Critique des 5 premiers épisodes de l’anime SK8 the infinity : lancement réussi

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Depuis début janvier, la plateforme Wakanim propose en simulcast de suivre SK8 the infinity,  la nouvelle série des studios Bones  (Space Dandy, My Hero Academia, Cowboy Bebop le film…) centrée sur le monde du skate. Un projet qui fait saliver quand on connaît toute la créativité de ce studio et son amour pour les univers underground. Au bout de 5 épisodes, il est déjà possible de tirer un premier constat très positif. 

sk8

L’histoire nous transporte à Okinawa. La nuit se déroulent des courses spéciales : des duels en skate. La plus célèbre, « la S », voit s’affronter les meilleurs pratiquants le long d’un parcours spectaculaire et dangereux. Les plus grands  « riders » , Joe, Cherry Blossom, Shadow ou Adam l’ont remportée et sont devenus des légendes. Reki jeune lycéen, concepteur de planches de skates est un fan de ces joutes.

Spectateur au début, il a tenté d’affronter Shadow sur la descente mythique, mais a été sèchement battu. C’est alors qu’à peine remis de sa déconvenue, un nouvel élève arrive dans son lycée : Langa, un canado-japonais dont le père est décédé. Entre les deux lycéens se noue rapidement une solide amitié autour du skate, un sport que Langa n’a jamais pratiqué. Mais son passé de snowboarder lui permet de progresser très vite au point de relever un défi à la course « S » et de le remporter. Sa victoire attise la concurrence d’autres compétiteurs qui souhaitent se mesurer à lui.

Skate and Furious

Premier constat après ces 5 premiers épisodes, le spectacle est au rendez-vous. Le studio se lâche dès le 1er épisode pour nous livrer des courses hyper spectaculaires, rapides, énergiques. Et le reste des épisodes va encore plus loin : techniques aériennes, figures acrobatiques, trajectoire défiant la gravité. Tout est réuni pour nous immerger dans des face à face tendus. Le studio n’en oublie pas de nous offrir aussi des moments plus calmes centrés sur le travail technique, l’apprentissage de figures artistiques, la maîtrise de la planche avec son lot d’échecs, de chute. Il y a un vrai amour pour le skate que ce soit pour ce qu’il procure comme sensation que comme imaginaire (la mode, la musique..). La série devient alors une porte d’entrée pour les néophytes du skate explicitant les figures, la conception du matériel.

En plus, le studio nous construit tout un univers secret, celui des courses clandestines avec ses signes de reconnaissances, ses codes, ses rituels. Seuls les initiés peuvent savoir où elles ont lieu. Une fois la nuit venue, l’île s’anime et devient l’épicentre de joutes à la gloire de la vitesse. Pour renforcer cette ambiance, la série multiplie les clins d’œils visuels et narratifs à des films américains célèbres . Nous retrouvons par exemple les codes des courses illégales de la série Fast and Furious ; ou la célèbre règle du Fight Club : il est interdit de parler de la course « S », il est interdit de révéler l’identité des participants.

Quand Musashi rencontre Tony Hawk

La grande force de ce début de SK8 the infinity consiste également dans la construction d’un univers original. Les duels mélangent l’imaginaire des samouraïs avec celui des skaters.

En effet, dans la manière de mettre en scène l’entraînement mais aussi dans la chorégraphie des courses, le studio bones reprend des figures de style propres au chambara, film de sabre populaire au Japon qui a mythifié la figure du samouraï et installé des codes dans la mise en scène des duels, dans la caractérisation des personnages.  Le personnage de Cherry Blossom incarne parfaitement cet emprunt. C’est un skater-calligraphe, sage, réfléchi, vêtu d’un kimono, préférant la réflexion à la force brute, contrairement à son rival et ami Joe. On voit en lui une nette référence à Musashi (célèbre samouraï des XVIème et XVIIème siècle) lequel  est d’ailleurs évoqué dans l’épisode 4.

Et dans le même temps, la série rend hommage à la « culture » skate : street art, graffiti, décoration bariolée, langage, défis physiques, dépassement de soi. Plusieurs moments s’attardent sur la beauté artistique quasi hypnotique des chorégraphies, sur la symbiose entre la planche et son pilote. Il en résulte un métissage assumé et réussi de deux univers que tout semblait opposer a priori.

Des archétypes au service du suspense et de l’humour

Le début de SK8 the infinity nous convainc enfin par l’écriture de ses personnages. La relation fonctionne parfaitement entre Reki et Langa.  Faite d’humour, de décalage culturel entre un natif et un métisse et de complicité fraternelle, elle crée une tension permanente au moment des courses. Les autres personnages sont aussi très bien écrits même si l’on retrouve des archétypes du shonen : l’intellectuel contre le sportif, la brute au cœur tendre, l’enfant génial mais seul, le mystérieux adversaire. Ce qui est surtout très drôle c’est le contraste existant entre les personnages que se sont créés les skaters et leur vrai visage dans la vie réelle notamment concernant Shadow. Dernier point intéressant, des éléments plus tragiques nourrissent le background des personnages : deuil, amitiés brisés, homosexualité…

En cinq épisodes, Sk8  the infinity pose les bases d’un anime terriblement addictif. Techniquement de haute volée, bien scénarisé, ce début est plus que prometteur. Vivement la suite.

Bande annonce SK8, The infinity