Critique « L’Atelier des Sorciers » tome 3 (Pika) : Vous pensiez avoir tout vu sur l’univers des sorciers ?

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Nommée pour le Manga Taichō Award 2018 (le Grand Prix du Manga) et sélectionnée par le Honya Club comme le premier manga à suivre cette année, LAtelier des Sorciers est une bombe magique éditée en France depuis le 7 mars 2018. Le troisième tome venant de sortir, il est temps de se pencher sur la série. Mettez vos chapeaux de sorciers et accrochez-vous, la vie à l’Atelier n’est pas de tout repos !

 

 

Cet avis ne contient pas de spoilers majeurs, susceptibles de vous gâcher la découverte du manga. 

 

 

 

 

L’Atelier des Sorciers

 

L-Atelier-des-Sorciers T3

 

Titre original : とんがり帽子のアトリエ/ Tongari Boushi no Atelier

Titre alternatif : Atelier of Witch Hat / Witch Hat Atelier / L’Atelier des Sorciers

Mangaka : SHIRAHAMA Kamome

Type : Seinen

Genres : Fantastique – Tranche de Vie

Éditeur japonais : Kodansha

Éditeur français : Pika / Pika Seinen

Nombre de tomes : 4 (Japon) – 3 (France)

Statut : En cours

 

 

 

Synopsis

Le Secret de la magie !

Coco a toujours été fascinée par la magie. Hélas, seuls les sorciers peuvent pratiquer cet art et les élus sont choisis dès la naissance. Un jour, Kieffrey, un sorcier, arrive dans le village de la jeune fille. En l’espionnant, Coco comprend alors la véritable nature de la magie et se rappelle d’un livre de magie et d’un encrier qu’elle a achetés à un mystérieux inconnu quand elle était enfant. Elle s’exerce alors en cachette. Mais, dans son ignorance, Coco commet un acte tragique!
Dès lors, elle devient la disciple de Kieffrey et va découvrir un monde dont elle ne soupçonnait pas l’existence ! (©PikaEditions)

 

Vous l’aurez compris, quelque chose ne tourne pas rond dans ce monde. En suivant Coco, on découvre que ce monde si simple d’apparence, divisé entre sorciers et gens du peuple, est en réalité séparé volontairement, pour le « bien » de tous. On découvre un monde qui peine à cicatriser d’évènements tragiques, que Coco remue bien malgré elle.

 

« La magie est un miracle qui colore le monde »

 


 

Des destins qui se croisent par hasard ?

 

Le personnage de Coco est au centre de l’histoire et c’est à travers ses yeux que l’on découvre le monde des sorciers. Elle vit avec sa mère, une couturière qui lui apprend les ficelles du métier : découper l’étoffe, tracer les patrons… La jeune fille est une élève minutieuse, mais ce qui la passionne par-dessus tout, c’est la magie. Or, elle ne possède pas ce don réservé à une élite… Du moins, c’est ce qu’elle croit, jusqu’à sa rencontre avec Kieffrey, qui va décider de prendre sous son aile cette « ignorante ». Propulsée chez les sorciers, Coco doit apprendre à maîtriser la magie pour réparer sa faute, mais ce n’est pas tout. Le matériel qui l’a amenée à commettre cette faute la lie à une mystérieuse confrérie… Un brin naïve et facilement impressionnable, Coco est l’archétype d’un personnage de shōjō.

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Kieffrey est la passerelle entre Coco et le monde des sorciers. Il est l’élément déclencheur qui fait découvrir à la jeune fille que le monde qu’elle connaît lui ment, mais surtout, il est celui qui va l’aider à déchiffrer ce monde. Prenant Coco avec lui, il l’intègre à son atelier, où il assure l’apprentissage de trois autres sorcières en herbe : Agathe, Tetia et Trice. Si au départ rien ne le lie à l’accident de Coco, on découvre bien vite que le sorcier est personnellement investi dans la traque de cette organisation. Son choix de prendre le jeune fille comme apprentie est-il alors seulement pour lui un moyen de se rapprocher de la Confrérie ?

 

Agathe est la première élève que Coco rencontre. Froide, déterminée et douée la jeune fille n’est pas décidée à s’ouvrir à la nouvelle apprentie de son maître. Coco fait partie de ce que les sorciers appellent les « ignorants », les gens qui ne pratiquent pas la magie et qui, de fait, ignorent qu’elle peut être pratiquée sans don. Tetia est à l’opposé d’Agathe : extravertie, elle veut pouvoir partager sa magie avec le monde. La troisième élève de Kieffrey est une jeune fille taciturne, une élève très appliquée mais qui se refuse à passer les examens de sorcellerie dont le tracé est si fin et précis qu’elle réussit à tracer des sorts minuscules.

 

Un univers bouleversé

 

Le manga débute dans un univers médiéval-fantastique où l’on croit la population séparée : d’un côté ceux qui possèdent le don de magie et les autres. Pensant ne pas avoir de « don » pour la magie, Coco se passionne tout de même pour le sujet et ne rate aucune occasion d’observer ses effets. Elle découvre en croisant la route de Kieffrey qu’il n’existe pas de don pour la magie, que tout le monde est capable de la pratiquer, car la magie se dessine.

