Project Wolf Hunting, hyperviolence survoltée

Critique du film de Kim Hong Sun

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Dans un univers complètement révolté (dans tous les sens du terme), Project Wolf Hunting nous emmène à bord d’un bateau remplis de criminels qui sont transférés entre les Philippines et la Corée du Sud. Le voyage ne sera pas de tout repos, les surprises seront nombreuses et des litres de sang couleront… 

Quand y’en a plus, y’en a encore

Project Wolf Hunting fait dans l’hyperviolence et ne se prive pas de scènes gores grandiloquentes. Entre tout le sang coulé et des morts des plus improbables, on ne peut s’empêcher de trouver ces scènes, et la globalité du film, très amusants. Âmes sensibles s’abstenir certes, mais aucun sentiment malsain ne se dégage de ce film. C’est une explosion de scènes extrêmement graphiques dans un univers qui ne connaît pas la demi-mesure et il donne un « effet défouloir » sans prise de tête, une sorte de sentiment de satisfaction et de surprise constante ; « que va-t-il se passer ensuite ? », « que va-t-il encore se passer ? » ce sont les questions qu’on se pose durant son visionnage. Le rythme du film est parfaitement trouvé pour ne pas dégoûter son spectateur et on sent bien que de toute façon ce n’est pas ce qu’il cherche à faire, c’est comme s’il cherchait simplement à exploser. Entre une mise en scène simple mais efficace, des acteurs bien ancrés dans leurs archétypes qui pour la plupart ne s’interdisent pas le surjeu, une musique parfaitement adaptée et un montage qui ose… L’hyperviolence, définitivement maître mot de Project Wolf Hunting, marche du tonnerre.

En toute liberté

Film policier, thriller, film de monstre, film de guerre, science-fiction… Project Wolf Hunting mélange de multiples genres pour le meilleur comme pour le pire de son film. Une chose dans laquelle l’intégralité de la mise en scène excelle c’est dans sa manière de présenter puis s’approprier les codes de chaque genre qu’il explore. Le réalisateur Kim Hong Sun ne cache pas sa volonté d’entremêler ces codes, ces sujets, on pourrait presque dire l’envie de réunir plusieurs histoires au sein d’un seul et même conte. Il avait envie d’essayer ce format, il s’est amusé et il l’assume pleinement. On ressent totalement cet amusement en tant que spectateur et on y prend part aussi, un des points forts du film. Globalement, la liberté qui se dégage de Project Wolf Hunting est agréable, on pourrait même aller jusqu’à la qualifier de libératrice. On aurait juste aimé que le film sache s’arrêter plus tôt et qu’il contrôle les limites de son monde survolté. Un petit défaut qui ne gâche pas le visionnage néanmoins, juste l’élément qui l’éloigne d’être un film purement exceptionnel.

Un point sensible

Avec Project Wolf Hunting on ne fait pas qu’assister à un bain de sang jouissif et malgré la confusion qui peut naître quant au mélange de genres, certains d’entre eux appuient sur des sujets plus profonds dans des séquences presque touchantes. Il y a derrière ce face à face criminels/forces de l’ordre et surtout derrière l’image du monstre une réflexion sur les mémoires de guerre. Le monstre peut représenter beaucoup de choses (on peut même dire, libre à chacun d’en retirer ce qu’il souhaite comme pour chaque oeuvre de fiction) mais le cœur du personnage est une sorte d’innocence détruite : la représentation même d’un homme torturé, modifié, déshumanisé. Alors qu’on s’éclate devant Project Wolf Hunting, on nous attrape un instant et on nous fait redescendre en nous disant droit dans les yeux : « La guerre détruit les hommes et des esprits tordus sont capables du pire, grandiloquence mise de côté », un atout pour le film qui ajoute à son côté décomplexé une trame nécessaire qui, elle, se fond bien avec le reste de son histoire.

Avec son identité propre emplie de liberté et de gore décomplexé, Project Wolf Hunting est une des pépites de ce début d’année. Un visionnage passionnant qui emmène son spectateur partout où il veut, et très souvent dans des recoins qu’il n’aurait jamais pu imaginer. Un film explosif à voir en salles dès le 15 février.