A l’heure actuelle où les productions Marvel vont bon train et que Doctor Strange cartonne, Kevin Feige et Marvel Studios ont encore énormément de personnages à exploiter au cinéma. La Maison des Idées regorge de personnages insoupçonnés. Petit tour d’horizon.
Sentry
Sentry est créé par Stan Lee et Jack Kirby dans Fantastic Four vol. 1, #64 de juillet 1967. Sentry est un des personnages les plus puissants de l’univers Marvel. De son vrai nom Robert Reynolds, un homme marié et ancien alcoolique, il commence à se rappeler d’avoir été un super-héros baptisé Sentry, doté du pouvoir d’un million de soleils en fusion. Il entame une quête pour essayer de découvrir comment il a pu — et le monde entier avec lui — oublier cette période. Il rend visite à ses anciens amis, Red Richards des Quatre Fantastiques, Iron Man, Hulk ou Spider-Man. Au fur et à mesure qu’il recouvre la mémoire et que l’on se souvient de lui, il semble que ce soit Red Richards qui ait trahi Sentry en l’effaçant de la mémoire collective. Sentry est pratiquement invulnérable, possiblement immortel et plus puissant que des individus tels que Hulk, Thor ou Le Surfeur d’Argent. Sentry est l’équivalent de Superman chez DC Comics. Cependant, Sentry a une part sombre, une seconde personnalité appelée Voïd, qui incarne la partie démoniaque de son pouvoir. Il croit pendant longtemps qu’il s’agit d’un ennemi avant de se rendre compte que Voïd n’est qu’une partie de lui-même. Chacune des actions de Sentry déclenche un équivalent négatif produit par Voïd : si Sentry sauve une centaine de personnes, une centaine d’autres seront tuées par Voïd.
Pourquoi voudrait-on le voir sur grand écran ? Parce qu’en plus d’être un personnage surpuissant qui nous permettrait de voir un véritable déluge d’actions et des plongées dans des mondes inconnus, l’aspect psychologique de Sentry est absolument passionnant. Sorte de Hulk/Banner ou Dr Jekyll/Mr Hyde en plus poussé, cette relation interne conflictuelle entre deux aspects d’une même personnalité est une thématique intéressante, surtout en matière de super héros. Un héros magnifique et immortel qui ne peut exercer son don sans paradoxalement détruire son environnement. Voïd est la représentation allégorique de la part sombre de l’humanité, Sentry sa part claire. Une humanité puissante et indestructible capable de faire des miracles, dont le seul ennemi est elle-même. Un déchirement interne qui vaut le coup d’être projeté sur grand écran, et le pire c’est que Kevin Feige commence à en parler. Pour les amateurs de comics, Sentry lâche une fureur sans précédent dans World War Hulk contre le géant de Jade de Greg Pak au scénario et John Romita Jr au dessin sorti en 2007, ou dans Siège de Brian Mendis.
Hood
Hood est un super vilain créé en 2002. Parker Robins est le fils d’un employé de Wilson Fisk, Le Caïd. Il traîne vite dans les magouilles et se retrouve un jour confronté, lors d’un braquage, à Nisanti une créature mystique. Il tue la bête et s’empare de sa cape et de ses bottes. Des vêtements qui lui confèrent des pouvoirs particuliers : l’indivisibilité, la force, la possibilité d’ouvrir des portails vers d’autres dimensions, production de flammes mystiques, capacité de voir la véritable identité des métamorphes comme Mystique. Hood devient vite un caïd puissant, un personnage qui passe souvent des contrats avec le Diable lui-même, qui peut se transformer en la créature Nisanti sous l’emprise du stress. Hood est un personnage relativement puissant qui peut tenir tête à un héros comme Wolverine.
Pourquoi voudrait-on voir Hood au cinéma ? Parce qu’en plus d’être un personnage super classe, qui combat avec deux pistolets qu’il rend magique grâce à ses pouvoirs, Hood est ambigu. Véritable meurtrier il est capable du pire si cela garantie sa sécurité, il est motivé par l’appât du gain et ne sert que ses propres intérêts. C’est un personnage manipulateur qui pourrait offrir des dialogues savoureux au cinéma. Charismatique,Hood garde une certaine forme de morale et de loyauté, ce qui le fait tomber en de rares occasions du bon côté de la barrière et lui assure l’empathie du lecteur. C’est un personnage qui aurait aisément eu sa place dans un film comme Suicide Squad. Au-delà du personnage en lui-même ,un film sur Hood pourrait être une entrée dans une dimension mystique et démoniaque, faire le lien avec le monde de Lucifer, un concept qui fonctionne très bien dans les comics, et relativement bien sur grand écran avec par exemple Constantine du rival DC.
