La bd personnelle et universelle du couple Chris et Laura Samnee arrive à son terme dans le troisième tome de Jonna. Découvrez dans les lignes suivantes la conclusion d’un hommage des artistes à leurs filles et la lutte contre des monstres géants.
Un petit retour en arrière
Depuis le premier tome, les sœurs Rainbow et Jonna sont à la recherche de leur père disparu. Dans le tome précédent, elles ont été recueillies par Nomi, une femme au bras en métal et Gor, son compagnon au visage balafré. Mais cette protection ne dure pas car, dans un monde souterrain, les deux jeunes filles sont piégées et séparées. Jonna combat des monstres géants dans une arène de gladiateurs tandis que que Rainbow, sans argent, ressent la faim. Pourtant, par hasard, les deux sœurs ont découvert le lieu de naissance des monstres : une plante dont les fleurs sont des nids. Mais le plus inquiétant est qu’une Jonna était parmi les œufs. Est-elle un danger pour le monde ? Ce récit devient alors une variation d’un récit biblique, Jonas dans la baleine : rentrant dans le centre de la terre, les deux sœurs découvrent les origines de Jonna.
Partant de cette découverte alarmante, le troisième volume de Jonna suit en parallèle la fin des aventures des sœurs et l’origine de l’effondrement planétaire. Tout part de l’arrivée d’une comète. Les nombreuses surprises font sens. Les rencontres fortuites de Rainbow et Jonna ne sont pas un hasard mais les personnages convergent vers un œuf géant. Nomi et son corps de métal sont liés à l’arrivée des monstre. La série intègre alors un sous-texte écologique. Ces monstres ravageant le monde et épuisant les ressources sont la paraboles de l’humanité ou des grandes entreprises détruisant la nature.
Deux sœurs contre des kaïju
Au fil des aventures, Jonna et Rainbow devront se confronter à leur personnalité. Par la découverte de ses origines, Jonna devient encore plus inquiétante. Sa sœur l’adore mais sa rage et sa force restent bien supérieures à la moyenne. On craint le pire mais la force de l’amour entre elles est plus forte que tout. Les larmes nous montent en voyant comment la colère devient en une case un profond attachement. Les deux s’aiment, se soutiennent et font de leurs profondes différences une complémentarité. L’ainée peut parler alors que Jonna n’émet que des grognements. Jonna est aussi un livre sur l’égalité dans la famille : que vous soyez un enfant naturel ou adopté importe peu car l’amour est plus fort que ces différences.
Le rythme de lecture est également trépidant car les monstres géants sont partout. Pourtant, les combats ne sont pas gore car Jonna est fait pour tous, des plus jeunes aux passionnés du dessin. En effet, cette série est une leçon de dessin par Chris Samnee et le coloriste Matthew Wilson. En huit pages, Chris explique l’arrivée des monstre tout en racontant comment Nomi a obtenu un bras avec une hélice et son ami a perdu son œil. Quand les deux sœurs disparaissent dans un noir absolu, Chris Samnee ne garde que deux bulles progressivement avalées par l’obscurité. Samnee démontre sa maîtrise de l’organisation des cases en rendant lisible des combats. Les frappes sont impressionnantes et dynamiques. Les décors ne sont pas négligés comme les superbes paysages marécageux. Les mouvements sont fluides et compréhensibles. Cette facilité de lecture est aussi permise par l’irréprochable travail de l’éditeur 404 comics avec une livre très solide pour les plus jeunes et un papier finement choisi pour mettre en avant le dessin. Comme toujours avec l’éditeur, ces choix sont justifiés au début du texte avec une touche d’humour. On ne peut qu’être touché par les remerciement sde 404 comics en dessous du prix d’achat.
Chris et Laura Samnee dédicacent Jonna aux enfants rêveurs et apprentis dessinateurs mais la lecture est un plaisir pour tous. On craint pour les sœurs en tournant chaque page mais la conclusion est très belle.
Découvrez sur le site des liens vers le premier tome et le deuxième de Jonna.