Comme nous avons un peu de temps devant nous et chez nous, profitons du moment où la planète se met sur pause pour se (re)faire les classiques du cinéma huis clos. Que ce soit des thrillers, du fantastique ou de l’action, ce type de films a toujours encouragé la créativité sous contrainte, avec plus ou moins de succès.
Souvent réservé aux films d’horreur ou à des films à budget réduit, ce genre cinématographique à part entière a su se renouveler et surprendre au fil du temps. Voici donc une sélection de longs-métrages où les protagonistes, comme nous tous, sont confinés dans un espace plus ou moins réduit et confrontés à des intrigues, parfois linéaires, mais très souvent captivantes.
Fantastique:
Alien, Le 8ème Passager (1979)
Classique incontournable des films fantastiques, Ridley Scott met en scène Sigourney Weaver (Ripley) aux prises avec l’un des monstres les plus mythiques du cinéma moderne, Alien. Ambiance lourde, suspense haletant et excellent équilibre entre horreur graphique et suggérée, Aliens a inspiré de nombreux cinéastes et encore plus de cauchemars à des milliers de spectateurs.
Solaris (1972)
Film injustement méconnu du grand public d’Andrei Tarkovski, Solaris est une œuvre abstraite avec des images à couper le souffle. Un psychologue est envoyé sur une station spatiale pour comprendre les raisons derrière la folie qui s’est emparé de tout l’équipage. Confronté à ses démons (dont le suicide récent de son épouse), le Dr Kris Kelvin commence, à son tour, à perdre la raison. Ce film a fait l’objet d’un remake en 2002 avec George Clooney, sous la baguette de Steven Soderbergh pour ceux qui préfèrent les films plus récents.
Snowpiercer (2013)
Adaptation d’une bande dessinée française (eh oui !) par le réalisateur sud-coréen, maintenant oscarisé, Bong Joon-ho, Snowpiercer est une œuvre d’anticipation qui se passe entièrement dans un train rassemblant les derniers survivants de la planète après l’avènement d’une nouvelle ère glaciaire suite à une expérimentation qui a mal tourné rendant la vie telle que nous la connaissons impossible.
Dans ce train, un nouvel ordre mondial injuste et oppressif, scinde les wagons entre l’avant du train (les riches) et l’arrière du train (les plus pauvres sans aucun droit). Une poignée de rebelles décident alors de mener une révolution pour réclamer un traitement plus équitable.
Casting en béton (Chris Evans, Jamie Bell, Tilda Swinton, Ed Harris, John Hurt…) et scènes à couper le souffle (la bataille contre la Police du train dans un wagon plongé dans l’obscurité est un morceau de bravoure insensé), c’est un film esthète, divertissant et qui fait réfléchir sur des sujets qui sont, plus que jamais, d’actualité.
2001, L’Odyssée de l’espace (1968)
Œuvre majeure de Stanley Kubrick, ce space opéra en 4 actes nous emmène dans un voyage à travers le temps autour d’un mystérieux monolithe lunaire contenant une intelligence supérieure à tout ce que nous connaissons. Une mise en scène exceptionnelle, une musique qui donne le ton à travers les différentes situations et le mythique ordinateur de bord H.A.L 9000 au service d’une histoire qui nous encourage à nous questionner sur notre place dans l’univers et les limites de la connaissance humaine. A faire découvrir à vos proches si vous l’avez déjà vu (en journée de préférence), ce film devrait vous mener vers des débats passionnés. Une façon de plus de passer le temps de manière constructive et amusante !
Qube (1997)
Film anxiogène par excellence, Qube retrace l’histoire de 6 inconnus qui se réveillent dans une pièce sans aucun souvenir de ce qui les a menés dans cet endroit. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils ont été placés dans le Qube, un endroit où les lois de la physique ne s’appliquent plus et où les pièges mortels peuvent surgir de partout.