Moon Knight
Créé par Doug Moench et Don Perlin, Moon Knight est apparu pour la première fois dans Werewolf by Night #32 (août 1975), publié en France dans Dracula n°25 (1979). De son véritable nom Marc Spector il devient membre de l’armée et également mercenaire à la botte du plus offrant. Il trouve la mort lors d’une de ses missions mais revient à la vie grâce à la divinité Khonshu, l’un des dieux de la lune, l’exécuteur de vengeance. Il s’institue par la suite la mission de défendre son prochain, protégé par l’esprit de la lune. Moon Knight est très fortement inspiré de Batman, notamment dans l’apparence, dans le design du costume. Mark Spector est également très riche, il ne possède pas de pouvoir mais connaît des techniques de combats hors du commun. Avec l’aide de son équipement hors de prix, il évolue de préférence de nuit et se débarrasse de la vermine. En civil il joue les philanthropes milliardaires comme son homologue Bruce Wayne de DC.
Pourquoi voudrait-on voir ce personnage sur grand écran? Et bien parce que contrairement à Batman l’équilibre psychologique de Moon Knight est très instable. Schizophrène sur les bords, Mark Spector se cherche une conduite, un but dans son existence, c’est un personnage qui doute de lui-même, de ses principes et de ses actions. Il ne connaît que solitude et tristesse, les autres héros ne lui font pas spécialement confiance. C’est un personnage empathique, qui pourrait donner naissance à un long métrage quelque part entre Batman et Daredevil.
Nova :
Créé par le scénariste Marc Wolfman et le dessinateur John Buscema, le personnage de fiction apparaît pour la première fois en 1976 dans le comic book Nova #1. L’étudiant Richard Rider fut choisi par l’alien Rhomann Dey, dernier survivant de la planète Xandar et Centurion Nova, pour hériter de son pouvoir et lutter contre le pirate spatial Zorr qu’il avait traqué jusque sur Terre. Gravement blessé, Dey sélectionna Rider au hasard. Il s’agit donc effectivement d’une histoire sensiblement identique à celle de Green Lantern chez DC. Mais là où le héros était prédestiné à obtenir l’anneau dans Grenn Lantern, soulevant l’idée de prophétie, de messie et de destinée, Richard Rider devient Nova par un simple hasard.
Nova est capable de pratiquement tout faire : il respire dans l’espace, vole à grande vitesse, détient une force colossale, projette des faisceaux de force explosive. Quand Nova possède à lui-seul la force Nova, sa puissance est décuplée. Grâce à la connaissance illimitée du Worldmind, il peut ouvrir des portes de saut hyper-espace utilisant la gravité. Grâce à cette aptitude, il peut voyager plus vite que la lumière et relâcher des décharges électromagnétiques dévastatrices. Le Worldmind fonctionne comme un ordinateur conscient et peut prendre le contrôle de Nova quand celui-ci dort. Il lui offre de multiples talents de scanners, détection, navigation, communication, analyse et documentation, dans la limite (énorme) de la database Xandarienne.
The Punisher
Créé par John Romita Sr, le personnage apparaît pour la première fois en 1978 en France. Le Punisher, de son vrai nom Franck Castle, est un ancien policier qui assiste impuissant au meurtre de sa femme et de ses deux enfants. Il décide de devenir un anti-héros et, affublé d’un tee-shirt noir arborant une tête de mort blanche, prend les armes pour tuer la vermine qu’il traque sans autre forme de procès. Tueur de tueurs, le Punisher devient un des héros les plus violents de l’univers Marvel.
Alors certes le personnage est déjà apparu dans la saison 2 de Daredevil et a subi trois adaptations cinématographiques. Celle portée par Thomas Jane et John Travolta reste d’ailleurs relativement divertissante et le traitement du personnage dans la série Daredevil demeure intéressant, mettant en avant une certaine ambiguïté quant à son équilibre intellectuel. Pour autant les fans invétérés du personnage sont en droit d’attendre mieux pour un protagoniste aussi majeur. Le Punisher peut donner naissance à un film très sombre, plus légitimement dark que n’importe quel autre super héros, il peut être à l’origine d’un long métrage ultra violent, véritablement sanglant et dérangeant. Un film sur le Punisher, psychologiquement imprévisible, pourrait aisément s’inscrire dans le genre du thriller, lui donner une dimension réaliste dans une ambiance crasseuse. Ou au contraire partir dans un trip d’action visuel à l’effigie de Tarantino. En plus de l’aspect visuel qui pourrait être absolument somptueux dans les mains de l’artiste adéquate, le traitement du personnage pourrait, comme dans la série Daredevil, créer une ambiguïté issue de l’empathie suscitée par le personnage couplée à sa violence extrême et son absence totale de morale. Trouver le juste milieu pour légitimiter les actes du personnage, qui serait à même de diviser un public qui choisirait son camp pour décider si Franck Castle est dans son droit ou si au contraire il bafoue des principes moraux et sociétaux importants, comme tous les personnages des comics se le demandent encore. Franck Castle divise le monde Marvel, vivement qu’il divise les spectateurs. Fincher ou Tarantino si vous nous lisez, il y a un personnage qui vous attend sagement.
