Parfum de Chine : la culture de l’encens au temps des empereurs à voir au Musée Cernuschi jusqu’au 26 août 2018

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Le musée des arts asiatiques de la ville de Paris, Cernuschi et le musée de Shanghai s’associent pour nous proposer Parfum de Chine : la culture de l’encens au temps des empereurs jusqu’au 26 août 2018, une exposition sur le thème volatile et sensuel du parfum dans la Chine impériale.

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Les multiples facettes du parfum

Suivant un déroulé chronologique, l’exposition aborde 7 thèmes allant de l’offrande rituelle au parfum cosmétique, en passant par les dévotions privées. Des objets liés au parfum tels que les brûles parfums, vases, sachets à pierres parfumée etc. côtoient des représentations de scènes d’usages du parfum.

Au début réservé au culte des divinités et des ancêtres dans la famille impériale et l’aristocratie, l’usage du parfum se diffuse dans toutes les couches de la société. Si les parfums sont, dans un premier temps, destinés à intercéder avec les dieux et chasser les mauvais esprits responsables de maladies, c’est avec l’introduction du Bouddhisme que l’usage de l’encens devient prégnant. Les matières les plus précieuses tels le bois d’aigle (oud) ou l’oliban sont reçues à la cour comme tribut, et rigoureusement consignées. Chaque jour, ce sont de grandes quantités de ces précieux encens qui sont brûlées dans les temples impériaux.

Leur préciosité est telle qu’il est de bon ton de de se faire représenter en donateur d’encens.

Peu à peu les parfums entrent dans les intérieurs, que ce soit comme purificateur (spirituel et hygiéniste) mais également comme support à la réflexion.

Ainsi, dès la période Song (960-1279) et les dynasties suivantes, les lettrés, classe supérieure émergente, font grand usage de parfums lors de leurs études, mais également pour honorer de grands prédécesseurs. A la même période, la science de la botanique se développe et l’on voit apparaître des herbiers très précis regroupant les plantes de l’Empire, mais également d’importation. Plus encore, des ouvrages entièrement destinés au parfum voient le jour.

La dévotion privée de développe, mais ce n’est pas le seul usage des parfums.

Très employé dans les soins du corps, il est d’usage de parfumer ses vêtements via une treille. Il est également possible d’avaler des pilules de parfum qui, non seulement sont réputées purifier l’organisme, mais permettent également à la peau d’exhaler un doux parfum.

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Un usage codifié

Cependant, le parfum, élément précieux et raffiné, ne s’utilise pas n’importe comment. Tout un ensemble d’objets est dévolu à cet usage : les brûles parfums de différentes formes, parfois accompagnés de vases à fleurs et de bougeoirs, pots à encens, baguettes à encens, vases à parfum etc. Du mobilier spécial, dont de petites tables dédiées, est créé et vient prendre une place centrale dans les intérieurs. A la période Ming (XIVe -XVIIe siècle) l’encens fait partie intégrante de l’art de vivre des élites chinoises et codifiées par Gao Lian (act.1580-1600) et Wen Zenheng (1585-1645)

Cependant, l’encens a bien d’autres usages, comme celui de compter le temps qui passe. Ainsi, pour une activité donnée, l’on brûle un type d’encens dont le rythme de combustion est connu.

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Le parfum retrouvé

Outre la qualité des pièces exposées, qui dénotent toutes d’un grand raffinement et d’un savoir-faire exemplaire des artisans, l’exposition surprend par ses bornes olfactives qui, non seulement, diffusent un parfum illustrant la période représentée dans la salle, mais, avec leur écran tactile, permettent de découvrir les ingrédients des parfums présentés.

Avec une borne par section, l’exposition devient vite très odorante, d’autant que, bien qu’adoucies, certaines odeurs très puissantes surprennent nos odorats non habitués à de telles fragrances, sauf peut-être en pharmacie, voire en cuisine.

La reconstitution de ces parfums d’époque a été rendue possible grâce au mécénat de compétences de la maison de parfum Dior, dont le parfumeur Français Demachy a étudié et recomposé les formules anciennes. La dernière borne propose un parfum inspiré des précédents, mais plus dans le goût actuel.

Pour conclure, l’exposition Parfum de Chine, la culture de l’encens au temps des empereurs est intéressante par son sujet et son usage des bornes olfactives. Les pièces présentées sont de très belle qualité et témoignent du raffinement des élites en matière d’art du parfum. Une exposition à voir et à sentir.