Kid Francescoli & Julia nous envoûtent avec « Play me Again »

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Quelques minutes avant leur passage dans l’émission « Le Nouveau Rendez-vous » diffusé sur France Inter, on a rencontré Mathieu Hocine a.k.a Kid Francescoli et Julia Minkin à la Maison de la Radio pour parler de leur dernier album : « Play me again ».

Dévoilée début mars, cette savoureuse pépite électro-pop qui réunit la voix envoûtante et sensuelle de Julia et le souffle grave du Kid puise son inspiration dans le reggae, le hip-hop et le jazz.

Kid Francescoli et Julia, c’est d’abord une rencontre dans un bar à New York il y a plusieurs années. De là est née une grande histoire d’amour. Aujourd’hui, les deux artistes sont restés très proches, partageant une profonde amitié et une forte complicité.

Leur vie sentimentale a inspiré l’album « With Julia » (2014) et leur dernier, « Play me again ».

 

On retrouve dans votre nouvel album les influences électro-pop des débuts, mais vous avez choisi damener des pointes de beats hiphop, reggae et même jazzy : vous aviez de nouvelles envies depuis l’album « With Julia » ? 

KID Ça vient plutôt des chansons que l’on écoutait pendant la conception de l’album. Grâce au streaming, j’ai élargi mon champ d’écoute: dans la même heure, tu peux passer d’un morceau de musique classique à du heavy metal. Pendant l’enregistrement, j’ai surtout été marqué par le hip-hop et le RnB, qui sont des influences nouvelles pour moi. Je me rappelle notamment quand j’ai entendu Hotline Bling de Drake pour la première fois. J’écoutais une compilation Pitchfork de 40 morceaux et lorsque cette chanson est passée, je me suis dis : « Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? ». Je l’ai écouté pendant une heure après, en boucle !

 

C’est agréable de sentir que les artistes ne sont plus cantonnés à un seul style de musique, on se sent plus libre ?

KID On fait quand même toujours le même style de musique ! Mais aujourd’hui, grâce à la production on peut jouer sur les variations.

 

Sur le précédent album, alors que vous viviez à l’époque une histoire damour, vous avez composé à distance – Julia à New York et toi à Marseille – aujourd’hui Julia t’a rejoint à Marseille, est-ce que ça a apporté quelque chose de nouveau dans vos compositions ? On sent une très forte complicité et une alchimie musicale

JULIA Ça nous a surtout permis de peaufiner et de tester nos chansons ensemble, en direct. Pour le reste, on a continué à travailler comme avant.

KID Pour l’enregistrement, c’est évidemment autre chose mais pour l’écriture on a gardé nos méthodes : ça reste quelque chose de très personnel. Même si je suis proche de Julia, je ne me verrais pas essayer de trouver une suite d’accords devant elle ou qui que ce soit d’autre. Le fait d’être tous les deux à Marseille et d’avoir un studio d’enregistrement, ça nous a surtout aidés à passer nos journées à expérimenter de nouvelles compositions.

 

C’est vrai qu’à vos débuts, une fois les premiers accords et refrains trouvés, j’imagine que vous aviez rapidement envie de tester les chansons ?

KID Quand on travaillait à distance, on faisait une seule prise. On se disait qu’il fallait trouver un refrain pour cette mélodie et après on ne faisait que de petits ajustements. Avec le décalage horaire, il valait mieux aller droit à l’essentiel ! Comme on était dans la même ville, on a plus eu le temps de peaufiner cet album.

 

Kid, entre vos différents albums avec Julia, tu as joué dans le groupe Husbands avec tes potes Simon (Nasser, French 79) et Mathieu (Oh ! Tiger Mountain) : est-ce que ça a changé quelque chose dans ta manière daborder la musique ?

