Critique « Zombillénium » d’Arthur de Pins & Alexis Ducord : une adaptation grand public de la BD

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Quatre ans après la sortie du dernier tome de la saga, l’adaptation de la bande dessinée Zombillénium débarque enfin au cinéma ! Il a fait le tour de France avec une projection au dernier festival de Cannes et a ouvert le festival d’Annecy en juin dernier. Un film grand public qui plaira au plus grand nombre. La touche rock’n roll de Mat Bastard rythme délicieusement cette histoire au final assez classique en matière d’intrigue. Un regret que pourront avoir les puristes de la BD. Mais l’on rappelle qu’Arthur de Pins a voulu surtout toucher un public non connaisseur de son œuvre. Dans ce cas, pari réussi !

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Une réalisation réussie au rythme inégal 

Après une première mise en bouche en 2013, voici le monstre ! 80 minutes de pure réussite graphique. Le dessin d’Arthur de Pins est respecté et son passage en 3D est efficace. On ne peut qu’être admiratif du travail effectué par les équipes techniques pendant plusieurs années. Rappelons que la production d’un film d’animation s’étale au minimum sur 3 années (quand une fiction en demande « à peine » quelques mois en moyenne). Les coûts sont également exorbitants et la minute supplémentaire coûte bonbon (et du temps !). Pour info, Zombillénium a coûté presque 9 millions d’euros (contre un budget moyen par film français de 4,4 millions d’euros en 2016).

La mise en scène reprend le découpage déjà très cinématographique de la bande dessinée. Ses lecteurs seront ravis de voir des cases prendre vie à l’écran et la continuité des actions mises en scène. Cependant, le rythme assez soutenu de l’intrigue principal frustre le spectateur qui n’aura pas le temps de voir se dérouler les différentes sous-intrigues. Le premier tiers du film souffre d’un montage trop rapide et l’on passe souvent du coq à l’âne. Un style qui nous rapproche indéniablement de la bande dessinée (quand les réalisateurs voulaient justement s’en éloigner). Zombillénium prend donc du temps à trouver une foulée régulière et cohérente. Passé ce cap, c’est du pur plaisir pour les mirettes. Les cadres sont visuellement riches et les mouvements de caméra orchestrés d’une main de maître. C’est vraiment un film d’animation. 

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Impossible de faire l’impasse sur la musique. Mat Bastard (le chanteur de feu Skip the use) prête sa voix et son talent à Sirius. Déjà présenté dans le clip du groupe, ce n’est pas une surprise de le retrouver dans ce rôle de leader syndical. Sa chanson, Stand As One, devient ainsi l’emblème du film (à la manière des américains). Le personnage de Gretchen est ainsi plus rock’n roll puisqu’elle joue de la guitare dans le film et accompagne Mat au chant. De nombreuses références musicales (et cinématographiques) jalonnent le film. De Michael Jackson à « Leave Britney Alone », le film s’inscrit dans l’époque actuelle. La bande originale, composée par Eric Neveux et l’ex-chanteur de Skip the use, donne un ton particulier au film. Une couche sonore supplémentaire qui, mise en lien avec la mise en scène, apporte une vraie identité au film. Et on a adoré la version des Corons de Pierre Bachelet (l’investissement pour les droits musicaux se révèle archi réussi). 

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Une adaptation grand public qui tient ses promesses

Il est toujours très délicat de transposer une œuvre au cinéma qui possède (même si certains en doutent encore) des règles narratives incontournables. Zombillénium est ainsi une quête initiatique qui respecte à 100% le format du film d’animation. Certains pourraient s’en plaindre (nous les premiers) mais il faut comprendre que l’adaptation est destinée au plus grand nombre. A la manière des chefs-d’œuvre de Pixar, ce film doit séduire les adultes et surtout les plus jeunes.

« On voulait s’adresser à tout le monde, et surtout pas que les spectateurs dussent connaître la bande dessinée pour voir le film »

Arthur de Pins

De nouveaux personnages apparaissent ainsi soudainement à l’image de Lucie ou encore de Steven. Bien que le héros Hector Saxe soit très librement inspiré d’Adrien, le personnage principal de la BD, l’approche est différente. Ce film est une œuvre qui doit se suffire à elle-même. Donc un début et une fin. Le premier tome fait 44 pages (estimables à 20 minutes à l’écran), il fallait donc quelque chose qui ait plus de matière narrative. On peut cependant retrouver des scènes des 3 tomes dans Zombillénium. Le conflit qui oppose Lucie et son père reste un classique de l’animation pour enfant et donne un côté naïf à l’œuvre de De Pins (pour celles/ceux qui ne l’ont pas lue). Steven, clin d’œil indéniable à Edward Cullen de la saga Twilight, est nouveau dans le parc mais son personnage est cohérent. Il est le vrai méchant du film et l’intrigue qui tourne autour de lui est certes classique mais réussie. Une touche de teenage qui a pour but, il faut l’admettre, d’attirer un public adolescent dans les salles plutôt que de s’intégrer réellement aux thématiques de la BD. Toutefois cela s’inscrit dans la volonté artistique des réalisateurs qui voient dans Zombillénium, « un préquel de la bande dessinée où les personnages des deux récits ne seraient jamais en conflit ».

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C’est en effet essentiellement le traitement des personnages qui vient contraster avec l’œuvre originale. Ils n’évoluent pas vraiment dans la BD et ça le cinéma n’aime pas ! Des ajouts scénaristiques donnent donc un but au personnage principal et les tatouages de Gretchen prennent une dimension personnelle. De nouvelles thématiques passe-partout s’invitent sur l’écran. On parle d’amour, d’éducation et de parentalité dans le film. Une version donc assez édulcorée du propos initial. Cependant on reste admirateur du travail de De Pins qui a su garder le contrôle sur le projet. Il a en effet été plusieurs fois approché par des producteurs français et étrangers dont l’adaptation proposée, d’après l’intéressé, aurait dénaturé l’œuvre originale.

La portée symbolique de la BD est respectée dans son ensemble. On se souvient du fameux étage -9, référence aux 9 niveaux souterrains de l’enfer de Dante Alighieri. Une anecdote mythologique apparaît dans le film avec un Cerbère assez original. Toutefois la portée sociale et le point de vue sur le monde de l’entreprise sont presque passés sous silence. Normal évidemment pour un public trop jeune pour se soucier de ces thématiques. Le spectateur hérite en reliquat d’un conflit humain universel (et un peu trop manichéen) entre les zombies et les vampires. Une lutte de classe dans le parc d’attraction. Le message est très réducteur mais en conséquence facilement assimilable. On regrette que l’adaptation ne soit pas un peu plus « mature ». 

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Zombillénium est une belle réussite française (tout comme l’est Valérian de Luc Besson, oui monsieur !). Une occasion de montrer au monde qu’on n’est pas des péquenauds chez nous et qu’on peut rivaliser avec les plus grands. L’adaptation visuellement réussie d’Arthur de Pins et Alexis Ducord vient rendre l’univers de la BD plus accessible (au détriment d’un propos initial passé sous silence). Les plus jeunes vont adorer s’immerger dans cet univers peuplé de monstres aussi terrifiants qu’humains au final. En salles le 18 octobre !

 

Bande Annonce de Zombillénium :