Dans la pièce « Dalida sur le divan », nous retrouvons sur scène un superbe duo pour une chanteuse mythique et une femme fragile.
Dalida, une artiste inoubliable
Dalida : des titres que tout le monde connaît de Parole, Paroles, à Mourir sur scène, Gigi l’amoroso, Bambino, Il venait d’avoir 18 ans, Tico tico…
Plus de 700 chansons sur une durée de trente ans où elle a su s’adapter à l’évolution de styles musicaux avec aisance, en chantant avec tout son être, jusqu’à ses cheveux, ses yeux, bien consciente pour être une star, il faut donner sa vie !
Souvent considérée comme la Callas des variétés, méprisée des intellectuels qui voyaient en elle un loukoum indigeste, il n’en reste pas moins que nombre de ses chansons ont une réelle profondeur. La création était pour elle un moyen de lutter contre la mort ; et surtout de se battre contre l’ennui, l’indifférence, qui sont la véritable mort ! Les chansons servaient à masquer le vide de sa vie. Être sur scène était sa seule vérité. Le public était son mari ; le chansons ses enfants auxquels elle donnait vie avec une joie rayonnante où la vie triomphait, et où elle réussissait à satisfaire besoin d’être aimée
Dalida, une femme fragile, une femme profonde
Derrière l’apparente légèreté de la plupart de ses chansons, se cache en réalité ce qu’Oscar Wilde nommait génialement la politesse du désespoir que sont malheureusement loin d’avoir tous les désespérés de la Terre !
Dalida a aimé des hommes malades de leur mélancolie. Elle a été profondément marquée par la vie avec le suicide de trois de ses amants, et finira d’ailleurs par se donner la mort avec ce dernier message : la vie m’est insupportable. Pardonnez-moi ! Sans doute une névrose de destinée, comme dirait Freud.
Elle était parfaitement consciente que sa vie n’était pas vraiment sa vie, mais à ceux qui l’avaient choisie ; toujours consciente également que quand quelqu’un réalise notre rêve, ce n’est jamais gratuit et qu’il y a toujours une contrepartie. Elle n’a jamais été épargnée, bien consciente que l’on glorifie les stars tout en les caricaturant.
Quand on chute comme moi, le malheur, on en fait son affaire. La vie, si tu ne triches pas un peu, tu te fais liquider ou tu te liquides tout seul, affirmait-elle.
Dalida était comme un livre ouvert en réalité. Elle vivait entourée d’amis, pour avoir l’illusion de ne pas vivre seule. Elle savait que quand ses amis venaient chez elle, ils transformaient ce qui les inspirait en chansons.
Femme de vérité, elle a toujours dénoncé les imposteurs qui disent plus qu’ils ne font et s’est par ailleurs toujours interrogée sur l’intérêt de mener une vie sans folie.
Un de ses souhaits ultimes était que l’on conserve d’elle une image d’amour. Nous pensons que c’est largement réussi : une amoureuse de la scène, de la poésie, de l’Ideal. Une Grande Amoureuse comme il en existe malheureusement peu, en réalité, vu le risque éminent que ce choix de vie fait courir.
Lionel Damei et Alain Klingler forment un duo d’exception qui nous permet de ressentir, d’éprouver pleinement les deux facettes de l’artiste, entre joie et désespoir.
Un duo d’exception
Alain Klinger joue le rôle du psychanalyste avec une parfaite maîtrise cherchant à permettre à Dalida de surmonter ses souffrances et ses blessures, par les mots et les notes du piano dont il joue parfaitement.
Lionel Damei incarne la star à la perfection, et nous fait vite oublier qu’il est un homme, chauve qui plus est. Sa présence, à la fois forte, fragile et sensuelle et sa voix voluptueuse, élégante, délicate, font étonnamment revivre durant 1h15 l’icône qui nous a quittés il y a quelques 35 ans.
Une admirable interprétation, une sensibilité sans nostalgie, une grande complicité des deux comédiens, tout contribue à faire de Dalida sur le divan un magnifique hommage à la chanteuse inoubliable et la femme sensible qu’elle fut.
On sort du théâtre de l’admirable théâtre intimiste du Verbe Fou en proie à une profonde émotion. Secoué, ému, émerveillé ! Nous ne saurons que recommander vivement ce magnifique spectacle, qui constituera à n’en pas douter un des triomphes du Off 2022.
Informations pratiques :
Théâtre du Verbe Fou
Rue des infirmières
84000 – Avignon
du 7 au 31 juillet 2022
À 13h30
Avec Lionel Damei : comédien, chanteur, auteur
Alain Klinger : Comédien, chanteur, pianiste, auteur
Regard et mise en scène : Sophie Lahayville et Christophe Roussel
Direction technique : William Burdet
D’après le livre éponyme de Joseph Agostini, adapté pour la scène par Lionel Damei, Alain Klingler et l’auteur.