Thriller en compétition au Festival du Cinéma Américain de Deauville, Sweet Virginia est un film réalisé par Jamie M. Dagg, qui signe ici son deuxième long-métrage. L’histoire suit le gérant d’un môtel qui sympathise avec l’un de ses clients. Ce qu’il ne sait pas, c’est que ce dernier est un dangereux individu à l’origine d’un massacre dans la ville voisine. Lugubre et inquiétant, Sweet Virginia est un thriller efficace et correctement rythmé, dont l’antagoniste est particulièrement fascinant à suivre.
Une réalisation sobre et anxiogène
Ce qui frappe dès le début du film, c’est à quel point la réalisation est soignée tout en restant intrigante. Sombre et oppressante, la mise en scène nous balade de personnages en personnages en nous enfermant avec eux dans leurs environnements. Avec beaucoup de jeux sur les reflets et les miroirs, Jamie M. Dagg semble aimer désorienter son spectateur, lui faire perdre ses repères. Non seulement cette mise en scène confine à une certaine claustrophobie mais en plus, ce jeu sur les reflets donne corps au jeu des apparences auxquels se livrent la plupart des personnages.
Il est également fascinant de constater à quel point la pression ne redescend jamais. Sweet Virginia est un film à l’ambiance morbide et constamment anxiogène, où chaque scène nous fait nous demander ce qu’il risque de se passer. L’ambiance calme et pesante permet au réalisateur de disséminer quelques sursauts bien sentis et des scènes de suspens particulièrement sous tension. Le réalisme de chacune des situations nous fait nous sentir très proche des personnages et de ce qu’ils vivent, renforçant le stress du spectateur.
Un antagoniste fascinant à suivre
Probablement le personnage le plus intéressant à suivre, l’antagoniste du film est un tueur implacable dont la folie fait peur à voir. Il ne manque d’ailleurs pas de rappeler le tueur à gages psychopathe de No Country for Old Men (des frères Cohen). Celui-ci avance au gré de film telle une entité quasi-démoniaque et impossible à stopper. La question lancinante durant toute la durée de l’histoire est de savoir si les personnages les plus sympathiques subiront sa folie, ou si au contraire il parviendront à l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard. La peur de voir les personnages principaux tués par cet homme sans pitié rajoute une dose d’inquiétude à ce film déjà bien stressant.
Les reste des personnages est également agréable à découvrir, car chacun d’eux renferme une part de mystère. Le gérant du motel, campé par Jon Bernthal (The Walking Dead, Mr. Wolff) est l’incarnation même du « bon gars ». Cet ancien champion de rodéo prend soin de personnes autour de lui avec une bienveillance pudique, qui le rend immédiatement attachant. Au passage, il amusant de retrouver une fois encore la thématique du rodéo, déjà abordée en profondeur à Deauville avec le film The Rider. La femme d’une des personnes tuées pendant le massacre est également fascinante. Jeune et jolie, celle-ci renferme un secret des plus sombres concernant les événements récents. Tout ce beau monde forme un patchwork mystérieux, dont on ne découvrira que la moitié des facettes. Il est bienvenu, dans un thriller comme celui-ci, de laisser des zones d’ombres concernant les personnages. Cela achève de renforcer le mystère autour de l’environnement dépeint et contribue grandement à l’ambiance morbide.
Sobre et angoissant, Sweet Virginia est un film indépendant intéressant, qui devrait plaire aux amateurs du genre. Reste à savoir si ce thriller convaincra les membres du jury du Festival du Cinéma Américain de Deauville. Réponse dans quelques jours !