L’ère chrétienne n’a pas encore commencé que Cléopâtre naît à Alexandrie. Reine à 17 ans, elle n’est pas encore femme lorsqu’elle prend la tête d’un monde d’hommes. Ambitieuse, stratège et habile, souveraine ne reculant devant rien pour assouvir sa soif de pouvoir elle est une reine Fatale et c’est naturellement que Delcourt en a fait une de ses Reines de Sang.
La bande dessinée telle que la voit les éditions Delcourt ; est multiple, protéiforme et avec bien souvent une appétence pour l’histoire et de ce qu’elle nous raconte de nous. Elle nous questionne sur notre modernité en nous renvoyant à des mythes fondateurs que nous scrutons et redécouvrons bien souvent cases après cases comme autant de boîtes de Pandore modernes.
A l’image d’une série HBO ou AMC
Et il est bien question de cela avec cette approche du mythe historique qu’est Cléopâtre. Traitée comme une série HBO ou AMC, notre reine Egypte, au si charmant minois nous disait-on, n’y est jamais apparue aussi sensuelle, sexuelle et moderne.
Loin de ces précédentes incarnations cinématographiques, que l’on trouvera à l’issue de cette lecture, trop commune. Risquant même le sacrilège en parlant de LA Cléopâtre de Mankiewicz et Elisabeth Taylor.
Marie & Thierry Gloris les scénaristes de ce premier volume, revenant sur le conflit intra-familiale mais non moins étatique entre Cléopâtre et son frère époux le Roi Ptolémé XIII, vont nous faire vivre un moment intense rempli de cris et de fureur. Trop de sexe ? certain le déplorerons, d’autres en appelleront à l’authenticité de la réalité débridée de ces époques lointaines.
Mais pas si lointaine que cela finalement. Et c’est en cela que la modernité de cette héroïne nous frappe sous le dessin inspiré de Joël Mouclier dont la longue association avec thierry Glovis porte ce récit dans un imaginaire tellement contemporain.
Les séries : « Rome » ou encore « Spartacus » nous avaient emmenés dans ces moments-là de l’histoire. Le reproche, qui accompagnait la cascade de compliments sur la véracité et l’immersion ainsi que le « shoot » de réalité » que provoquaient ces créations, était l’importance et la place donnée à la violence et au sexe. Détail pour certain, c’est cependant, ici aussi, le même constat : tout autant sur le côté immersif et moderne de ce récit de cette figure royale définitivement de sang et surtout sur l’aspect violence et sexe qui ne destine pas cette lecture au plus jeune public à mon sens.
Le pari est sans doute réussi, voici un album bien dans l’ère du temps : âpre et passionnant. Enthousiasmant pour qui veut découvrir sans ambages les débuts politiques et publiques de celle qui saura rester dans l’imaginaire du monde : la seule et unique reine d’Égypte.