Couleur d’asperge, le jour où j’ai découvert que j’étais asperger : une héroïne atypique

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Couleur d’asperge, le jour où j’ai découvert que j’étais asperger nous plonge dans  Le lecteur suit son parcours initiatique depuis son enfance jusqu’au diagnostic, qui lui permettra de prendre son envol. 

Lever le voile sur l’invisible

Lusun est incomprise. Pour ses proches, ses professeurs, et pour elle-même, elle reste un mystère. Quelque chose l’empêche de faire comme tout le monde. Elle ne supporte pas le bruit ni le toucher, ne parvient pas à soutenir le regard, apprend des langues étrangères simplement en regardant ses films préférés. Elle ne maîtrise pas les codes sociaux et linguistiques -ou ne se laisse pas enfermer dans ces derniers- et finit par se cacher derrière son rubik’s cube, un rempart contre le monde, dont elle comprend mieux les règles. En proie aux doutes, elle s’indigne autant qu’elle souffre d’être différente dans un monde qui cloisonne. Elle ne parvient pas à penser et à agir comme eux, même lorsqu’ils l’y encouragent avec plus ou moins de bienveillance.

C’est cependant aussi grâce aux autres qu’elle trace son chemin. D’abord grâce au soutien de sa famille, et de son ‘bouton d’or’, qu’elle rencontre à l’école. Puis, suite aux conseils de ce dernier, elle accepte de se rendre chez la psychologue qui pose le diagnostic : elle est Asperger.

Loin d’être une fatalité, ce diagnostic la libère d’un poids. Tout s’éclaire pour elle, son avenir aussi, et les dessins se teintent de bleu, la couleur préférée des autistes. 

Être une femme asperger

‘C’est déjà pas facile de devenir une femme quand on est normal ! Alors imaginez dans mon cas…’, confie Lusun. Elle ne se sent d’ailleurs ni fille ni garçon.

Elle s’étonne également, après avoir fait des recherches sur les Asperger suite à son diagnostic, qu’on ne parle que des garçons. Les femmes sont en effet moins visibles et plus difficilement diagnostiquées. Cela s’explique par le fait qu’elles se rendent elle-même invisibles en intériorisant leur différence. Elles choisissent plus volontiers des domaines qui facilitent leur intégration : l’art, la psychologie… Là où les hommes se tournent davantage vers des domaines qui ne permettent pas les échanges si leurs interlocuteurs ne connaissant pas ces sujets, tels que la physique ou les mathématiques. Les femmes ont aussi tendance à davantage imiter les personnes qui les ont éduquées et à se comporter comme elles en société, alors que les hommes paraissent plus nettement en marge. Elles se fondent ainsi dans la masse ; discrètes, leurs symptômes sont souvent associés à de la simple timidité. Les ‘Aspergirls’ désignent ces femmes Asperger qui s’ignorent, ou qui se font diagnostiquer sur le tard.

La fiction au service d’un ouvrage didactique

Si l’histoire de Lusun publiée chez l’éditeur Glénat est une fiction, elle s’inspire de faits bien réels. Elle s’appuie sur l’histoire du scénariste, Drakja, ainsi que des références bibliographiques. Derrière son apparence légère et enfantine, portée par la voix de cette jeune femme et de ces dessins aux personnages attachants, Couleur d’Asperge rend le syndrome visible et permet de le comprendre davantage.

A la portée de tous, il permet de mieux cerner les caractéristiques des Asperger, et de déconstruire un certain nombre de clichés. Il démystifie par exemple la notion de ‘génie’ pouvant être attribuée aux Asperger y compris par eux-mêmes : « je suis pas un génie ! Je sais même pas couper les légumes… » s’étonne Lusun lors de son diagnostic. Ce récit rappelle aussi que les Asperger peuvent avoir une vie ‘normale’, avoir une vie affective et être autonomes. C’est finalement le parcours de vie que nous retenons le plus de cette jeune femme, qui lutte malgré sa différence, et s’affirme au fil des pages.