Critique « Enola Holmes » de Harry Bradbeer : un divertissement gentiment oubliable

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Sherlock Holmes est de retour au cinéma. Mais cette fois, en tant que personnage secondaire. En effet, Enola Holmes se concentre sur la petite sœur du célèbre détective. Réalisé par Harry Bradbeer, le film Netflix adapte les romans éponymes de Nancy Springer. Porté par Millie Bobby Brown dans la peau d’Enola Holmes et par Henry Cavill dans le rôle de Sherlock Holmes, Enola Holmes est disponible sur Netflix depuis le 23 septembre dernier.

Un divertissement gentiment ennuyeux

Enola Holmes n’est pas foncièrement raté. Il s’apparente plus à un divertissement relativement insignifiant à réserver aux plus jeunes d’entre nous. Blockbuster pour la jeunesse, Harry Bradbeer prend le parti pris de briser constamment le quatrième mur. L’héroïne s’adresse directement aux spectateurs à travers des apartés parfois gênants et souvent maladroits. Le cinéaste tente par ce procédé d’imposer une mise en scène ludique et rythmée qui tombe souvent à plat. Un pétard mouillé qui rappelle plus souvent Dora l’exploratrice plutôt que les jubilatoires aventures de Sir Arthur Conan Doyle.

Critique "Enola Holmes" de Harry Bradbeer : un divertissement gentiment oubliable

Ainsi, Enola Holmes est un divertissement bavard, qui manque de rythme, gentiment ennuyeux, rapidement vu et vite oublié. Le genre de production insipide comme Netflix en a le secret. Une proposition sans âme qui accumule les poncifs du genre sans proposer véritablement de mise à jour. Millie Bobby Brown en fait des caisses, cabotine au possible dans un rôle sur-mesure qu’elle parvient à rendre lourdingue. Ainsi, le film d’Harry Bradbeer est largement négligeable, surtout à cause de l’écriture des personnages, d’une simplicité désarçonnante. Le cinéaste parvient à rendre inintéressant un Sherlock Holmes fade, terne et terriblement anodin. Et la prestation sans charme d’Henry Cavill ne permet pas de relever ce portrait prosaïque. Bref, le film manque d’énergie et a de grosses difficultés pour s’affranchir du matériau originel.

Un discours relativement intelligent 

Henry Bradbeer parvient à relever son film grâce à quelques envolées. Certains dialogues réussissent, parfois, à sortir les spectateurs de leur roupillon, le temps de quelques joutes verbales qui n’atteignent pas la qualité d’écriture de Conan Doyle mais permettent d’imposer un peu de style à l’ensemble. On retiendra également quelques ressorts émotionnels qui fonctionnent relativement bien, notamment dans le rapport d’Enola à l’enfance et à la figure fraternelle. Le film offre quelques questionnements quant à l’adolescence, à l’évolution, à l’appartenance, à l’héritage intellectuelle et à l’adaptation sociétale.

Critique "Enola Holmes" de Harry Bradbeer : un divertissement gentiment oubliable

Enola Holmes permet également de mettre en lumière le portrait de la femme. Et même si cette approche manque parfois de panache et demeure très succincte, le cinéaste tente d’offrir une aventure féminine où l’homme est éclipsé. Ainsi, Enola Holmes propose un discours parfois malin sur la place des femmes dans la société, mais également au sein de son propre récit. L’émancipation d’une jeune demoiselle en pleine affirmation d’elle-même, jetée dans un univers masculin, machiste et misogyne, où elle va devoir affronter tous les clichés d’une société patriarcale, et ainsi briser les prérogatives d’un système inégalitaire. Après, tout ceci reste très banal, et le film s’apparente davantage à un teen-movie paresseux qu’à une véritable proposition originale.

Enola Holmes est donc un divertissement relativement paresseux, gentiment ennuyeux, et surtout très négligeable. Quelques ressorts émotionnels fonctionnent, mais l’écriture des personnages est d’une simplicité désarçonnante. Quant à Millie Bobby Brown, elle en fait des caisses.