Another Body, plongée dans le deepfake

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Au cœur du Champs-Élysées Film Festival, le Cinéma Lincoln à Paris a récemment accueilli la projection du film Another Body, un documentaire saisissant qui explore le sujet brûlant des Deepfakes dans l’industrie de la pornographie. Dirigé par deux réalisateurs Sophie Compton et Reuben Hamlyn. Exploration des conséquences désastreuses pour les victimes, d’une justice souvent perdus, et d’une pratique si répendue, un bon cocktail pour ce documentaire qui ne manque pas d’idées.

ANother Body plonge les spectateurs dans une histoire troublante où une étudiante, interprétée doublement par l’étudiante mais dont le visage a été recouvert en utilisant cette technologie du deepfake, devient la cible d’une personne. Son visage se retrouve sur un quinzaine de vidéos pornographiques. Au delà de ça, son nom et son université, ainsi que sa ville natal sont notés dans les informations trouvables sous les vidéos. Les soupçons se portent rapidement sur son université, une école d’ingénieurs, quasiment uniquement composés d’hommes où la technologie et la facilité d’accès aux outils de manipulation d’images sont monnaie courante. Mais aussi, où règne une culture machiste. Dès lors, le film explore avec une intensité croissante la lutte de la protagoniste pour rétablir sa réputation et dénoncer la cruauté des Deepfakes.

Le scénario d’Another Body aborde habilement la thématique des Deepfakes, ces contenus générés par intelligence artificielle qui superposent les visages de personnes réelles sur des corps ici d’acteurs pornographiques, créant ainsi des vidéos trompeuses et diffamatoires. À travers le personnage principal, le film dépeint le traumatisme émotionnel et la violation de la vie privée que subissent de nombreuses femmes victimes de cette pratique odieuse. entre harcèlement par des inconnus et peur de son entourage, une paranoïa qui s’empare des victimes, c’est douloureux à vivre pour elle. Surtout que pour la plupart des états ceci n’est pas illégal.

Les réalisateurs de Another Body utilise habilement les éléments du docu-fiction pour illustrer le sentiment de paranoïa grandissant de la protagoniste, qui se sent traquée et isolée. Le principe de mettre un visage sur la victime au travers du deepfake, une manière ici de rendre humain les personnages sans brisés leurs intimités est plutôt bien trouvé et marche suffisamment bien dans pas mal de cas. Seulement quelques scènes sur fond noir font douter du visage que l’on voit devant nous, le reste du temps on se perd très facilement entre vraies visages et faux.

Le film ne se contente pas de dépeindre les ravages personnels des Deepfakes, il soulève également des questions sociales plus vastes sur la société actuelle et l’éthique de l’utilisation des technologies. Entre les menaces pour la démocraties souvent mises en avant, nous voyons cette technologie évolué de jours en jours. Les milieux incel, la pornographie, utilisent cette technologie de manière régulières à présent. de plus en plus de politiciennes, de journalistes ou chanteuses et actrices ont des vidéos d’elles qui tournent sur internet, des vidéos deepfakes. Another Body met en lumière les enjeux de vie privée et de consentement, invitant les spectateurs à réfléchir sur les limites éthiques de cette technologie.

En conclusion, ANother Body est un premier film saisissant qui aborde courageusement les Deepfakes dans l’industrie de la pornographie. À défaut de toujours avoir une narration captivante et des performances impressionnantes, le film met en lumière les conséquences dévastatrices de cette activité sur les femmes, un sujet souvent oublié ces dernières années.