie desséchée. On est plus dans Walking Dead surtout quand on voit des morts-vivants blafards faire le siège d’un village. Par cette ambiance sombre, Ragnarök est connecté au monde actuel. Ragnarök s’ouvre par la fin d’un monde avec la mort de Thor. La suite présente un monde ravagé comme si Walter Simonson mélangeait Mad Max et Thor. Sans être gore, le dessin montre une violence inédite quand on connaît le Asgard de Marvel.

Dans notre interview, le directeur de collection David Guélou expliquait sa passion pour cette série pour l’instant inachevée en France. Il le prouve dans cette nouvelle édition soignée. A la fin du tome, on trouve de nombreux essais de Walter Simonson ainsi que l’ensemble des magnifiques couvertures

Ce premier tome de Ragnarök est un total plaisir de lecture. Le fan des comics Marvel retrouvera les dessins de Walter Simonson et des thèmes de son run sur Thor mais il sera bousculé par cette ambiance apocalyptique. De plus, les dernières pages montrent l’arrivée d’un ennemi bien connu des fans de dieu du tonnerre…

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