Quatre ans après Arrête ou je continue, Sophie Fillières revient à ses premiers amours en retournant avec Sandrine Kiberlain, la première femme qu’elle a filmée il y a plus de vingt ans. Avec une idée originale, la cinéaste offre une belle histoire sur le temps qui passe, portée par un duo d’actrices impeccable. Critique de La Belle et la Belle :
Une approche originale et séduisante
Souvent, quand les comédies dramatiques ou romantiques ont une approche originale, inédite ou même ludique, elles prennent une toute autre dimension. Les exemples sont multiples comme Un jour sans fin pour citer des classiques, Il était temps pour citer un cinéma plus récent, ou Camille Redouble pour citer un produit local. Sophie Fillières aborde le temps qui passe en confrontant deux femmes, deux Margaux, interprétées par Sandrine Kiberlain et Agathe Bonitzer. L’une a 45 ans, l’autre en a vingt, mais les deux femmes sont ultra convaincantes dans leur rôle. Elles créent une véritable alchimie, se répondent et se confrontent.
Dans cette approche temporelle, Sophie Fillières veut confronter son personnage et le spectateur avec elle, au passé, aux regrets, au temps qui passe, mais aussi à l’avenir, à la seconde partie de notre existence. Sandrine Kiberlain est parfaite, encore une fois tout en finesse, dans cette quarantenaire mature, légèrement nostalgique, mais surtout déterminée. Agathe Bonitzer s’en sort également, avec quelques hésitations ou maladresses, qui appuient son rôle de jeune femme insouciante et perdue. Ces deux Margaux vont s’éprendre d’amitié et s’entraider dans les erreurs de la vie passée et future.
Une vision nostalgique du temps qui passe teintée d’espoir
Sophie Fillières et son amie Sandrine Kiberlain, quadragénaires, se matérialisent dans cette histoire. A travers Margaux, et la flegme de Sandrine Kiberlain, elle porte la vision de toute une génération, anciennement jeune, bientôt vieille. Elle offre un regard en arrière pour les femmes de sa génération. Le temps qui passe, fautif de la vieillesse, des regrets, de la nostalgie est le centre de cette histoire. Ce miroir entre ces deux protagonistes permet un retour en arrière, sur les erreurs passées, sur la peur de l’avenir. Mais il permet également à la plus âgée des Margaux de relativiser, de retrouver une certaine fougue, et de tirer un trait sur tout ça pour continuer d’avancer. Quand la plus jeune s’en inspire pour éviter de faire les mêmes erreurs. Cette double lecture passionnante permet ce goût doux-amer des situations, des dialogues et des punchlines.
Nostalgique mais pas trop, drôle mais pas trop, le scénario de La Belle et la Belle offre quelques situations inattendues et cocasses. La bande originale électro-pop est plutôt entrainante, et la conclusion douce et imagée. Même si le scénario a ses limites et est parfois composé d’incohérences, le concept d’approche est vraiment passionnant et donne une véritable saveur romantique et poétique a sa comédie dramatique. Elle permet d’éviter le cliché et l’ennui de certaines comédies françaises.
Finalement, La Belle et la Belle est une comédie dramatique réussie, notamment grâce à son approche, mais également grâce à la présence imposante de Sandrine Kiberlain.