De nouveaux duels dans le tome 11 de Chiruran

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Le volume précédent le préfigurait et la confrontation entre le Shinsen Gumi aux sept démons du Mito Tengu-to se poursuit dans les rues de Kyoto plongée dans la nuit. Ce nouveau tome de Chiruran est-il au niveau de ce choc épique ?

La nuit tombée, méfiez-vous des rues de KyotoUn duel dans Chiruran

Le scénariste Shinya Umemura continue à nous conter dans Chiruran la progression du clan de samouraï au sein de la métropole de Kyoto. On suit désormais la lutte interne dans la milice et les guerriers tombent les uns après les autres. Dans la suite du combat contre les sept démons du Mio Tengu-to, un milicien affronte son ancien élève et l’on retrouve les frères Sakaki. Tous les combats ne se valent pas. Un décès est un peu expédié.

Ce volume suit une série de duels où le lecteur découvre de nouveaux démons. L’archer Shell Dwarf est un ancien lieutenant de l’armée française (sic). Le passionné d’histoire pourrait y voir un total anachronisme. On voit un peu plus loin des images de la guerre de Crimée devant un château médiéval. La suite ferait hurler un historien. Napoléon III ressemble à un pirate, mais loge au Louvre. Le réalisme n’est pas le but dans Chiruran. C’est d’ailleurs à ce moment que le lecteur comprend la force du sentiment antirusse du Japon car l’auteur se range clairement du côté des Français. On découvre également le retour d’Hanjirô Nakamura, le redoutable assassin.

Il fallait tout le talent du dessinateur Eiji Hashimoto pour réussir les différents combats de ce tome. Le dessin emporte le récit bien plus haut… ou pour tout dire dans tous les sens. Hashimoto adopte une mise en page hyper dynamique. Ses choix de cadrage des combats font perdre tout repère au lecteur. Tout est démesuré : les armes sont gigantesques et les corps inhumains. Hanjiro Nakamura ressemble à un fantôme. Cependant, par le talent du dessinateur, on ne bascule jamais dans le ridicule. On est aussi subjugué par la maestria des visages et la modernité du trait.

Chiruran ou le triomphe du mensonge ?Le héros de Chiruran

Ce nouveau volume de Chiruran réfléchit sur les apparences et la mortelle erreur de trop s’y fier : Shimpachi Nagakura l’apprend en affrontent Gensai Awata. Le très jeune garçon se métamorphose par magie en un gigantesque champion de body building. Son âge est aussi un mensonge. Plus loin, c’est après avoir été amputé de son bras qu’un combattant est devenu plus fort et plus agile. Masquer ses talents ou ses motivations provoque des incompréhension entre les êtres. Un élève ne connaîtra jamais les réelles motivations de son ancien maître.

Chiruran vante plutôt les vertus de l’effort. Cette leçon passe par la négative car Gensai croit au talent et méprise le travail. A l’opposé, Heisuke avait quitté une carrière glorieuse pour suivre un maître plus travailleur. Un amour inassouvi pousse à s’entraîner sans cesse en espérant un duel qui mêlera éros et thanatos dans une étreinte fatale. La série Chiruran devient aussi morale. Des sentiments sont inavouables et poussent à se retirer du monde extérieur puis conduisent au désastre car le désir non-réciproque devient une obsession. La tension est renforcée par la jalousie d’un homme craignant d’avoir été remplacé par des plus jeunes nouveaux amis du Shinsen Gumi. On pourrait même voir un sens psychanalytique à cette lutte. En effet, de grandes lances prennent un autre sens quand plusieurs cases montrent l’excitation du vieillard. A défaut d’autres chose, c’est le sang qui gicle du corps des deux duellistes.

Édité par Mangetsu, la série Chiruran reste toujours aussi fun à lire. Ce volume multiplie les combats en de magnifiques pages. On peut aussi y lire une dénonciation d’un désir trop brûlant ou innommable.

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