Le voyage spatial et amoureux continue dans la suite de Phobos. Cependant Léonor connaît les sombres secrets de ce programme de téléréalité. Va-t-elle en tout dévoiler alors que les douze astronautes s’approchent de Mars ?
Un futur bien sombre
Le futur décrit par l’écrivain et le scénariste Victor Dixen dans Phobos est loin de l’utopie. Ruiné, le gouvernement américain a vendu la NASA. L’entreprise propose ce programme de télé-réalité pour rendre le voyage spatial rentable. Dans le premier tome, le lecteur rencontrait donc six filles et six garçons en voyage afin de coloniser Mars. Plutôt que Koh-Lanta, on pense au Loft. En effet, chaque semaine un candidat rencontre un spationaute du sexe opposé pour le ou la séduire sous le regard des caméras. Le premier tome de Phobos démontait cependant toute cette supercherie. Léonor, la prétendante française, a découvert que le voyage est mortel. La navette n’est pas fiable et la base martienne n’est pas prévu pour durer plus de six mois.
Phobos critique le capitalisme car l’espace et l’amour deviennent un show racoleur. La NASA gagne beaucoup d’argent et sa directrice est pressentie pour devenir la prochaine vice-présidente d’un parti hyperlibéral. Son programme présenté par un robot inquiète. 1984 était loin d’avoir imaginé le pire : ce n’est pas la politique qui est totalitaire mais la société du spectacle. Les spectateurs sont si accros que les cours sont suspendus à l’université pendant le speed dating.
La productrice sait que la destination de la navette n’est pas viable et que le vaisseau a des défauts. Serena a tout prévu y compris la fin de l’aventure : des funérailles internationales et une minute de silence. Ce show est aussi très inégalitaire. Chaque couple devra utiliser l’argent récupéré par le soutien des spectateurs pour s’offrir un espace plus spacieux dans la base martienne.
Un futur très rose
Les éléments de science-fiction sont assez réduits mis à part l’invention d’une nouvelle drogue, le Zéro-G. Phobos s’intéresse surtout aux relations humaines. La série est une aventure d’exploration spatiale mais avant tout une histoire de romance entre jeunes adultes reprenant les codes young adult. Le volume est divisé entre la vie des adolescentes et des rencontres avec les prétendants. Cette vie quotidienne ressemble aux rêves de certaines adolescentes : les filles s’amusent, cuisinent mais n’étudient jamais.
Plus original, Phobos ne suit que les femmes et développent une réflexion sur la beauté. Dans leur ronde nuptiale, les candidats et candidats ne désirent que le corps de l’autre. Ce ne sont pas les seul(e)s car les spectateurs sur Terre admirent les corps des candidats et des candidates. Ces femmes n’existent que si un homme les regarde. Elles se font belle, choisissent des vêtements adaptées à leur image puis attendent sagement le choix du mâle comme le bétail avant l’abattoir.
En dehors de Léo, les garçons sont plus complexes. Mozart est un ancien chef de gang qui a fui une mort imminente en quittant la Terre. Par esprit féministe, Léonor avait refusé de participer au jeu de la séduction. Elle ne fait pas venir son favori mais un prétendant différent à chaque fois. Plus on avance et plus son choix est compliqué. Les dirigeants de la multinationale font pression sur elle et les sentiments de la candidate française entrent en jeu.
Le dessinateur brésilien Eduardo Francisco illustre cette téléréalité en renforçant l’aspect artificiel de son dessin. Il renforce le côté mièvre du récit avec des corps parfaits et lisses. Tout est mignon mais manque alors d’aspérité. La colorisation vive renforce l’aspect joyeux alors que Phobos raconte un drame. On pénètre les coulisses de la création dans les bonus très complets en fin de volume.
Dans le deuxième tome de Phobos, toujours édité par Glénat, la tension monte. Les candidates veulent trouver leur Roméo et Léonore a du mal échapper aux règles. En fin de volume, alors que la navette arrive dans l’orbite de Mars, les secrets sont révélés. Retrouvez sur le site la chronique du premier tome et un texte sur We Only Find Them When They’re dead, autre série de science-fiction.