Politique au Brésil : pourquoi ces élections déclenchent ce tumulte médiatique ?

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Dans un Brésil rongé par une crise économique persistante, une corruption (politique et économique) généralisée et un climat de grande insécurité, le résultat est tombé ce dimanche 8 octobre : le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro (parti social-libéral) est arrivé en tête de la course à la présidentielle avec 46% des voix. 

Une victoire écrasante pour ce « Trump Tropical » ?

Bolsonaro ne fait pourtant pas l’unanimité : accusé de tenir des propos sexistes, misogynes (« Je ne te violerai pas, parce que tu ne le mérites pas» en 2014), racistes, homophobe (« Jserais incapable d’aimer un fils homosexuel » en 2011) et extrêmement polémiques («L’erreur de la dictature a été de torturer sans tuer» en 2016), il est pointé du doigt par bon nombre de brésiliens. Beaucoup de mouvements en sa défaveur voient le jour comme « Les femmes contre Bolsonaro », « EleNao » (« pas lui ») et se mobilisent pour faire barrage à la victoire du candidat favori.  Fervent défenseur des intérêts de l’agrobusiness et de la libéralisation du port d’armes, Bolsonaro compte s’appuyer au Parlement sur le soutient des lobbys conservateurs, attisant ainsi les foudres des anti-lobbyistes.

Celui qui estime représenter les valeurs de la famille, de Dieu et de la justice est néanmoins déclaré présumé gagnant du second tour, avec 75% de chance de gagner contre le candidat issu du parti des travailleurs, Haddad, arrivé en deuxième position avec 29,3% des voix. Mais la première victoire à un goût amer pour le candidat d’extrême droite, qui pensait fêter sa victoire complète et définitive dès le premier tour, en espérant remporter plus de 50% des voix.

HADDAD, « le lampadaire de LULA » contre BOLSONARO

L’ex-président Lula , incarcéré depuis avril pour corruption est déclaré inéligible en septembre. C’est donc Haddad qui reprend tardivement le flambeau. Même derrière les barreaux, il restait favori avec 30% des intentions de votes. Assuré de pouvoir « faire élire un lampadaire » avec le seul soutien de Lula, Fernando Haddad s’est présenté de bon cœur comme le « lampadaire de Lula ». Lampadaire qui a su se hisser au 2ème tour dimanche. Notamment grâce à une politique forte contre les inégalités sociales, régionales, de genres et de races. Par exemple, il s’engage à augmenter le salaire minimum et à universaliser l’accès de la population à la santé et à l’éducation. Haddad doit maintenant réussir à mobiliser entièrement les électeurs de Lula pour ce second tour, tout en trouvant son propre profil.

Quelles sont les risques réels et tangibles pour les brésiliens ?

Pour l’instant, l’instabilité règne. Bizarrement, la perception du risque par les investisseurs est moindre. Bolsonaro semblerait pouvoir mettre en place un plan crédible pour relever les principaux défi économiques du pays. Le déficit budgétaire du Brésil atteint 7% de son PIB. Le marché se « soulage » du score de Bolsonaro, en comparaison à celui de Haddad. Effectivement, ses politiques n’auraient pas aidé le Brésil à sortir de la dépression économique qu’il traverse.

Concrètement, 1€ valait entre 4.5 et 4.9 reals en août. Aujourd’hui, 1€ vaut entre 4.2 et 4.3 reals. Si les brésiliens ne perçoivent pas de différence majeure au quotidien, une expatriée française s’en rend bien compte ! Le pouvoir d’achat des ressortissants français utilisant des comptes bancaires européens est vraiment amoindris depuis ces élections. Et c’est une situation qui devrait perdurer. La chute se poursuivrait jusqu’à ce que 1€ soit égal à 3.9 reals.

Alors que Bolsonaro a frôlé la victoire au premier tour, celui du 28 octobre est encore incertain. Haddad a notamment obtenu le soutien de Ciro Gomes (Parti Travailliste Démocratique), arrivé en troisième position avec 12.5% des voix. Affaire à suivre.