Alors qu’on attendait Shang-Chi comme un hors-série Marvel assez basique, quelle ne fut pas la surprise de voir l’un, voir le, des meilleurs films que le MCU ait jamais sortis au cinéma !
Shang-Chi et la légende des dix anneaux raconte l’histoire de Shang-Chi, forcé de faire face à son passé étroitement lié à l’organisation des dix anneaux, une organisation criminelle qui contrôle secrètement l’humanité depuis plus de 1000 ans…
Depuis un moment, à l’exception du sublime, mais clivant Les Gardiens de la Galaxie volume 2, MCU semble avoir déserté le terrain du spectaculaire. Noyant ces personnages sous une pluie de blagues médiocres et d’action ultra-basique à peine capable de rivaliser avec les Spiderman de Sam Raimi, Marvel semblait perdu, incapable de se renouveler. Shang-Chi est la preuve qu’un espoir pour le MCU est encore possible.
Commençons par le négatif. Dès que Shang-Chi se retrouve lié au forceps à l’univers partagé, le charme du film de Destin Daniel Cretton disparaît, nous laissant comprendre que nous sommes toujours face à un système industriel à grande échelle. L’humour est souvent utilisé de manière grossière, imposé par un cahier des charges, et le film souffle d’un ventre mou, au milieu du film.
Le positif ? Tout le reste. Shang-Chi raconte l’histoire de deux enfants qui essaient de s’émanciper de leur tyran de père, vieux de 1000 ans, indestructible. Introduire le personnage du mandarin, mythique méchant des comics était risqué. On se retrouve avec l’un des « méchants » les plus émouvants du MCU, incarné par Tony Leung, légendaire acteur de Wong-Kar Wai. Un méchant, profondément humain, qui ne souhaite avoir qu’une seule chose : une famille. Seulement, il ne s’y prend pas de la bonne façon. Schéma classique, mais auquel la présence d’un acteur de Tony Leung ajoute une véritable présence. De plus, on prend au sérieux ce personnage, afin de montrer toute sa souffrance sur grand-écran.
Ici, on n’essaye pas d’éviter le drame. Il est pleinement assumé. Bien sûr, ce drame n’est pas d’une finesse extrême. Mais n’oublions pas que nous restons chez Marvel, alors ne soyons pas trop exigeants. La belle surprise de Shang-Chi vient sur le terrain de l’action. Destin Daniel Cretton révèle un talent fou. L’action est très souvent impressionnante, rivalisant par moment avec le cinéma des maîtres du cinéma d’art martial (on pense souvent à Tigre et Dragon et au cinéma de Tsui Hark). On ressent l’impact de chaque coup, bien aidé par l’utilisation de grand angle. De même par l’utilisation des effets spéciaux, enfin digne d’un blockbuster à 200 millions de dollars.
Combat sur des échafaudages, lutte contre des arbres mouvants, contre une armée de démons. Mais rien ne vaut les affrontements entre Shang-Chi (incarné par l’excellent Simu-Liu) et son paternel, le Mandarin (Tony Leung donc). À la fois émouvants et spectaculaires. Si tout n’est pas parfait du point de vue de l’action (certains mouvements sont illisibles), la grammaire visuelle du MCU se retrouve totalement renouvelée.
Comme nous l’expliquons, nous sommes loin du film parfait. L’histoire, malgré un exotisme asiatique qui est présent uniquement pour gagner les faveurs du public chinois, s’avère être efficace. Tout en étant sublimé par des scènes d’actions spectaculaires, parfaitement chorégraphiées, et un univers de quasi-héroïc fantasy extrêmement séduisant. Le tout, accompagné par des effets spéciaux plutôt réussis, sublimé par une excellente mise en scène.
Shang-Chi est la démonstration que Kevin Feige ferait mieux de libérer les réalisateurs et les laisser expérimenter avec leurs caméras et les outils surpuissants offerts par l’industrie hollywoodienne. À défaut de nous livrer des chefs d’œuvre, la maison des idées nous offrirait de véritables grands moments de divertissement qui resteraient imprégnés dans la rétine du public.
Nous ne pouvons qu’espérer que Shang-Chi soit le début d’une nouvelle ère pour Marvel. Les prochains films du MCU, ceux de Chloé Zhao et de Sam Raimi semblent nous annoncer vers quelle direction se déroule la filiale de Disney : des films dédiés au cinéma, capable d’exciter notre imagination via leurs sens de l’action et de la mise en scène. Bref, des films honnêtes, dédiés au divertissement et qui ne prendront pas les spectateurs pour des jambons en étant uniquement des téléfilms à 200 millions de dollars.