Sorti le 12 octobre 2019 sur Netflix, Banlieusards est un film réalisé par Kery James et Leila Sy. Avec son franc-parler et sa conscience, Kery James délivre ici un questionnement poignant mais jamais manichéen, sur la situation de la banlieue française.
« Nous suivons trois frères issus d’une banlieue sensible de la région parisienne. Soulaymaan, élève avocat à Paris, réussit brillamment ses études. Son chemin croise celui de Lisa face à laquelle il débat sur la responsabilité de l’État dans la situation actuelle des banlieues, lors de la finale d’un célèbre concours d’éloquence. Demba, l’aîné, vit aux rythmes du trafic et de la rue. Leur petit frère Noumouké, 15 ans, cherche encore sa voie et doit choisir auquel de ses deux grands frères il veut ressembler. Une bagarre, un coup de feu, un drame. »
Un scénario nuancé
« L’état est-il le seul responsable de l’état des banlieues en France ? » Voila la question à laquelle devront répondre Soulaymaane et Lisa lors d’un concours d’éloquence. L’un, Soulaymaane, jeune homme noir issu de banlieue, devra défendre l’état. L’autre, Lisa, jeune fille blanche du 5ème arrondissement de Paris, devra prouver la culpabilité de l’état. Si l’on peut s’attendre à un énième film plat au scénario peu développé et déjà vu, Banlieusards surprend de par son questionnement incessant et la remise en cause perpétuelle des personnages principaux.
Il est un parfait complément au film coup de poing Les misérables, car les deux traitent de la même thématique mais de façon totalement objective. Il laisse le spectateur avoir sa propre interprétation. Toutefois, ce sont des films que ne laissent pas indifférents dans leur questionnement.
Des personnages captivants
Les 3 frères, personnages principaux de l’histoire, sont diamétralement opposés. Tandis que l’un est brillant à l’école, l’autre excelle dans l’illicite. Vient enfin le 3ème, Noumouké qui peine à trouver ses repères. La psychologie des personnages pourrait se voir comme les 3 parties d’une argumentation qui amorcerait un début de réponse à la responsabilité de l’état. En effet, Soulaymaane représenterait la thèse. Ce modèle de réussite, qui dépasse les barrières et qui prouve que l’on peut avoir une brillante carrière professionnelle, même lorsque l’on est enfant d’immigrés, originaire de banlieue.
Demba serait l’antithèse. Pur produit de son environnement, Demba a cherché l’argent facile et est tombé dans le piège du système. Et enfin, Noumouké serait la parfaite synthèse. Encore au collège, on le voit déjà commettre des délits. Il se fait d’ailleurs virer de son établissement. A la fin du film, il passe quand même son brevet et cesse d’imiter son aîné Demba. Il incarne le choix. Le choix d’essayer de s’en sortir de façon honnête et respectable, ou bien jouer la carte de la victimisation. Car oui au final, dans Banlieusards, tout est une question de choix.
En définitive, avec Banlieusards, Kery James signe un bon film pour plusieurs raisons expliquées plus haut. Bien que certains puissent trouver le scénario cliché, il demeure percutant dans les thématiques toujours d’actualités.