Premier opus de Vicenzo Natali, un habitué du genre, qui réalisera par la suite Cypher (2002) et Splice (2009) avant de se reconvertir dans la réalisation purement télévisuelle, Qube est une sorte d’ovni du genre à cause de son parti pris très abstrait, de l’absence totale d’empathie pour les différents protagonistes et d’un casting fait de seconds rôles issus majoritairement du monde de la télévision. Une suite est même sortie quelques années plus tard, un échec puisqu’elle ne faisait que capitaliser sur le premier opus sans faire preuve d’aucune originalité.
https://www.youtube.com/watch?v=YAWSkYqqkMA
Suspense:
Buried (2010)
Un tour de force. Rodrigo Cortes arrive à nous tenir en haleine pendant toute la durée du film, soit 95 minutes pour l’un des films les plus angoissants de la décennie. Ryan Reynolds, chauffeur de camion pour une société privée qui mène des opérations en Irak, se réveille dans une boîte. Il n’a que son téléphone et un briquet dans sa poche. Très vite, il comprend qu’il a été enterré vivant. L’air commence à manquer, il n’a plus que quelques minutes pour s’en sortir. Une tension permanente, des rebondissements bien rythmés et les 5 dernières minutes sont d’une intensité rare. A découvrir, si vous l’osez.
Reservoir Dogs (1992)
Un braquage qui tourne mal, une taupe dans le gang, un entrepôt et peu de temps pour sauver sa peau. Le cadre est simple mais c’est Quentin Tarantino derrière (et devant) la caméra. Dialogues savoureux, personnages hauts en couleur, bande-son tarantinesque, le premier film de QT donne le ton de sa réalisation et de son univers. Un casting exceptionnel (pour un premier film) avec Harvey Keitel, Tim Roth, Michael Madsen, Chris Penn et Steve Buscemi en braqueurs nerveux et nevrosés. Un délice pour les yeux, à consommer sans modération.
Phone Booth (2003)
Un publiciste sans histoires a le malheur de décrocher un téléphone public dans les rues de New York. Un sniper caché dans un immeuble lui conseille de bien faire ce qu’il lui demande ou des innocents vont mourir. Commence alors un duel à distance entre Colin Farrell et son tortionnaire (à découvrir) de 81 minutes.
Petite pépite de Joel Schumacher, capable du meilleur (St Elmo’s Fire, Lost Boys, The Client) et du moins bon (Batman & Robin, Batman Forever, Bad Company), Phone Booth est étrangement passé inaperçu lors de sa sortie.
Un petit conseil, ne regardez que la bande-annonce avant de voir ce film, le twist final est trop savoureux pour être spoilé.
Fenêtre sur cour (1954)
Une sélection de films à suspense ne peut être complète sans invoquer le maître absolu du genre, Monsieur Alfred Hitchcock. La silhouette la plus connue du genre s’est aussi essayé au huis clos avec cet effort mettant en scène James Stewart et Grace Kelly et relatant l’histoire de ce photographe voyeur en chaise roulante suite à un accident qui le contraint de rester cloitré chez lui et qui assiste, impuissant, au meurtre de sa voisine de sa fenêtre. Le meurtrier ne tarde pas à se rendre compte qu’il a été repéré.
Ce film a, en quelque sorte, mis les fondations du film de suspense moderne et a été maintes fois copié ou parodié dans de nombreuses émissions et films récents (That 70’s Show, Family Guy, The Simpsons).
Deux remakes ont vu le jour, l’un avec Christopher Reeves en 1998 et un autre avec Shia LaBeouf sous le titre Paranoïak en 2007.
Funny Games US (2007)
Michael Haneke dirige le remake de son propre film pour son adaptation américaine. L’histoire est simple : deux jeunes hommes arrivent dans la maison d’une famille sans histoires, s’ensuit une prise d’otage et un jeu du chat et de la souris des plus sadiques. Mettant en opposition le couple Tim Roth/Naomi Watts en « victimes » et Michael Pitt/Brady Corbet en « tortionnaires », Haneke arrive à donner un souffle nouveau à un genre devenu assez conventionnel avec le temps.
https://www.youtube.com/watch?v=9TBoWs32zlc
Un Après-midi de Chien (1975)
Un homme aux abois décide de braquer une banque pour pouvoir payer une opération importante à l’amour de sa vie. Le braquage se passe mal et se transforme en prise d’otage. S’ensuit une série de pièges posés par les forces de l’ordre pour arrêter Sonny, le braqueur joué par un Al Pacino au sommet de son art et une tension qui monte crescendo jusqu’au climax, intense mais prévisible.