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Rêvant de sorts merveilleux, elle utilise du matériel qu’elle s’était procurée enfant sans savoir de quoi il retournait et elle recopie ce qu’elle identifie comme un sort. Seul problème : le sort qu’elle trace provient de magie interdite. En un éclair, toute sa maison se retrouve cristallisée, sa mère y compris. Kieffrey la sauve in extremis et décide d’effacer tous les souvenirs liés à la magie de sa mémoire, comme il est coutume de le faire aux ignorants. Cependant, il réalise que le matériel que possédait Coco venait de la Confrérie du Capuchon, un organisme qui souhaite le retour d’une magie pratiquée par tous pour le meilleur, mais surtout pour le pire.

Le monde où évolue Coco est fracturé par une utilisation abusive de la magie. Dans le passé, des sorts dont le caractère pouvait porter atteinte à la vie des hommes étaient utilisés en masse pour faire la guerre. Voyant le monde sombrer dans le chaos, certains sorciers prirent la décision de ne garder qu’une poignée de sorcier et d’effacer le souvenir de la magie chez tout le reste de la population. Le mensonge autour de la magie est là pour aider le monde à guérir de ces blessures, pourtant, Coco menace cet équilibre sans même s’en rendre compte. Elle est un engrenage dans la stratégie de la Confrérie du Capuchon pour faire éclater la vérité au grand jour.

 

« Cette petite est la première pierre… il se peut qu’elle tombe et en entraîne d’autres. Et si tel est le cas, nous ne pourrons pas les arrêter. »

 

 

Un jeu de références

 

L’Atelier des Sorciers est le résultat d’une compilation d’éléments culturels que la mangaka affectionne. On reconnaît l’influence des récits de fantasy du genre du Seigneur des Anneaux mais aussi des films d’animations du studio Ghibli pour la conception de l’univers du manga, les paysages font directement penser à la Comté et la faune n’est pas sans rappeler celle de Nausicaa et la Vallée du Vent. Evidemment, il ne faut pas oublier la référence à Harry Potter, présent dans tous les esprits ou presque quand on parle de magie.

Le dessin, lui, montre l’influence de manga des années 80 comme La Rose de Versailles (Lady Oscar) de IKEDA Riyoko : des coupes de cheveux jusqu’aux grands yeux émerveillés, tout y est. Il faut aussi noter la précision extrême de la plume de la mangaka qui donne aux dessins un air de gravure sans les empêcher d’être très doux et dynamiques.

ateliers des sorciers 1 centre Critique "L’Atelier des Sorciers" tome 3 (Pika) : Vous pensiez avoir tout vu sur l’univers des sorciers ?

 

C’est un ensemble qui séduit l’œil, le dessin accroche le regard et il est impossible de s’en détacher une fois le tome ouvert. Les grandes courbes des étoffes, le balancement des cheveux dans le vent, les paysages et les sorts paraissent vraiment se mouvoir sur le papier. Peut-être que SHIRAHAMA Kamome est elle-même une sorcière dessinant sa magie au fil des chapitres.

 

 

Une histoire dont la complexité dépasse les attentes

 

Quand on lit le synopsis de L’Atelier des Sorciers, on repère de suite des éléments que l’on connaît : une héroïne naïve et passionnée, d’autres jeunes filles de son âge qui pratiquent la magie, un mentor, une organisation secrète malfaisante… On pourrait facilement croire à un énième récit sur le pouvoir de la magie et de l’amitié et pourtant, le manga réussit à sortir de ces clichés.

Sa force est l’originalité de la pratique de la magie. Le fait de mettre la traditionnelle baguette magique au placard et d’utiliser un porte-plume, un encrier et du papier à la place est une nouveauté. C’est un élément intéressant qui peut faire le lien entre magie et dessin, ou écriture : au départ des lignes sur du papier qui se transforment en histoires, en figures… Cela lui permet aussi d’induire une certaine rigueur dans l’apprentissage de la magie : apprendre à tracer des figures à main levée, reconnaître les symboles, les retracer, savoir exécuter les sorts de taille variable. Elle crée tout un nouveau répertoire de sorcellerie, détaillant chaque symbole qu’utilisent les protagonistes, chaque objet, chaque animal ou plante magique. SHIRAHAMA Kamome réalise un coup de maître : elle élabore un univers totalement nouveau de A à Z, dans un thème déjà revisité de nombreuses fois.

 

« Un sort ne se lance pas… il se dessine ! »

 

Le scénario n’est pas en reste, au fil des tomes, on découvre que la faute de Coco est liée à la Confrérie du Capuchon et que le choix de la jeune fille comme pion n’est pas le fruit du hasard. Si le premier et le second tomes se concentraient surtout sur les débuts de la jeune fille dans la pratique de la magie, le tome 3 marque une étape dans l’intrigue. L’étau se resserre et ce qui pouvait passer comme un simple accident, se révèle en fait être le début d’un plan de la Confrérie. Coco et sa mère ne sont plus les seules touchées, l’ombre menaçante de la Confrérie plane désormais sur le monde des sorciers tout entier. Il reste néanmoins de nombreuses zones d’ombres. Qui sont vraiment les sorciers de la Confrérie du Capuchon ? Pourquoi ont-ils choisi Coco ? Qu’arriverait-il au monde si la vérité éclatait ?

 

« La magie est un mensonge qui colore le monde »

 

L’Atelier des Sorciers est une variation impeccable du thème de la sorcellerie pourtant maintes fois repris. Le manga réussit à créer la surprise dans un univers où l’on pensait que tout était déjà fait. À découvrir chez votre libraire préféré ! 

 

L'Ateliers des Sorciers Pika