Un nouveau parrain bouleverse tout dans Soten No Ken T04

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En tuant le parrain, Kenshiro pensait avoir fait s’effondrer le clan rival de l’Union du Pavot. Mais un nouveau leader a émergé des cendres et le quatrième tome de Soten No Ken voit une nouvelle guerre se préparer.

Le Parrain 2Une bourgeois chinois dans Soten No Ken

Ce nouveau chef de l’Union du Pavot, Zhang Taiyan, a remis de l’ordre dans les débris de son clan. Alors qu’il dominait l’ensemble de la cité de Shanghai, ce groupe mafieux s’est effondré en quelques jours à la suite du retour de Kenshirô depuis le début de Soten No Ken. Ce puissant guerrier du Syndicat de Jade venu réaliser sa vengeance a tué le parrain puis il a récupéré sa fortune et a même libéré son ami et chef que l’on croyait disparu. Pan Guangling veut faire retrouver son pouvoir sur toute la ville à son groupe mafieux.

La lutte entre le Syndicat de Jade et l’Union du Pavot est relancée, mais ils ne sont plus seuls. En effet, les deux clans rassemblent des alliances très larges en prévision de la guerre. On découvre qui est derrière l’union du Pavot et cela explique la médiocrité de précédents chefs qui n’étaient que des hommes de paille. Par ces alliances, Soten No Kendevient une série politique où Tetsuo Hara donne son avis sur le contexte géopolitique de l’époque. Sa vision de la responsabilité du Japon dans la guerre paraît bien plus moderne que dans de nombreuses séries récentes. Les mafias doivent également composer avec le représentant de la France, le colonel de Guise. Par ce personnage, le lecteur pénètre dans l’administration coloniale de la ville qui, à l’image de la mafia, est divisé en plusieurs clans et ravagée par la corruption. Malraux, capitaine de la police dans la concession française, cherche en effet à renforcer son pouvoir. Né en Chine, de Guise servait surtout la France dans le tome précédent, mais ses valeurs morales et des révélations sur sa famille le poussent à prendre parti dans la guerre des gangs plutôt que d’écraser les deux groupes.

De plus en plus fort

Dans ce quatrième tome de Soten No Ken, Le scénariste et dessinateur Tetsuo Hara continue sur sa lancée : tout exploser sans prendre aucun gant. Cela se voit dans les combats qui deviennent plus irréels au fil des tomes. Les combattants pratiquant le Hokuto Sôkaken ont des talents inhumains. Zhang Taiyan peut enfoncer son doigt dans le crâne de quelqu’un jusqu’au cerveau et en touchant une zone précise, il le force à faire tout ce qu’il souhaite. Kenshirô oblige les gens à dire la vérité de la même manière. Tetsuo Hara continue à se moquer des proportions atteignant ici un niveau titanesque. La représentation de la violence est également plus gore. Étrangement cette représentation de la violence cohabite avec une présence de la religion bouddhiste. On est cependant loin des canons des temples : des moines tatoués, les cinq crocs du Hokuto Sôkaken viennent du Hebbei pour écraser le syndicat de Jade. La religion se range donc du côté du mal.

Seven en Chine ?Les barbares dans Soten No Ken

La frontalité dans Soten No Ken passe aussi par les caractères des personnages. Les paroles ou les images sont parfois outrancières. Dans le premier chapitre, un truand avec une pince immense en métal prépare un enlèvement dans un parc, mais doit attendre son patron qui est en plein échange charnel dans la voiture. On pourrait croire que Tetsuo Hara a l’objectif de parcourir les sept péchés capitaux à travers les dirigeants de l’Union du Pavot. Chacun est en proie à une obsession dévorante. Après la gourmandise du précédent, la luxure est la principale motivation du nouveau parrain Zhang Taiyan. Il s’intéresse en particulier aux femmes mariées qu’il pervertit.

Le problème pour le lecteur de 2022 pourra être choqué surtout que cela s’accompagne d’une représentation des femmes pour le moins datée. Les amantes de Zhang parlent à peine et se collent sans cesse aux hommes pour être à leur service. A l’opposée, d’autres femmes sont des saintes qui finissent souvent mal. L’opposition est nette avec Kenshirô. Il sait désormais que l’amour de sa vie, Yuling n’est pas morte et veut la retrouver. Entretemps, il rencontre des femmes, mais reste très fleur bleue. Au contraire, Zhang ne croit qu’en la conquête féminine et méprise l’amour.

Le travail de l’éditeur Mangetsu est également à saluer. Non seulement, la série Soten No Ken est d’un excellent rapport qualité-prix, mais il signale également à l’arrière de la couverture les noms du traducteur (Odilon Grevet) et de la lettrice (Tomiko Bénézet-Toulze). Deux pages en fin de volume expliquent le contexte des années 1930 et aident à repérer des personnages historiques présents dans le manga.

Soten No Ken continue sur sa lignée, mais en poussant le bouton encore plus. Les guerres mafieuses deviennent ouvertes et collectives. Les combats et la représentation des corps deviennent irréels. Les fans de baston y trouveront leur plaisir en espérant découvrir la suite de cette saga coloniale.

Vous pouvez retrouver d’autres séries historiques sur notre site avec Keiji et Chiruran.