Critique S1 « ON MY BLOCK » (Netflix) : un ovni entre coming-of-age & guerre de gangs

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Elle est arrivée sur Netflix sans bruit, à la mi-mars. Dans la droite lignée des dernières sorties de la plateforme : du teen, de la romance, du quirky. On pourrait croire à une énième série coming-of-age, et pourtant ! Il faut se laisser surprendre par cet ovni de 10 épisodes. Un cocktail qui détonne, mais qui fonctionne, puisque (et c’est devenu assez rare pour le souligner) la série a été renouvelée pour une saison 2 moins d’un mois après sa sortie. Alors, pourquoi On My Block aura marqué 2017 ?

QUAND NETFLIX SE LANCE « IN THE HOOD » 

Dès la première scène, l’ambiance est claire : nos quatre personnages principaux, pré-ados de 14 ans, se retrouvent à épier une fête de lycéens avec envie. Un coup de feu retentit ; « c’était un .38 », « Un .45 », « j’ai entendu un .44 » – (en chœur) « un .357 ». Deviner le calibre des balles tirées, un jeu quotidien, symptomatique d’une violence qui ne laisse pas de répit, et qui se mêle aux problématiques adolescentes classiques.

Au milieu de cette jungle urbaine qu’est Freeridge, quartier ficitif de los Angeles où s’affrontent deux gangs, quatre amis d’enfance se fraient un chemin. Monse (Sierra Capri), jeune fille au caractère bien trempé, et César (Diego Tinoco), beau gosse embrigadé dans le gang de son frère, sont amoureux. Une bluette qui vire rapidement au triangle amoureux avec l’arrivée d’Olivia (Ronni Hawk), dont les parents ont été déportés et renvoyés au Mexique. Elle vit chez Ruby (Jason Genao), orateur né avec un sens du style à toute épreuve, qui n’a d’yeux que pour elle. Reste Jamal (Brett Gray), qui assouvit son côté geek en chassant un trésor soi-disant enfoui grâce à l’aide d’une mamie fumeuse de bangs.

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Une galerie de personnages hauts en couleurs, non stéréotypés et attachants, qui sont clairement le point fort de la série. La diversité du casting et des personnages est rafraîchissante ! À l’heure où Riverdale tourne au soap opera avec des personnages caricaturaux, On My Block porte un regard moderne sur les banlieues défavorisées et captive par une justesse de ton maitrisée. Un équilibre (au début déroutant) s’installe entre réflexion sociale et problématiques adolescentes. Une innovation et une liberté prise avec les codes du young adult qui sont plus que bienvenues. Cohérent lorsqu’on sait que Lauren Lungerich est l’une des créatrices de la série, imprégnée de son cynisme caractéristique, déjà présent dans Awkward.

DES INTRIGUES PLURIELLES POUR UN FINAL PERCUTANT

Outre les dialogues ciselés et les réparties cinglantes des personnages, le scenario est pour le moins rythmé. Même si l’intrigue principale demeure centrée autour des solutions à trouver pour faire sortir César du gang, des storylines secondaires tissent une trame très (trop ?) riche autour du cœur du problème. Monse cherche sa mère, Jamal un trésor et Olivia un peu de légèreté. On peut avoir l’espace d’un instant l’impression que l’histoire s’éparpille, mais ce n’est que pour mieux imbriquer les pièces d’un même puzzle lors des derniers épisodes et offrir un final à couper le souffle (littéralement).

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En effet, les scénaristes ont mis – semble-t-il – un point d’honneur à creuser l’identité et l’histoire de chaque personnage. L’émancipation du groupe et la construction de soi sont deux thèmes majeurs de la série, et dès lors il n’est pas si étonnant que chacun ait sa propre storyline. Le spectateur assiste par exemple à l’évolution de la relation entre Cesar et son frère, Oscar, ou entre Monse et Olivia, qui contrairement aux normes de la série jeune adulte, ne tombent pas dans le travers de se crêper le chignon mais développent une amitié sincère au fil des épisodes. La série aurait probablement gagné en puissance à courir moins de lièvres à la fois, mais cela permet de maintenir l’ambivalence de tons constante et correspond finalement bien à l’énergie débordante et communicative du gang.

On My Block, par son ambition et le message qu’elle apporte, offre un renouveau au genre. Une pépite intelligente et fraiche, moins légère qu’il n’y parait, à savourer à n’importe quel âge comme un bonbon acidulé… Ne serait-ce que pour la performance des jeunes acteurs, avec une mention spéciale pour le bluffant Jason Genao, qui n’est pas près de quitter vos écrans.