Ghost Rider
Créé par Roy Thomas, Gary Friedrich et Mike Ploog, le personnage apparaît pour la première fois sous sa forme actuelle dans Marvel Spotlight #5 en 1972. Johnny Blaze était un conducteur de moto cross avant de devenir le Rider. Il pactise avec le Diable pour sauver la vie de son père atteint d’un cancer en phase terminale. Lucifer accepte en échange de l’âme de Johnny Blaze. Le motard se retrouve à la botte du démon, contraint de vivre avec cette malédiction qu’il n’arrive pas toujours à contrôler. Il purifie la terre des péchés engendrés par les hommes. Ghost Rider possède un regard d’expiation. Ce regard traumatise l’âme des humains, car il leur fait ressentir toutes les conséquences de leurs mauvaises actions, inspirant la frayeur aux plus durs des malfrats d’un seul regard. Il maîtrise également le feu infernal.
Ghost Rider a été au centre de deux adaptations cinématographiques médiocres portées par Nicolas Cage, le héros va également faire une apparition dans la nouvelle saison d’Agent of Shield. Mais comme pour le Punisher, Ghost Rider est un anti-héros charismatique qui mérite mieux. Ghost Rider serait l’occasion d’obtenir un film sombre à l’image des tourments du héros, où apparaîtrait alors la complexité de son existence, la difficulté pour évoluer avec un démon intenable en soi. Le Ghost Rider est un personnage très puissant, à même de botter les fesses d’un héros comme Wolverine, le voir en action à l’écran devrait être une véritable beauté visuelle. Les premiers Ghost Rider ne faisaient qu’effleurer le potentiel esthétique que peut dévoiler ce personnage. Un véritable film sur cet anti-héros serait également l’occasion d’entrer dans les arts mystiques, de dévoiler un monde empirique autour du diable et ses adeptes.
Venom :
Il est apparu pour la première fois en mai 1984 dans le no 252 de The Amazing Spider-Man sous l’identité d’Eddie Brock. Le symbiote alien apparaît ensuite dans Secret Wars #8 en décembre 1984. Il n’est plus vraiment utile de présenter Venom, un personnage très populaire qui est devenu un des plus grands ennemis de Spider Man. Venom est un symbiote extraterrestre qui a besoin d’un hôte pour survivre. Il booste les capacités de son hôte et possède les mêmes particularités que Spider Man, étant son premier hôte humain, ce qui fait de lui le parfait Némésis du héros.
Venom est apparu dans Spider Man 3 de Sam Raimi, le plus mauvais opus de la saga du cinéaste. Pour autant on aimerait bien revoir le symbiote sur grand écran pour appréhender pleinement ce personnage ultra violent, très puissant et sans pitié, obnubilé par la mort du tisseur. Pour autant Venom peut également avoir un bon fond envers les humains, concentrant sa haine insatiable vers Peter Parker qu’il voit comme son rival. Les studios Sony avaient un projet de spin-off sur Venom dans les cartons. Mais depuis que Marvel Studio a racheté les droits cinématographiques de Spider Man, Sony n’a plus la force décisionnaire suffisante pour lancer un tel film seul. On espère juste que Kevin Feige et Sony trouveront un compromis pour réaliser ce film.
Flèche Noire :
Créé par Stan Lee & Jack Kirby dans Fantastic Four #45, en 1965. Né dans la cité secrète d’Attilan, Blackagar Boltagon est le fils de deux brillants généticiens Inhumains, Agon le chef du conseil, et Rynda. Alors que la plupart des jeunes Inhumains sont exposés aux Brumes Terragènes dans l’enfance, Blackagar y fut soumis in utero, y acquérant de puissants pouvoirs soniques. Flèche Noire peut absorber les électrons pour augmenter sa force, sa vitesse, son endurance et sa résistance physique, voler ou envoyer des rafales d’énergies. Quand il parle, il libère des électrons sous forme de rafale sonique assez puissante pour tuer, et détruire tout son entourage. Ainsi, il est condamné à rester muet.