Ce film est connu pour les grandes divergences entre Pacino et Sydney Lumet (le réalisateur) qui ont donné lieu à un tournage tendu et inconfortable. Cette tension est bien présente à l’écran et finit par bien servir le propos du film.
Drame social, syndrome de Stockholm, grandes envolées et dialogues au couteau, ce film a marqué son époque pour son avant-gardisme et le jeu impeccable de ses acteurs.
Horreur:
The Descent (2005)
Une bande de copines s’en va pour un périple de spéléologie dans une forêt reculée. L’expédition tourne au drame quand la bande de valeureuses aventurières est attaquée par une des créatures vivant dans les cavernes qu’elles explorent.
Film haletant, à l’horreur graphique et aux jump-scares innombrables, The Descent vous dégoûtera de la spéléologie et vous maintiendra en haleine jusqu’à la scène finale.
Réalisé par Neil Marshall (à qui nous devons le remake de Hellboy mais aussi Centurion et Doomsday) et porté par un casting de valeureuses inconnues (ce qui, pour ce type de film, est un véritable plus), The Descent a remporté un tel succès qu’il a fait l’objet d’une vraie suite (avec la même équipe) inégale, mais tout aussi flippante.
La Nuit des Morts Vivants (1968)
Pionnier du film de zombies, le regretté George Romero a posé les fondations du genre et lui a donné un nouvel élan à la fin des années 60.
Le synopsis est simple (voire simpliste), un groupe de personnes attaqué par une horde de zombies mangeurs de chair se confine dans une ferme et tente de repousser tant bien que mal les vagues d’attaques des morts-vivants.
La réalisation, crue et stressante, compense des effets spéciaux qui ont mal vieilli et qui, de nos jours, peuvent sembler un tantinet guignolesque. Ça reste un film efficace, intense qui pose la question devenue centrale dans les oeuvres récentes du genre: si jamais les zombies attaquent, quel sera notre rapport à l’autre ?
Saw (2004)
Coup de génie de James Wan, encore inconnue à l’époque, ce film retrace le calvaire des deux personnes qui se réveillent dans une pièce, enchainées et sans la moindre idée de ce qui les a amené ici. Une voix résonne, le Jigsaw veut jouer à un jeu.
Sadique, graphique et machiavélique, le premier épisode de la série, qui enfantera (avec Hostel) la vague de Torture Porn entre 2004 et 2014, reste le plus abouti. Grace, paradoxalement, à un budget limité qui a engendré une créativité accrue dans l’écriture et la représentation de l’horreur, James Wan arrive à nous transmettre l’angoisse des protagonistes qui monte crescendo jusqu’à un final brillant de sadisme.
Gros succès, le film sera décliné en franchise digne des rejetons de La colline a des Yeux, à peine regardables.
Rec (2007)
Un premier film espagnol, dont la bande annonce se limitait à montrer la réaction du public lors des séances test, Rec a bien réussi à maintenir le mystère quant à son intrigue.
Le parti-pris est intéressant, nous suivons l’intrigue depuis la caméra d’une équipe de tournage pour la TV espagnole suivant une brigade de pompiers dans leurs intervention pendant la nuit.
Ils sont appelés dans un quartier résidentiel où les habitants constatent des évènements bizarres. Au moment où la brigade intervient, l’enfer se déchaine. S’ensuivent 60 minutes d’horreur et de suspense purs, sans temps morts et sans concessions. Le coup d’essaie de Paco Plaza et de Jaume Balaguero (les réalisateurs) est un coup de génie, l’histoire se construit peu à peu et est rythmée de découvertes macabres et de scènes de terreur horriblement efficaces.
Ici aussi, le succès du premier opus a donné lieu à beaucoup de suites, à faire dans l’ordre pour bien comprendre le mystère qui entoure l’appartement du dernier étage de cet immeuble.
The Shining (1980)
Deuxième film de Kubrick dans cette article, une adaptation de Stephen King qui, fait rare, tient la dragée haute à l’oeuvre originale. Portée par un Jack Nicholson exceptionnel, l’histoire tourne autour d’une petite famille qui part dans un hotel isolé au milieu des montagnes qui ferme pendant la basse saison (l’Overlook) où le Papa pense trouver le calme nécessaire pour travailler sur son nouveau livre tout en gagnant un peu d’argent « facile ».
