Critique de « En passant pécho » : retour réussi de Cokeman sur Netflix

0
2809

Après une web série débutée en 2012, Julien Royal (fils de François Hollande et Ségolène Royal), offre la suite des aventures de Cokeman dans un format long. En passant pécho « les carottes sont cuites » est disponible sur Netflix depuis ce mercredi 10 février 2021. Côté casting, le film voit les retours de Hedi Bouchenafa et Nassim Lyes dans les deux rôles principaux. Le reste de la distribution se compose notamment de Fred Testot, Vincent Desagnat, Hakim Jemili, Julien Courbey ou encore Jonathan Lambert. Bref, une team du futur pour offrir un nouveau tour de piste à l’équipe de En passant pecho.

En passant pécho : le retour de Cokeman

Le 23 mars 2012, Julien Royal sort une vidéo qui fait instantanément le buzz : « En passant pécho » épisode 1 : Le film de boule est-il une drogue ? Le ton est posé, et la vidéo comptabilise aujourd’hui presque 4 millions de vues. Sept épisodes plus tard, et de nombreuses vidéos hors sujet, Julien Royal est de retour à En passant pécho. Cette fois, dans un format long. Propulsé par Netflix, le cinéaste dérive son concept sur grand écran et rappelle Hedi Bouchenafa et Nassim Lyes pour reprendre les rôles de Hedi et Cokeman.

Critique de "En passant pécho" : retour réussi de Cokeman sur Netflix

Le long-métrage s’inscrit parfaitement dans la continuité de la web série. Le réalisateur reprend certaines vannes, certaines situations, pour renvoyer les fans de la première heure à leurs vieux souvenirs nostalgiques. La blague sur Jafar est de retour, mais cette fois retravaillée, pour une autre dynamique. Cokeman est toujours aussi extravagant, d’une folie encore jamais atteinte, un rouleau compresseur que rien ne semble pouvoir arrêter. Après s’être déguisé en Boo, le protagoniste se lance encore dans les cosplays, cette fois pour rendre hommage aux Tortues Ninja. Bref, le bougre, toujours porté par la force de Nassim Lyes, n’a pas perdu de sa grandeur, bien au contraire.

Mais Julien Royal a également l’intelligence de tenter de s’adresser à un public qui ne le connaît pas. Et qui, surtout, ne sait pas ce qu’est réellement l’identité de En passant pécho. Le cinéaste introduit donc une toute nouvelle gamme de personnages, tous hauts en couleurs, pour éviter de tomber trop dans la private joke ou le fan service et de laisser le grand public sur le carreau. On regrette par ailleurs les absences de Quibron et de Tintin, personnages emblématiques de la série. Leur omission est un manque assez conséquent. Mais difficile de savoir si cette volonté de s’ouvrir à un autre public va réellement fonctionner…

Une certaine maladresse

Mais bon, Cokeman à lui tout seul assure le show. Julien Royal réécrit son personnage avec une folie parfois éreintante mais qui sied parfaitement à la représentation de cette figure du net. Le comédien prend ses aises dans un format plus long. Après un début un peu timide, il finit par porter l’œuvre sur ses épaules. Nassim Lyes n’hésite pas à se réserver son quart d’heure personnel. Un trip égocentrique qui place Cokeman, imprenable face à une horde de policiers débordée par ses capacités qui dépassent l’entendement.

Critique de "En passant pécho" : retour réussi de Cokeman sur Netflix

En passant pécho est loin d’être parfait. Le film est souvent maladroit, parfois timide et généralement très inégal. La faute à un enchaînement de situations qui manque de créativité. En passant pécho est bien souvent une succession de sketchs mis bout à bout, ne servant pas forcément une intrigue, qui sonne souvent comme un simple prétexte au retour de Cokeman. Cette incapacité à sortir des sentiers battus réduit la portée du film, qui s’apparente plus à un épisode bonus, qu’à un véritable long-métrage à part entière. Mais c’est aussi cette inexpérience qui donne un certain charme au film de Julien Royal.

Julien Royal a compris le fonctionnement des stoner movies

Dans tous les cas, Julien Royal a compris (et ce depuis bien longtemps) comment fonctionne un stoner movie. Genre très rare dans le cinéma français, le stoner movie (ou film de fumeurs de joints) est un art à part entière. Que ce soit Las Vegas Parano ou The Big Lebowski, pour ne citer que les meilleurs, il faut savoir comment aborder ce type de film avec une certaine verve et originalité. Comment trouver le juste milieu entre stupidité et inventivité, entre se faire plaisir et emmener le spectateur avec soit. Et Julien Royal ne déshonore pas le genre. Bien au contraire.

Critique de "En passant pécho" : retour réussi de Cokeman sur Netflix

Il remplit parfaitement le cahier des charges, offrant des personnages totalement décalés, des discussions de fonsdés magnifiques, et des situations totalement ancrées dans l’héritage du genre. Le réalisateur va au bout de son délire. Il ne fait aucune concession, jusqu’à présenter une séquence d’action ludique qui prouve la liberté de ce genre de production. Cokeman contre une armée de flics, dans une chorégraphie assez dynamique qui rappelle parfois le récent Nicky Larson. Difficile de faire plus (volontairement) con que ça. Julien Royal va même jusqu’à briser le quatrième mur, sans réelle raison d’ailleurs, offrant ainsi une certaine générosité d’écriture. Le cinéaste a en tout cas la ferme volonté de proposer une œuvre délirante, véritable hommage de stoner.

En passant pécho peut également compter sur des personnages secondaires solides. Fred Testot tire son épingle du jeu, notamment le temps d’une séquence hilarante, où le comédien se prend au jeu de l’autodérision. Une scène méta, où il râle d’apparaître dans « cette merde », qu’il ne comprend rien au film, mais que son agent lui a suggéré que « ce serait bien pour ta carrière ». Et c’est franchement très drôle. À noter également les apparitions remarquées de Jonathan Lambert en vendeur dans un sex-shop ou encore Kemar en douanier. Bref, sans être le film du siècle, En passant pécho est un solide divertissement, qui ravira les fans de la web série, mais laissera peut-être les néophytes sur le bord de la route.

Plutôt cool En passant pécho. Julien Royal surfe sur ce qui a fait le succès de la web série. Cokeman est en grande forme, certains seconds rôles sortent du lot, les références sont plaisantes. Et même si c’est inégal et parfois maladroit, c’est un plaisir coupable non dissimulé.