Flèche Noire est un personnage puissant de l’univers Marvel notamment dans sa dimension galactique. Il a affronté des personnages comme Ronan L’accusateur ou même Thanos lui même. Flèche noire à des pouvoirs intéressants, véritable malédiction pour lui même, il doit passer outre son égoïsme et user de ce don de manière honorable, ce qui fait de lui un véritable héros noble. Ce serait l’occasion également de voir à l’écran Les Inhumains, une potentielle nouvelle équipe qui pourrait croiser la route des Gardiens de la Galaxie, mais également une introduction au Illuminati : une équipe de penseurs composée de Charles Xavier, Mr Fantastic, Iron Man, Dr Strange et Namor. Kevin Feige avait prévu un film sur Les Inhumains mais le projet a été placé en attente pour laisser la place à Black Panther, Miss Marvel et Avengers 3.
L’Homme Chose :
L’Homme-chose (Man-Thing en anglais) est un monstre végétal apparu pour la première fois dans Savage Tales#1, en mai 1971, créé par Stan Lee, Roy Thomas (concept), Gerry Conway(scénario) et Gray Morrow (dessin). Souvent surnommé la « Créature des marais », pour sa ressemblance avec Swamp Thing, personnage de DC Comics, l’Homme-chose vit dans les Everglades, et n’est pas vraiment un super-héros. L’Homme-chose est à l’origine un biochimiste, le docteur Theodore Sallis, qui travailla avec le docteur Curt Connors (le Lézard) sur la régénération cellulaire, au début de sa carrière. Ce dernier fit partie du projet Gladiator, visant à recréer le sérum de super-soldat. Le laboratoire se situait dans les Everglades. Il s’injecta le seul échantillon valable de la formule. Après une course poursuite, sa voiture est sortie de la route, et il se noya dans un coin reculé des marais, canalisateurs d’énergie magique. Il se transforma en une créature végétale inhumaine, dotée d’une conscience limitée. Le marais de l’Homme-chose est en fait le nexus de toutes les réalités. À chaque fois, on a présenté le monstre comme le gardien du Nexus.
L’Homme Chose a déjà été adapté au cinéma en 2005 sous la direction de Brett Leonard, mais le long métrage n’était qu’une triste série B horrifique. Le Monstre des Marais était réduit à une simple créature cherchant à punir de viles humains pollueurs. La simplicité du scénario et la naïveté du propos faisait de Man-Thing un divertissement passable tout au plus. Pour autant ce personnage à un véritable potentiel de réflexion philosophique. Il s’agit d’un homme qui perd son humanité, sa conscience, ses sentiments, pour devenir le gardien d’un marais, portail dimensionnel de première importance. La lecture écologique existe elle-aussi dans les comics, mais elle est traitée de manière plus subtile que dans le film de 2005. C’est un personnage reclus du monde, un observateur qui perçoit les émotions, la peur, l’amour et qui agit en conséquence. Il a également le pouvoir de se téléporter, il ne craint pas les balles et a une force colossale. L’homme Chose serait une belle étude de la perte d’humanité et de la dimension mémorielle de l’être humain, le personnage s’accroche à des brides de son passé et possède un capital sympathique important auprès des lecteurs de comics grâce au ressort émotionnel qu’il véhicule régulièrement. L’Homme Chose est un personnage touchant et mérite un film, un vrai !
Bonus DC :
Parce qu’il n’y a pas que Marvel dans la vie, retour sur un personnage DC Comics. Rorschach est un personnage de fiction de la série Watchmen. Créé par Alan Moore et Dave Gibbons, il apparaît pour la première fois dans le comic book Watchmen #1 en 1986. Walter Joseph Kovacs est un personnage traumatisé par son passé d’enfant maltraité. Particulièrement agressif et fort peu aimé de sa mère, Sylvia Kovacs, il est transféré dans une école spéciale, le Foyer Lillian Charlton, où il est un élève modèle mais perturbé. Walter récupère une robe renvoyée par une cliente à qui elle ne plaisait pas, faite d’un tissu composé d’un fluide entre deux parois de latex, dont les motifs continuellement changeants ressemblent à ceux du test de Rorschach. Des années plus tard, le meurtre atroce de Kitty Genovese (la femme qui avait refusé la robe) le pousse à s’en faire un masque, pris de honte pour l’humanité et son visage. Ce masque devient son nouveau visage, un reflet qu’il peut supporter dans la glace. Sa rage se tourne contre le mal et la corruption.
Certes Rorschach est déjà apparu au cinéma dans le film Watchmen : Les Gardiens de Zack Snyder, mais l’utilisation qu’en fait le cinéaste est tellement sensationnelle, sombre, viscérale, sans compromis, qu’un film entier sur ce protagoniste serait un véritable fantasme pour bon nombres de fans. Son aspect psychologique torturé, sa morale ambiguë, son abnégation pour la justice et sa violence crue et directe créent un véritable intérêt pour ce personnage charismatique et énigmatique. Il semblerait même que certains de ses troubles mentaux s’apparenteraient à du dédoublement de personnalité, expliquant pourquoi il considère que Walter et Rorschach ne sont que deux personnalités qui partagent le même corps.