Daisy Jones and The Six, une aventure enivrante

Critique de la série créée par Scott Neustadter et Michael H. Weber

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Amazon Prime Video

Adaptée du roman éponyme, la mini-série Daisy Jones and The Six raconte l’ascension du groupe de rock fictif du même nom dans une Amérique des années 70. En dix épisodes de moins d’une heure diffusés sur Prime Video du 6 au 24 mars, on fait face à toutes les péripéties du groupe entre route vers le succès, différents créatifs, moments de tendresse et triangles amoureux.

Récit passionnant

Entre mockumentary (faux documentaire) et biopic fictif sous forme de reconstitution, Daisy Jones and The Six se veut très engageant dès le départ. On nous raconte une histoire commentée par les protagonistes une vingtaine d’années plus tard, ce qui nous permet une immersion d’autant plus grande avec eux et une implication dans le récit toute aussi renforcée en tant que spectateur. Les membres du groupes sont des jeunes des seventies plein d’ambitions dans un monde où ils peuvent enfoncer à peu près toutes les portes qu’ils veulent. On traverse chaque étape qui concerne le groupe, de sa création à son boom final, en passant par les hauts et les bas aussi créatifs que personnels. Chaque membre a un vécu et un caractère distinct, et chaque dynamique de personnage est différente. La mini-série pose des questions très existentielles au final, sur les âmes sœurs, la quête du bonheur, la quête de soi… Et en ce qui concerne les personnages principaux tout particulièrement, on revisite l’idée d’être quelqu’un de brisé et de se définir comme tel. C’est un parcours vers le succès mais c’est aussi un parcours initiatique pour chaque personnage qu’on suit tous pendant des années de leur vie commune. On les voit grandir et traverser une période charnière de leur existence, puis revenir sur les hauts et les bas vingt ans plus tard avec émotions. Un parcours qui est plein de surprises et qui n’a aucune difficulté à nous embarquer avec passion dans l’histoire de ce groupe aussi attachant que maudit.

Spirale rythmique

Daisy Jones and The Six repose une grande partie de son identité artistique sur sa rythmique et c’est une grande réussite. La bande originale est exceptionnelle et l’album de ce faux groupe est un plaisir à écouter rien qu’individuellement. Les chansons ponctuent le récit et chacune d’entre elle trouve parfaitement sa place au cœur de l’histoire. La dynamique de cette même histoire est elle aussi particulièrement bonne puisqu’elle donne l’impression d’avoir atteint un juste milieu satisfaisant : elle prend son temps sans s’attarder sur ce qui n’est pas nécessaire. Avec ces dix épisodes on vit une aventure complète de bout en bout, une histoire qui ne laisse pas de miettes même si égoïstement on en voudrait plus. Et puis, elle démarre au bon moment et s’arrête quand il faut. La mise en scène s’amuse avec toute cette rythmique puisqu’elle use de multiples transitions souvent appuyées par la musique et joue avec les codes de réalisation liés au rock mais aussi au disco quand les quelques morceaux du genre apparaissent. Bien ancré dans les années 70, on suit des rockstars au rythme effréné mais qui ne sont que des êtres humains en fin de compte et qui ont leur propre dynamique, ce que la série suit minutieusement et ce qui est une de ses forces.

Comme à la maison

Daisy Jones and The Six c’est aussi et avant tout une histoire de famille. Le groupe The Six naît de gamins de Pittsburg, dont les deux frères Dunne, et de leurs grandes ambitions qui finissent par les mener loin. Une grande partie de la mini-série se concentre aussi sur le couple du chanteur Billy avec sa petite amie de toujours Camila et des difficultés qu’ils rencontrent avec le temps. Une famille qui s’est faite toute seule et qui est remplie d’âmes solitaires et de jeunes adultes qui ont été abandonnés à un moment de leur vie. C’est ce que représente la fameuse Daisy Jones que l’on suit de son côté pendant une bonne partie de la série, avant que le groupe ne devienne Daisy Jones and The Six. C’est le personnage qui a peur de l’attache et qui trouve un refuge doux-amer dans le groupe. En tant que spectateur on assiste à la construction de cette famille et on finit par s’y sentir inclus. Au bout d’un moment regarder un épisode donne le sentiment très spécial d’être à la maison, une réussite qui se salue pour un format mini-série. La famille est donc un des thèmes principaux de l’histoire et la série parvient très bien à évoquer ses joies et ses peines tout en n’oubliant pas d’aller creuser le sujet des traumatismes affectifs, renforçant d’autant plus l’attache que l’on porte à ces rockstars en herbe.

Daisy Jones and The Six est un véritable bonheur. Une mise en scène précise dans un cadre aussi fun que profond, portée par un casting flamboyant et une bande originale impressionnante qui capture l’essence du rock des années 70. Emotions multiples garanties devant cette mini-série touchante qui n’a pas peur d’aller explorer les tréfonds de ses personnages.

Daisy Jones and The Six est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video