Après Hellraiser 5 : Inferno, L’Exorcisme d’Emily Rose, Sinister et Délivre-nous du mal, le réalisateur Scott Derrickson est une fois de plus de retour au cinéma d’horreur avec Black Phone. Porté par Ethan Hawke et le jeune Mason Thames, Black Phone est un thriller fantastique à l’ancienne diablement efficace. Série B impactant, le récit raconte la survie d’un jeune garçon de 13 ans, kidnappé par un fou, qui le séquestre dans sa cave. Il a comme seul ressource un téléphone, qui n’est pas branché, et qui pourtant sonne régulièrement…
Adapté d’une nouvelle de Joe Hill
Black Phone est adapté d’une nouvelle de Joe Hill, le fils de Stephen King. L’histoire s’ancre à la fin des années 1970 dans une petite ville du Colorado. Pour construire le personnage du kidnappeur, Joel Hill s’inspire d’une histoire vraie : celle de John Wayne Gacy, dit « le clown tueur », inculpé pour le meurtre de 33 jeunes hommes.
Si Scott Derrickson maîtrise aussi bien son sujet, c’est parce qu’il a lui-même grandit dans le Colorado dans les années 1970. Il évolue donc en pleine période Ted Bundy, un autre célèbre tueur en série.
Black Phone : une série B ultra efficace
Après avoir fait un détour chez les super-héros avec Doctor Strange, Scott Derrickson est de retour au cinéma qu’il maîtrise à la perfection : le cinéma d’horreur. Avec Black Phone, il propose une série B sans prétention et pourtant maîtrisée sur le bout de doigts. Le metteur en scène mélange habilement horreur, thriller et fantastique. Grâce à la figure de méchant, incarnée par un Ethan Hawke habité, il offre ainsi une menace universelle et permanente.
Il réécrit le mythe du croquemitaine moderne, en l’encrant dans des problématiques de recherche d’identité ultra contemporaine. À l’image de ces masques bipolaires qui dictent à l’antagoniste son caractère et ses envies.
Ainsi, via un postulat de départ assez simpliste, Scott Derrickson mélange les genres avec une maîtrise dingue. Black Phone est à la fois un film de séquestration (qui doit beaucoup à Room), un slasher-movie (difficile d’éviter la comparaison avec Halloween), mais aussi un film d’esprits dans lequel il convoque parfois la maîtrise de son collègue James Wan. Difficile aussi, de ne pas se rapporter aux Ça d’Andy Muschietti (kway jaune et jeunes enfants sont mis en avant).
Mais surtout Black Phone est un film malin. Scott Derrickson ne tombe jamais dans le cliché. La figure du mal, incarnée par Ethan Hawke est très moderne. C’est une masse de muscle sans passé, sans présent, presque hors du temps, dont le seul but est de terroriser.
Une mise en scène intelligente
Via Black Phone, Scott Derrickson inverse aussi le concept des esprits. Souvent présentés comme des êtres démoniaques, ils sont ici source d’aide, de soutient, ce qui permet au cinéaste d’avancer un propos extrêmement pertinent : le vrai danger est réel, le vrai danger est le boogeyman, le vrai danger est le tueur en série, le vrai danger est donc la société pervertie. Enfin, le cinéaste propose une mise en scène en retenue. Même si quelques jump scares viennent ponctuer le récit, ils sont utilisés avec une intelligence folle, et ne sont jamais disposés de manière fortuite et inutilement tape à l’œil. Avec Black Phone, Scott Derrickson rappelle l’utilité et l’efficacité des jump scares, quand ceux-ci sont pensés en amont, et employés à bon escient.
Finalement, le seul bémol de cette histoire réside dans l’intrigue du frère de l’antagoniste. Personnage secondaire étrange, qui semble ajouté comme un cheveux sur la soupe, et qui n’apporte rien de concret au récit. C’est la seule véritable zone d’ombre du long-métrage, car on se demande encore en quoi son existence est justifiée… Quoi qu’il en soit, avec Black Phone, Scott Derrickson prouve une fois de plus qu’il est tout simplement (avec James Wan) le meilleur artisan du cinéma d’horreur hollywoodien grand public. Quel putain de plaisir !!