Sauf que l’isolement et les forces maléfiques qui sommeillent dans cet endroit vont jouer des tours à Jack qui va sombrer petit à petit dans une folie meurtrière.
Une vraie claque visuelle, une tension de tous les instants, les amateurs de frissons y trouveront largement leur compte.
Misery (1990)
Encore une adaptation de Stephen King (nous aurions pu rajouter Cujo, Gerald’s Game ou encore Rear Window, le maitre de l’horreur aime les espaces étroits) qui délaisse, le temps d’un roman, le fantastique pur et dur pour une oeuvre réaliste mais toujours aussi terrifiante, une sorte de mise en abyme.
Nous retrouvons Paul Sheldon (joué par James Caan), auteur à succès et personnage haut en couleur, victime d’un accident de voiture et secouru par Annie Wilkes, une fan (immortalisée par Kathy Bates) qui le reconnait immédiatement et le ramène chez elle pour le soigner.
Sauf que Paul réalise rapidement qu’Annie ne veut pas juste le soigner, elle va le séquester de la pire des manières (scène déconseillée aux fragiles de l’estomac) et lui faire écrire un roman selon ses propres directives.
Malgré une durée plus longue que la moyenne pour un film porté par 2 acteurs dans un lieu unique (107 minutes), vous n’aurez pas de répit et vous ne verrez plus jamais Kathy Bates de la même manière.
Action:
Piège de Cristal (1988)
Nakatomi Plaza, John McClane, Hans Gruber, une soirée de Noël et des mitraillettes. Si vous ne l’avez pas encore vu le film de Noël ultime, enfilez votre plus beau pull et savourez ce classique indémodable.
Yippikiyay!
The Raid (2011)
Réalisé par le (trop) rare gallois Gareth Evans, ce film ne s’embarrasse pas d’intrigues, de personnages travaillés ou de dialogues savoureux. C’est un actionner à 100% qui vous en met plein de la vue sans trop s’encombrer des codes du genre.
Porté par la révélation du film d’action de ces dernières années, l’indonésien Iko Uwais, un véritable acrobate surdoué des sports de combat, le film relate une intervention d’une équipe d’intervention dans un immeuble tenu par un parrain de la pègre.
Afin d’arriver à neutraliser le big boss, il faudra monter étage par étage pour en découdre avec différentes sortes de sbires et de types de combat.
Un vrai plaisir coupable, extrêmement distrayant et dopé à la testostérone.
The Wall (2017)
Doug Liman (Edge of Tomorrow, Mr & Mrs Smith, The Bourne Identity…) délaisse les gros blockbusters pour expérimenter un nouveau terrain de jeu, le film d’action intimiste.
Deux soldats (John Cena le catcheur/acteur et Aaron Taylor Johnson vu dans Kick Ass, Savages et Godzilla) sont pris au piège d’un sniper. Tout ce qui les sépare de leur bourreau est un petit mur (d’où le titre). Nous ne pouvons pas en dire plus pour ne pas gâcher les rebondissements qui émaillent le film. L’exercice reste tout de même intéressant à regarder.
Cape Fear (1991)
Une collaboration Martin Scorsese / Robert de Niro est suffisamment alléchante pour donner envie de s’y intéresser de plus près. Les Nerfs à Vif (titre français du film) ne déroge pas à la règle.
Nous suivons la destinée de Sam Bowden (Nick Nolte de l’époque de 48 Heures), avocat qui se voit harcelé par un de ses anciens clients, Max Cady (De Niro, comme on l’a rarement vu) sorti de prison après avoir purgé une peine de 14 ans pour viol et qui en veut énormément à son avocat.
S’ensuit une nuit d’orage ou Max va s’en prendre à son avocat et à sa famille (Jessica Lange et une très jeune Juliette Lewis). Une nuit qui sera aussi longue, que violente.
Nous pouvons ajouter quelques comédies comme Le Diner de Cons, Le Breakfast Club ou encore Maman J’ai Raté L’Avion pour mettre un peu plus d’humour dans tout ça. L’essentiel est de passer un bon moment et sortir un peu plus légers de ce confinement.