KID Oui déjà ça m’a permis d’avoir un peu plus confiance en moi… car quand tu es seul dans une pièce à faire de la musique, tu finis par remettre en cause tous tes choix. Alors que parfois avec Husbands on gardait la première prise. Le fait de faire des collaborations, ça ouvre le champ des possibles. J’ai aussi élargi le panel de musique : « Emma » qui est le morceau un petit peu reggae de l’album n’aurait pas vu le jour sans la reprise que l’on a faite de « Fisherman » de The Congos et aussi de « Who Knows ! » de l’album de Husbands. J’ai pris un tel plaisir à les chanter en live que je me suis dit qu’il fallait absolument que dans mon prochain album il y ait quelque chose du même style.

(crédits: Hawaii and Smith)
(crédits: Hawaii and Smith)

 

Vous vivez à Marseille, il existe aujourdhui une scène locale en pleine ascension, la création de festivals etc, c’est inspirant ?

KID Il y a effectivement des festivals et beaucoup de soirées mais ça reste plutôt des sets de DJs plus que des concerts de groupes. Mais oui, c’est une ville en pleine expansion culturelle. On a pu se créer une petite famille musicale. On a un studio en plein centre-ville : c’est un luxe ! Quand j’ai commencé à faire de la musique, j’étais seul chez moi. Maintenant avec French 79, Husbands, Nasser, Oh ! Tiger Mountain, Date with Elvis, c’est comme si on faisait partie d’un collectif. C’est une très bonne sensation, ça ne m’était encore jamais arrivé. Et pour ça, je n’aurais pas envie de partir de Marseille, on a mis du temps à le construire et c’est important d’avoir ça !

 

Vous avez commencé la tournée par une date au Café de la Danse le 23 mars et vous avez fait ensuite une dizaine de concerts en France. Est-ce que vous avez ressenti quelque chose de différent auprès du public ?

KID De plus en plus, on est franchement ravis. J’hallucine toujours de voir des gens qui adorent nos chansons, reconnaissent nos intros et nous applaudissent. Je me nourris de ça sur scène !

 

Et le concert douverture était complet ! Alors que l’album n’était pas encore sorti…

KID Oui et même les autres concerts, on a joué devant 200 à 300 personnes, partout en France.  C’est incroyable. Notre dernière date à Montpellier, il y avait quelque chose dans l’air : le public avait l’air super content !

JULIA Après deux ans de tournée, on se sent aussi beaucoup mieux sur scène, moins stressés qu’avant. Montpellier c’était la première fois qu’on revenait jouer dans une salle dans laquelle on avait joué à nos débuts – sauf l’espace Julien à Marseille -, et on voit aussi notre évolution. La première fois, j’étais terrifiée à l’idée de jouer dans cette salle.

 

Les salles sont plus grandes maintenant ! Votre dernière date sera la Trianon le 16 novembre

KID C’est vrai que c’est très agréable. Mais je ne vais pas en mener très large avant de monter sur scène, c’est quand même énorme pour nous ! Mais c’est de la bonne pression… On est vraiment ravis de la façon dont se passe la tournée.

 

Quels sont vos prochains projets ?

KID Déjà on se concentre sur la tournée, mais c’est vrai que j’ai déjà envie de penser au prochain album, de pouvoir commencer à le composer, aller au studio dès que je suis à Marseille. C’est le meilleur moment, c’est ludique ! Après avoir passé quelques mois à peaufiner le live, maintenant on peut commencer à penser à la suite. J’espère aussi que la tournée va durer le plus longtemps possible et nous amener encore plus loin. Là, on va aussi jouer en Belgique et en Suisse, mais pour notre dernière tournée, on était partis en Afrique du Sud, à la Réunion, à Istanbul, au Maroc… J’aimerais qu’on puisse repartir. J’aimerais aller jouer en Asie, aux Etats-Unis ou en Amérique du Sud. Même si le public ne nous connait pas forcément, quand tu joues à l’étranger, le côté exotique, cette « French touch » permet d’avoir un bon accueil. Et c’est surtout un plaisir de voyager pour jouer !

 

Interview réalisée en mai 2017.