Dans La fleur de la sorcière, Tami vit dans un monde médiéval où, comme tous les adolescents de son village, il doit partir pour être reconnu comme un adulte. Mais, sans guide, comment pourra-t-il devenir un homme ?
Un récit magique médiéval
Dans la poudreuse, un jeune garçon, Tami suit des runes pour affronter le démon géant Rutu. Ces actions brutales auront des conséquences. On a déjà parlé d’un géant mais il y a aussi des squelettes vivants. La fleur de la sorcière est un récit d’action mais aussi bien plus. En fois battu, il explique à un squelette qu’il est en voyage pour devenir un homme. C’est une tradition de son village pour tous les enfants de dix ans mais il est perdu car personne ne lui dit comment faire. Au cours de son voyage, un shaman lui a expliqué qu’il doit aller au nord pour cueillir la fleur de la sorcière. Il cherche donc le village de Karriga pour atteindre cette précieuse plante. Après une tempête, deux villageois, Eemil et sa fille Mira retrouvent Tami inconscient dans la neige. Il faudra tous leurs efforts pour le sauver de ce coup de froid. C’est par eux que la vie du jeune garçon va changer. Alors qu’il veut devenir un homme, il va plutôt apprendre à profiter de son enfance. En effet, Tami, naïf et maladroit, vit dans un monde binaire des contes de fées alors qu’Eemil lui eneigne la complexité du réel. Il va comprendre que plutôt que de tuer toutes les créatures, il est préférable de les comprendre.
Édité par 404 comics, La fleur de la sorcière est le premier roman graphique d’un auteur italien, Enrico Orlandi qui, malgré cette inexpérience, installe une ambiance magique très originale. Les costumes du héros et les runes nous font voyager vers la Scandinavie alors que le relief fait plutôt penser aux montagnes alpines. Le village de tentes de Karriga rappelle les peuples nomades d’Amérique. Même si le dessin numérique d’Enrico Orlandi est composé d’aplats, il pratique plusieurs styles. Son dessin devient plus iconique dans les souvenirs en n’utilisant que trois couleurs : noir, blanc et beige.
La fleur de la sorcière contemporaine ?
Tout en douceur La fleur de la sorcière fait bouger les lignes. Mira par une question montre bien que le village de Tami est misogyne alors que cet apprenti héros se questionne sur la masculinité. Il veut être respecté en devenant un homme. Pour cela, il a mené une quête traditionnelle – tuer des démons, délivrer des princesses et découvrir un trésor – mais ces exploits ne lui suffisent pas. Il doit cueillir une fleur mais est-il prêt à tout pour cela ? A côté de lui, la plus jeune, Mira est bien plus débrouillarde et connaît très bien les lieux. Elle veut s’amuser et ne rien prouver. Il est sans arrêt sur le qui-vive. Tout comme la société actuelle réveillé par les mouvements féministes, un héros n’est plus seulement un homme victorieux. On retrouve aussi la question des malentendus culturels. Tammi est fier d’avoir tué Rutu. Ce démon était certes laid, mais pour les habitants d’un village il les protégeait des esprits malveillants.
La fleur de la sorcière commence comme un roman d’initiation assez classique avec un jeune héros voulant prouver sa valeur par la force de l’épée mais Enrico Orlandi sort avec malice de ces schémas maintes fois répétés pour montrer que l’important est de penser aux autres. En fin de volume, il y aura bien une morale mais bien plus moderne que prévue.
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