Diffusée pour la première fois le 5 février sur TF1, la mini-série les bracelets rouges, composée de 6 épisodes, s’est achevée ce lundi 19 février, et la série aura réuni près de 6 millions de téléspectateurs. Focus sur ce bijou du petit écran.
Attention: SPOILERS dans l’article.
Emouvant mais pas tragique
La série expose le quotidien de Thomas, Clément, Roxane, Mehdi, Sarah et Côme, des enfants et adolescents hospitalisés bien décidé à profiter à leur manière de leur jeunesse malgré la maladie. La peur des opérations ou des examens, l’impuissance des parents, les conflits,… Mais aussi les premiers émois amoureux, l’amitié, la solidarité, le rire, et surtout : l’espoir.
L’une des forces de la série est d’avoir su traiter d’un sujet aussi sensible qu’est la maladie, qui plus est lorsqu’il s’agit d’enfants, sans pour autant tomber dans le pathos.
Le scénario jongle habilement entre l’émotion et l’humour, notre cœur se serre légèrement et nos yeux s’embuent puis brillent devant l’innocence et les boutades de certains personnages.
Certains aident à relativiser, comme Thomas, atteint d’un cancer, lorsqu’il rassure son ami Clément qui doit se faire amputer d’une jambe, ce que lui-même a déjà vécu. Devant la détresse de son ami, il lui montre que dans son malheur il peut trouver une chance, la chance que les chirurgiens s’y prennent assez tôt pour qu’il se rétablisse au mieux, ce qui n’a pas été son cas.
La production a su apporter un peu de légèreté à un sujet pourtant lourd, sans lui enlever de son émotion, ce qui a fait toute la beauté du programme.
Une prise de conscience face au handicap et à la maladie
Au quotidien, il n’est pas rare de croiser une personne en situation de handicap, amputée d’un membre… Et pourtant lorsque cela touche au corps, au corps mutilé, il est difficile de soutenir le regard. Or le regard fuyant peut s’avérer aussi blessant que le regard insistant. La série nous amène à reconsidérer cette façon de voir les choses, en montrant les personnages amputés et en amenant leurs camarades à les regarder sans gêne, sans pitié, avec même parfois une pointe d’humour qu’on aurait sûrement jugé déplacé dans la vie de tous les jours. Ici, la maladie est considérée comme un poids suffisamment lourd à porter pour être en plus dramatisée, il est donc plus apprécié d’en parler de façon vraie, brute, sans passer par quatre chemins et sans honte.
Beaucoup de maladies répandues figurent dans le programme : le cancer, les troubles alimentaires… Qui peut prétendre ne jamais avoir connu quelqu’un l’ayant vécu ? C’est peut-être ce qui fait que nous nous sentons touchés en tant que téléspectateurs, et qui pourrait nous amener à avoir un regard neuf sur les malades.
Des personnages attachants, auxquels on s’identifie facilement
Dans les bracelets rouges, une grande variété de patients est représentée : ceux qui ont peur, ceux qui sont en colère, ceux qui sont dans le déni, ou encore ceux qui préfèrent voir le verre à moitié plein. Et il est beau de constater leur évolution, la peur se transforme en courage, la colère s’estompe pour laisser place à quelque chose de plus beau, de l’amour, de l’amitié… L’acceptation de la maladie naît de ces nouveaux sentiments et de la solidarité entre les personnages et le déni cède du terrain.
Beaucoup de jeunes filles sauront se reconnaître dans les troubles alimentaires de Roxanne, beaucoup de parents sauront également se reconnaître dans le désarroi et le sentiment d’impuissance face à la maladie de son enfant, que l’acteur Michaël Youn a su nous illustrer à merveille en interprétant le père de Sarah, inquiet pour sa fille, tendre, essayant de maintenir cette figure de parent malgré sa vulnérabilité face à l’idée de perdre son enfant.
Chaque personnage, aussi agaçant soit-il au départ, s’il ne finit pas par gagner notre sympathie, nous émeut.
Un fin un peu abrupte et bouleversante
Le bémol de la série reste néanmoins la fin, plutôt abrupte, dans laquelle on apprend le décès de Sarah, suite à une opération du coeur. Une fin pas si inattendue cependant puisqu’on nous avait laissé présager la fin : lors de la scène dans laquelle les personnages jouent à action ou vérité, Roxanne doit répondre à la question « qui va mourir en premier ». Ce pour quoi elle désigne Sarah, au grand étonnement des autres personnages, notamment Thomas, qui pensait être désigné. Une fin plutôt ironique, car Sarah, à son arrivée à l’hôpital, disait qu’elle ne voulait pas rester avec les malades, qu’elle n’avait rien à voir avec eux et qu’elle allait bientôt rentrer chez elle. Un décès bouleversant, qui ne signe cependant pas la fin de la série puisqu’il a été annoncé qu’elle était renouvelée pour une deuxième saison.
Ce qui nous amène enfin à nous demander : Thomas va-t-il se remettre de l’apparition de nouveaux métastases ? Côme va-t-il se réveiller ? Roxanne va-t-elle à nouveau réussir à s’alimenter ?
Nul doute que cette prochaine saison s’annonce encore plus émouvante et pleine de surprises.
La vraie histoire derrière les bracelets rouges
La série est en fait inspirée de la vie d’Albert Espinosa, un ingénieur industriel, écrivain et scénariste espagnol. Comme les personnages principaux des bracelets rouges, il a passé la majeure partie de son enfance à l’hôpital où il a survécu à trois cancers, perdant l’usage d’une de ses jambes et d’un de ses poumons. C’est suite aux bracelets rouges remis aux enfants après les opérations que l’adaptation a hérité de ce nom. Il a d’ailleurs lui-même adapté son histoire à l’écran une première fois en 2011 sous le nom de Polseres vermelles, qui avait même été diffusée en France sur la chaîne Numéro 23.
Et avant la France, les Etats-Unis (Red Band Society), l’Italie (Braccialetti Rossi), le Chili (Pulseras Rokas), le Pérou (Pulseras Rojas), l’Allemagne (Club der roten Bänder) et la Russie (Krasnye braslety) avaient déjà adapté son histoire.