[Critique] L (Raphaële Lannadère) : la douceur d’un nouvel album de dentelle

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3 ans après son second album éponyme, L (Raphaële Lannadère) est de retour avec un nouvel opus, Chansons. Une œuvre imprégnée de délicatesse, qui n’est que délice auditif.

En 2007, l’EP Premières Lettres fait découvrir l’artiste L au public, propulsée par les titres Jalouse et Petite. 4 ans après, Raphaële Lannadère est récompensée par un disque d’or pour son premier album Initiale, et est comparée à l’immense Barbara par le célèbre Télérama. Elle prouve qu’elle est bel et bien une artiste à part entière puisque la même année, elle est lauréate du prix Félix-Leclerc ainsi que du prix Barbara décerné par le ministère de la culture. Un succès qui s’amenuise à la sortie du second album en 2015, malgré une œuvre convaincante.

Un album qui mêle délicatesse aux notes poétiques 

Ce vendredi 23 février 2018, Raphaële Lannadère s’offre un tout particulier cadeau d’anniversaire : la sortie de son 3e album studio. Chansons, c’est le nom de cette nouvelle œuvre garnie de douceur qui est une invitation au voyage. Un titre simple et épuré, qui est le parfait reflet de cet album raffiné. C’est entourée du remarquable duo Clément Ducol et Maxime Le Guil qui signe la réalisation et les arrangements du disque, que Raphaële Lannadère dévoile un alliage irréprochable entre mélodies et poésie.

Chansons s’empare d’un piano, d’un quatuor de cordes, le tout doré de quelques notes de harpe et saupoudré de musique électronique. Quarante minutes de balade musicale propice à une quiétude imperturbable, composées et écrites pour la quasi totalité d’entre elles par la chanteuse. Elle y propose 11 titres, dans lesquels elle manie la langue de Molière avec habileté et finesse. L’âme puissante des chansons est portée par des résonances poétiques, valorisées par une voix profonde et déliée.119 g 532 [Critique] L (Raphaële Lannadère) : la douceur d'un nouvel album de dentelle

On embrasse d’abord La Meuse, qui s’élance en violons et s’éteignant à la harpe. On dit « ui » à cette entrée prodigieuse, ornées de paroles autobiographiques. Le titre Ton Enfance fait écho à la maternité, embelli par les cordes et les subtils fredonnements presque enfantins qui ajoutent une part de vérité. C’est aussi la première chanson que L a mise en lumière.

Laisser Passer est décorée par une voix très mélodieuse tout en retenue, qui nous rappelle vaguement celles de Camille ou encore Juliette Armanet. On est envoûtés par les planantes Tant Pis, puis Vertige qui souligne le temps qui file. La monotonie n’est jamais atteinte; les chansons sont dotées d’une atmosphère singulière qui les enchaîne avec harmonie.

Après Ne me Libérez pas, La Micheline s’élance pour faire entendre ensuite Ta Ville, à l’ambiance inquiétante, légèrement gommée à l’arrivée des soupçons de harpe, qui colorent de lumière. Un message qui évoque Paris, ville où il fait bon y vivre, où est prônée la liberté, cependant cicatrisée par les attentats.

C’est un sujet que la chanteuse aborde aussi dans Orlando,  rendant hommage à la fusillade survenue en juin 2016. Bouleversante, elle chante « pour un été, ton ciel pleure trop » avant d’ajouter ses poignants « Let me be gay ». Elle s’engage à la fin de la chanson aux mots anglais joliment chantés comme un cri du cœur qui retentit. Raphaële Lannadère nous embarque. Elle referme cet album avec Tempête, puis Tu Dors, qui nous bercent encore une fois avec finesse et intelligence.

L’audio de la sublime Ton Enfance

L nous plonge dans la simplicité et l’onctuosité au travers de cet album, signant un retour réussi. Elle manipule les mots à la perfection, autour de mélodies abouties. La chanteuse dégage une atmosphère sensuelle, qui nous emporte et nous transporte. Un album de dentelle, enluminé par une voix apaisante définie par une immense pureté, qui sera à entendre en concert le 29 mars 2018 au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris.