Collectif de mime fondé à Berlin en 1994, la Famille Flöz a été récompensée à ce jour par plus d’une quinzaine de prix. La pièce de théâtre Hotel Paradiso, créée en 2008, est représentée pour la première fois à Paris, au Théâtre Bobino, jusqu’au 4 février.
Un honnête hôtel familial
L’hôtel Paradiso est un bel hôtel 4 étoiles perché dans la montagne. Tenu par l’épouse du défunt gérant et ses deux enfants, l’hôtel détient une source d’eau minérale aux vertus miraculeuses. Dans le hall de l’hôtel qui sert d’unique décor à la pièce, la mère tente tant bien que mal de maintenir le standing de l’établissement, alors que le fils et la fille s’écharpent pour savoir qui prendra la relève de leurs parents. Romantique, nostalgique et en quête d’amour, le fils est attaché au lieu et souhaite le conserver sans modifier ses habitudes et sa tranquillité. Énergique et conquérante, la fille tente tous les moyens pour modifier l’hôtel selon ses goûts, voulant toujours plus le moderniser. Considérés comme de la famille en raison de leur loyauté, le boucher et la femme de ménage disposent tous deux d’un caractère bien trempé et sont bien les personnages les plus attachants de cet hôtel dont l’âme se propage jusqu’aux derniers rangs d’un public conquis.
Du masque à la vie
La Famille Flöz est de renommée internationale en raison de son talent pour la fabrication et l’usage des masques mais aussi pour le mélange des genres. Entre la querelle familiale et les nombreuses péripéties qui se déroulent entre les murs de l’hôtel, ce ne sont pas moins de douze personnages qui défilent sur scène. Chacun des protagonistes possède son propre masque, son propre costume, sa propre posture. Plus expressifs encore que ne pourrait l’être un être vivant, les masques insufflent vie et âme aux personnages. Les acteurs, Anna Kistel ou Marina Rodriguez Llorente, Sebastian Kautz, Daniel Matheus et Nicolas Witte, ne sont que quatre à interpréter cette multitude de marionnettes. L’usage des masques leur offre une liberté impressionnante, dont ils usent avec émotion et malice. Hotel Paradiso, tout comme l’est son hôtel, est le fruit d’un travail collectif, tant dans l’écriture que dans la fabrication des masques et la mise en scène. La force créatrice de la Famille Flöz et l’immense travail accompli ressort dans les moindres détails de la représentation.
Un spectacle complet
Loin d’exceller seulement dans l’art du masque, la Famille Flöz puise son originalité dans le mélange des arts. Acrobatie, danse, musique, illusion, mime et clown se côtoient et émerveillent petits et grands. Avec autant d’outils, il n’est nullement besoin de mots pour donner vie aux masques. Pièce intégralement muette, Hotel Paradiso ne souffre aucunement de l’absence de la parole, bien au contraire. Chaque pensée des personnages, chaque dialogue muet et chaque situation est d’une limpidité incroyable. Avec seulement le geste et les masque, les acteurs parviennent à dégager une foule de sentiments. Du vaudeville à la tragédie comique, la représentation passe par une variété de genres qui s’épousent parfaitement les uns les autres pour donner un résultat d’une légèreté saisissante sur le sujet pourtant difficile du lourd héritage familial qu’est un hôtel. Fort intrépides et attachants, les habitants de ce petit hôtel font rire et émeuvent le public sans discontinuer. Poésie et burlesque se conjuguent pour offrir 1h30 de magie.