Critique « Lion » de Garth Davis : le grand oublié des Oscars !

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Nominé aux Oscar notamment dans la catégorie Meilleur film, Lion, premier film de Garth Davis, porté par Dev Patel, raconte l’incroyable histoire d’un enfant indien qui va voir sa vie prendre un tournant inattendu. Complètement boudé par l’Académie, le long métrage est pourtant considéré par certains comme le nouveau Slomdog Millionaire.

Un classicisme qui permet la mise en place de sentiments profonds :

 

Lion est très classique, considéré par ses détracteurs comme un simple film à Oscar, un mélo poussif qui joue avec les sentiments des spectateurs lambda. D’une certaine manière cet argument se vaut. Lion ne prend jamais de risques, il se contente de mettre la forme et le ton pour toucher son assistance. L’histoire est rectiligne, sans grande surprise ni grand renversement de situation. Mais pourtant, c’est cette simplicité qui donne à Lion son identité. Premier film de Garth Davis, Lion ne frise pas le génie mais permet de mettre en avant des sentiments spontanés et profonds. Portée par le jeune Sunny Pawar, absolument exceptionnel, toute la première partie qui prend effet en Inde est la mieux réussie. Le cinéaste n’a pas peur de mettre en scène la situation précaire d’un pays dominé par certaines castes sociales, et va au plus près d’une misère générale via ce jeune enfant, beau, fort, intelligent et brillamment interprété.

Lion 2

S’en suit la perte de l’appartenance, elle aussi bien traitée, de ce jeune enfant qui va perdre tout repère, toute sa famille, pour atterrir dans une famille d’accueil en Australie, dont la mère est interprétée par Nicole Kidman. Toute cette étude du jeune garçon au cours de ses milliers de kilomètres parcourus est incontestablement la meilleure partie du long métrage. Offrant une présentation de l’Inde au plus près de la vérité, visuellement magnifique, dans la lignée de Slumdog Millionaire, cette moitié de film atteint la perfection et déverse une plus grande dose d’empathie au vu de la présence d’un enfant.

Une seconde partie moins puissante :

 

Lorsque Dev Patel prend la suite dans la seconde partie, présentant l’enfant 25 ans plus tard, dans sa condition de jeune travailleur, le film perd de sa saveur. Le protagoniste va être touché par le classique désir de connaître ses origines et rejetant sa famille d’accueil aimante. Un sentiment de curiosité amené sans vraiment de saveur, où le personnage d’un coup va se dire : « tiens mais si j’allais chercher mes origines ». Reste que malgré quelques facilités scénaristiques, toute la recherche est bien présentée. Les sentiments contradictoires qui animent le protagoniste sont eux aussi mis en avant avec tact et intelligence, présentant les deux arguments de ce choix cornélien : retourner à ses origines sans certificat de réussite ou rester auprès de sa famille d’accueil pour éviter de la décevoir et de la rejeter.

Dev Patel stars in LION

Cette opposition de volonté est plutôt bien représentée, notamment grâce au personnage de Nicole Kidman, personnage intelligent, ouvert d’esprit et aimant. S’en suit un retour aux origines prenant, une notion d’appartenance plus forte que tout, plus forte que le temps qui passe, plus forte que les kilomètres, plus forte qu’un embrigadement culturel qui a changé en profondeur la langue, la manière de penser et le fonctionnement d’un enfant perdu. Une manière de dire que le moi profond ne peut être modifié, que la recherche du sens de son existence anime chaque être humain, que celui qui ne connait pas ses origines n’aura de cesse de chercher à comprendre d’où il vient. Lion connaît son sujet, en parle avec conviction et détermination pour un rendu efficace à défaut d’être original. Les ressorts émotionnels fonctionnent, entraînant les larmes recherchées au sein de l’auditoire.

Lion raconte une histoire hallucinante, un voyage imposé dans un premier temps pour se conclure par un voyage initiatique jusqu’aux confins des origines d’un petit enfant indien. Le film met également en avant le facteur chance, avec cette opposition entre deux mondes, deux vies, une première qui aurait dû être celle du personnage mais qui aurait signifiée précarité, et une seconde, inattendue, peut être anormale, mais qui finalement s’est trouvée être une opportunité inestimable.