Nick Cave & the Bad Seeds sort Skeleton Tree, un album hommage

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A bientôt 60 ans, Nick Cave, toujours accompagné de ses fidèles musiciens, les Bad Seeds, en est à son 16 ème album, « The Skeleton Tree ». Le contexte? Triste : son fils de 15 ans, un de ses deux jumeaux, est mort en tombant d’une falaise en été 2015. Pour le crooner australien, mi-poète maudit, mi baroudeur des grands espaces, un double travail s’impose alors à lui : celui du deuil, et celui de produire des chansons.

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Paroles flamboyantes, « ambiant acoustique

C’est ainsi que sort « The Skeleton Tree », annoncé également par un film documentaire réalisé par Andrew Dominik, dont on peut penser que les chansons ont toutes été réécrites suite au tragique accident. Il n’en est rien, et c’est de là qu’est tirée la force de l’album : Nick Cave, meurtri, va simplement réinterpréter ces chansons, avec sa verve et son romantisme noir habituels, habillés cette fois d’une théâtralité funèbre dans la voix. A l’écoute, on est plongé dans un marasme musical bienfaisant. Les harmonies dissonantes au son très organique (point de digital dans cet album), et le rythme minimaliste, ponctué par des cordes solennelles, le tout dans un brouhaha acoustique, délicat et ambiant, donne un sentiment étrangement attirant.

La beauté contre tous les maux

La beauté lorsque Nick s’écrit « With my voice, I am calling you » ne peut qu’émerger alors, lorsqu’on veut se tirer des filets de cette épreuve. Combattre le nihilisme, un concept qui a la double et paradoxale particularité de relativiser l’insoutenable tout autant que de pousser vers la perte de ses propres pulsions de vie : quelle chanson peut le mieux illustrer ce combat incessant, entre acceptation du drame et révolte contre celle-ci, que « I Need You ». Le leitmotiv de cette chanson, blessée, arrangée avec des motifs répétitifs, qui lancine et berce, c’est « Nothing really matters », plus rien n’a d’importance. C’est au contraire la nécessité impérieuse de chanter qui s’impose, et qui rappelle à jamais que le destin de Nick Cave, pour accompagner sa vie et ses tourments, ce sont ses chansons, qui survivront à la finitude des hommes, si brutale soit-elle.